Vous prendrez bien quelques secondes de bonheur?
La journée est parfois longue pour certains qui transitent par Les Verrières. Vallonniers et frontaliers prennent la route pour aller travailler. Le froid, la fatigue, la pluie ou des routes dangereuses peuvent peser sur le moral. Heureusement, il existe, quoi qu’il arrive, un moment de répit dans cette journée. Un endroit où la morosité n’a pas sa place et où la gaieté est de rigueur. Chaque jour, ceux qui passent dans le village ont droit à leurs quelques secondes de bonheur en passant devant la maison du couple Jocelyne et Charles-Albert Orsat.
Vous doutez de cet « effet magique », procurant un bonheur instantané, comme le café du matin ? Pour vous en convaincre, il suffit de vous poster devant la maison des Orsat, à l’entrée du village lorsque vous venez depuis le Val-de-Travers. Les gens klaxonnent et lèvent le pouce en direction des propriétaires. Il leur arrive même de déposer des mots de remerciements dans la boîte aux lettres. « Un jour, une infirmière s’est arrêtée. Elle travaillait de nuit et elle m’a dit que cela lui faisait un bien fou de passer devant chez nous. Cela lui donnait un coup de boost avant le travail. »
« J’aime voir les gens heureux »
Mais alors, qu’est-ce qui peut bien donner le sourire et de l’énergie aux gens ? Ce sont les décorations incroyables du couple qui garnissent les murs extérieurs et le jardin de leur maison qui borde la route principale du village. « Parfois, c’est avec des petites choses comme celles-là que l’on arrive à toucher les gens. Moi, j’aime voir les gens heureux et j’apprécie mettre de la gaieté dans leur quotidien », souffle Jocelyne. Il n’y a rien de pire qui énerve cette retraitée confirmée que celles et ceux qui ont le nez sur leur smartphone dans la rue. « On ne prend plus le temps de s’émerveiller d’un rien, c’est dommage. » Heureusement, le couple ne prend pas de vacances et ses décorations fleurissent au gré des saisons pour un plaisir renouvelé.
Une gestion des stocks stricte
Pâques, Fête des mères, Halloween et bien sûr Noël. « C’est la saison qui m’inspire le plus », dit cette ancienne Brévinière. Comme vous pouvez le voir sur les photos, le couple ne fait pas dans la dentelle en termes de quantité (et de qualité). Il met le paquet. Cela nécessite une organisation bien huilée pour le stockage et la gestion des décorations : « J’utilise des boîtes qui sont rangées par saison et en fonction de leur emplacement (terrasse,…). J’essaie toujours de changer de décoration d’une année à l’autre et j’avoue que j’aime faire grandir régulièrement notre stock. »
Et la facture d’électricité ?
Le couple habite dans cette maison depuis 45 ans. C’est véritablement depuis qu’elle a pris sa retraite, que cette ancienne employée dans le textile s’est lancée à fond dans les décorations. Et pour atteindre un tel « niveau », c’est un petit budget : « Vous parliez de vacances tout à l’heure. Ben c’est notre budget vacances qui y passe chaque année. Mais cela nous convient bien. Depuis que mon mari est en chaise roulante, c’est plus difficile en termes de mobilité. » Et pour les factures d’électricité, toutes les illuminations de Noël ne donnent-elles pas un coup de hotte sur la tête en janvier ? « Non, nous avons des panneaux solaires et les illuminations fonctionnent avec des minuteurs. Elles restent allumées de 16 h 30 à minuit. »
Un hommage à sa maman
Désormais, Jocelyne installe les décorations toute seule. Il n’est pas rare de la voir perchée sur son échelle lorsque vous passez devant chez elle. « Parfois, je me fais un peu gronder par mes enfants ou mon mari mais je continue quand même. Je le fais quand il n’y a personne à la maison », s’amuse-t-elle. La commune des Verrières lui donne de temps en temps un petit coup de main bienvenu lors des changements de saisons, et donc aussi les changements de décorations. En fin de compte, qui se cache derrière tout ce « faste et toute cette lumière » ? « Vous allez rire mais je déteste prendre la lumière. Je préfère me cacher un peu derrière mes décorations. Cette fibre, je la tiens de ma maman qui adorait décorer. Ce que je fais aujourd’hui est peut-être une forme d’hommage pour elle. » Et en bord de route, c’est tout le monde qui profite chaque jour de quelques secondes de bonheur ininterrompu…
Kevin Vaucher