On nous écrit
Une forme d’art si touchante
Société de consommation : cela vous dit-il quelque chose ? J’imagine que oui… hélas…
Dans le village de Buttes où j’ai passé bien des années, il y a, comme partout, un cimetière. Je ne m’y rends pas souvent, mais cela fait partie d’un certain pèlerinage : que de monde au cimetière… et, malgré cette promiscuité, on ose encore s’y promener sans masque…
Il y a sans doute d’autres endroits où prendre un bon bol d’oxygène, me direz-vous, surtout avec la forêt toute proche. Oui. Mais voilà : on y fait de la place… pour les suivants… dont je ferai, tôt ou tard, partie…
Alors, un dernier au revoir visuel à nos ancêtres avant que leur nom ne soit radié, est-ce trop demander ? C’est faire une réflexion digne de la généalogie (l’âgéenéalogie, pourrait-on écrire), surtout pour les moins de 70 ans. Et l’on se souvient… ou l’on devine… ou l’on nous renseigne, c’est selon.
Alors que l’on protège l’art sous toutes ses formes, y compris les plus modernes et les plus laides, là, rien n’est fait : tout monument non réclamé par la famille du défunt sera impitoyablement détruit… société de consommation…
Prenez le temps d’un passage, allez admirer en respect, en silence, les œuvres des artistes du burin. Songez aux heures, aux jours de patience et de précision, de travail, de labeur afin de créer, au creux de la dure pierre, l’émotion la plus pure.
Et si vous êtes celles et ceux qui avez l’âme sensible, sauvez vos chefs-d’œuvre familiaux du concassage en leur donnant, si j’ose dire, une seconde vie… pour votre propre sépulture…
À quand un musée des pierres tombales ? Pour sauver cette forme d’art si touchante dont on tient si peu compte…
Je termine par un coup de gueule : en cette période de pandémie, on plaint, à juste titre, les jeunes… Et les personnes âgées, que leur reste-t-il, au crépuscule de leur vie ? Le simple droit de payer des impôts en demeurant cloîtrées chez elles ?
Sylvain Moser, Les Verrières