Apiculture
Année maigre pour les apiculteurs
Activité ô combien tributaire des conditions météorologiques, l’apiculture a vécu une saison compliquée et la récolte 2021 de miel est maigre. Petit tour d’horizon avec Sylvie Gafner, Pierre Pellaton, Philippe Roth et Marco Ventrici, apicultrice et apiculteurs au Val-de-Travers.
Le millésime 2021 des apiculteurs et apicultrices du Val-de-Travers sera rare tant les variations météorologiques, la grêle, les températures basses, un printemps et un début d’été plus que maussades n’ont pas été propices à la production de miel.
C’est une très, très petite récolte,
avoue Sylvie Gafner. Sur ses quinze colonies réparties sur trois emplacements différents, l’apicultrice de Fleurier a pu prélever 6 kilos de miel alors qu’une colonie peut produire jusqu’à 20 kilos par année.
Ses confrères, Pierre Pellaton aux Sagnettes et Philippe Roth au Mont-de-Travers, font le même constat.
Jusqu’à Pâques, les conditions étaient bonnes, ensuite cela est parti un peu en déconfiture,
explique ce dernier, dont la récolte est 20% moindre à celle attendue.
C’est une année particulièrement rude,
commente Pierre Pellaton, en soulignant les subites variations de température et de météo qui ont jalonné le printemps et le début de l’été.
Le président de la section du Val-de-Travers de la Fédération cantonale Neuchâteloise d’apiculture (FCNA), Marco Ventrici, ajoute que 2021 a été compliqué à tous les niveaux, aussi bien en termes de production de miel que de développement des ruches. Les variations incessantes de température perturbant les pontes. Une situation qui est identique à l’ensemble de la Suisse relève Philippe Roth, également ancien président cantonal de la FCNA.
Jamais vu en 20 ans
Alors que 2020 avait été « une année à marquer d’une pierre blanche », selon Marco Ventrici, 2021 restera aussi dans les mémoires mais à titre négatif.
En vingt ans, c’est la première fois que j’ai dû nourrir mes abeilles en été,
relate Philippe Roth qui a retiré les hausses à miel le 10 juillet déjà. Nourrir les ruches, opération qu’ont aussi effectuée Sylvie Gafner, Pierre Pellaton et Marco Ventrici comme la plupart des apiculteurs.
Déjà à la sortie de l’hiver, j’avais dû le faire pour les « booster » un peu », se souvient l’apicultrice de Fleurier en ajoutant qu’un ami à vécu sa deuxième plus mauvaise année en 45 ans d’apiculture.
L’ancien président de la FCNA, Philippe Roth explique que généralement en apiculture une année comme celle-ci arrive tous les dix ans, or 2019 avait déjà été une « petite année ». Marco Ventrici dénote aussi une production moins stable qu’auparavant.
L’évolution est en dents de scie,
image l’actuel président de la section Val-de-Travers, lui qui a récolté environ 5 kilos par ruche cette année, contre 70 kilos en 2020.
Une année à l’inverse de la précédente,
conclut Pierre Pellaton en souhaitant tourner la page 2021.
Animés de passion
Pour autant, il semble que les apiculteurs et apicultrices du Val-de-Travers n’aient pas perdu de colonies malgré ces conditions très difficiles.
Cela aurait pu être pire,
note Philippe Roth, en mettant en avant le bon niveau sanitaire des colonies. Sylvie Gafner souligne aussi l’importance de la santé de ses abeilles. Aux Sagnettes, Pierre Pellaton relativise et trouve du positif dans le négatif, à défaut de miel, il a constaté beaucoup de nouveaux essaims et donc de futures ruches.
Nos quatre apiculteurs et apicultrices s’attèlent désormais à préparer leurs colonies pour l’hivernage en espérant une année 2022 plus stable au niveau de la météo et sont, évidemment, toujours animés par la passion de l’apiculture.
Même sans miel, j’aime mes abeilles,
avoue Pierre Pellaton en ajoutant qu’il ne faut pas en vouloir aux butineuses et que l’on récolte ce que la nature veut bien offrir.
Derrière un pot de miel, une grande attention et un gros boulot,
tient à rappeler Marco Ventrici.
Le miel, cela se déguste à la petite cuillère !
précise Sylvie Gafner. Et c’est peut-être lorsqu’il se fait rare que le miel est à apprécier à sa juste valeur.
Gabriel Risold