Théâtre Les Mascarons – Môtiers
Courez découvrir ce fabuleux Edmond !
Infiniment joyeuse, voire comique, jalonnée de moments à la fois tragiques et poétiques, la pièce de théâtre présentée par la troupe des Mascarons à Môtiers doit absolument faire salle comble à chacune de ses prochaines représentations. Tant la performance est fabuleuse… À tous points de vue, le mot n’est pas trop fort ! Des comédiens amateurs qui n’ont rien à envier au monde des professionnels, une remarquable mise en scène s’appuyant sur de très beaux décors savamment pensés et judicieusement utilisés, des costumes magnifiques, un jeu harmonieux de sons et lumières et de très belles musiques. Et encore et surtout, une fantastique « jouerie » sur un rythme effréné, une rigueur et une précision de haut vol, le tout imbibé d’une belle dynamique entraînant le spectateur dans la vie d’Edmond Rostand et la construction de son fameux Cyrano de Bergerac.
Créée au théâtre du Palais-Royal de Paris, en 2016, la pièce d’Alexis Michalik a été récompensée lors des Molières 2017 puis a fait l’objet d’adaptations en bande dessinée puis au cinéma. Pièce comique, elle retrace les tribulations du dramaturge Edmond Rostand afin de terminer sa pièce Cyrano de Bergerac, à laquelle on ne promet que peu d’avenir, car écrite en vers, laquelle, en alexandrins, connaîtra le succès que l’on sait puisqu’elle n’aura eu de cesse d’être jouée depuis 1897 jusqu’à aujourd’hui. Par les plus célèbres… C’est l’abnégation, la capacité d’évoluer au gré de son époque qui sont mis en lumière !
Jérôme Jeannin, assisté d’Elvira Christian et de François Visinand, réussit une nouvelle performance de haute qualité qui demeurera dans les annales de ces 50 années de la troupe des Mascarons. Fantastique mise en scène pour la quinzaine de comédiens que compte cette pièce qui oscille entre comédie et tragédie ! Des comédiens connus – et reconnus pour certains – qui n’ont d’amateurs que le nom tant ils brûlent, tous, les planches. Pour n’en citer que quelques-uns, sans faire offense à d’autres… Yves Barrelet, dans le rôle d’Edmond, relève ce challenge de haut vol avec une exceptionnelle maîtrise ! Pierre-André Jequier n’est pas en reste, au contraire, extraordinaire dans ce rôle de Coquelin qu’il traite avec justesse, René Vuillemin, parfait dans ses divers rôles… Et les femmes, direz-vous ! La belle et douce aisance d’Aude Berthoud, le jeu de subtils regards de Natalia Kottisch, le mélange de verve et de poésie d’Anne-Vanessa Contesse… Sans omettre de citer Lucien, dans sa blouse d’époque, sobrement et très justement interprété par Blaise Berthoud, ainsi que Raymond Berthoud lequel se complaît à merveille dans ses divers rôles. Mais, ne pas évoquer Mathieu Miserez, Olivier Klauser, Maxime Jequier, Rochdi Cherradi, Camille Berthoud en alternance avec Pauline Pittet ainsi que Marie Contesse serait une grave lacune tant ils contribuent, grâce à des jeux très complémentaires, à la dynamique de la troupe tout entière, rendant à cette pièce un caractère unique. Tous méritent une palme particulière pour leur capacité à mémoriser des partitions de textes d’une exceptionnelle densité pour certains, et celle de les rendre aussi brillamment, dans des dialogues denses, vifs et serrés.
Rien n’aurait été possible sans les merveilleux décors « maison » de Matthias Babey, Jean-Pierre Carrel, Natalia Kottisch, Anouk Landry et Georges Reinhard, les très jolis costumes de Léa Parmigiani et Criss Schmid, les lumières de Matthias Babey et encore les brillantes pattes musicales d’Ariane Franceschi et d’Anne-Vanessa Contesse.
Sans compter que l’horaire est agréable dès lors qu’il permet de boire le verre de l’amitié et de déguster une planchette en conversant avec les comédiens. Pour les féliciter, toutes et tous ! Bref, à voir absolument ! (voir annonce en page 5).
Claude-Alain Kleiner