Voulez-vous de l’intelligence artificielle ?
Au retour des vacances, j’ai une furieuse envie de vous poser la question suivante : qu’est-ce que le progrès ? Et plus particulièrement ceci : a-t-on raison de vouloir toujours confier de plus en plus souvent notre avenir à des robots, comprenez par là à l’intelligence artificielle (IA) ?
Déjà, en ce qui me concerne, les mots « intelligence » et « artificielle » ne vont pas de pair : c’est donc mal barré pour me convaincre ! Surtout après la petite mésaventure que voici : devant joindre un de nos opérateurs en téléphonie mobile, je fus confronté à l’IA… qu’il paraît merveilleux le temps des messages avec petite musique, style « Si vous avez une question en relation avec votre facture, pressez le 1 », lorsque l’IA vous questionne… je n’ai jamais eu autant l’impression de perdre mon temps de toute ma vie, et elle est déjà d’une certaine longueur… Excédé, j’ai dit à haute et intelligible voix : « Je désire parler à quelqu’un de disponible et de compétent ! ». Il me fut répondu, cela ne s’invente pas : « Nous n’avons pas compris votre question. »
À la poubelle, l’IA ! C’est là sa seule vraie place, si les mots « disponible » et « compétent » lui sont inconnus ! Alors oui, clairement : c’était mieux avant ! Rendez-moi le bon vieux temps !
Aimeriez-vous confier vos cheveux à un humanoïde style « Edward aux mains d’argent » ? Si oui, attendez-vous à une coupe digne d’être brevetée… et bien heureux si vous ressortez avec vos deux oreilles intactes ! Déshumaniser le travail va avoir des conséquences fâcheuses, et pas seulement sur l’emploi…
Dans la plupart de nos villages, nous avons encore la chance d’avoir des commerces : épicerie, café-restaurant, salon de coiffure pour ne citer qu’eux. Les avantages qu’ils procurent sont multiples : on vous y connaît, on vous livre la marchandise à domicile si nécessaire, vous avez sous la main de quoi vivre et survivre ; et, face à vous, quelqu’un vous parle… pas quelque chose : quelqu’un…
Alors, si vous hésitez à franchir le seuil de votre magasin de proximité, allez d’abord faire un tour dans les nombreux endroits où il n’y a plus rien, là où tout semble irrémédiablement éteint, et posez-vous la question suivante : est-ce que je souhaite ce manque d’avenir pour mon village ?
La vendeuse s’est trompée ? Cela peut arriver, retentez votre chance : avec l’IA, ce sera différent… de cette même différence qu’il y a en français entre « se tromper » (commettre une erreur par inadvertance) et le mot « tromperie » (volonté de nuire, souvent dans le but de s’enrichir au détriment d’autrui).
Quel futur souhaitons-nous ? Je ne peux pas répondre à votre place… mais vous voilà prévenus !
Sylvain Moser, Les Verrières