On n’arrête pas le progrès, pas même la pénurie…
La pénurie de personnel qualifié dans l’hôtellerie et la restauration a atteint une ampleur sans précédent, selon Hotel et Gastro Formation Suisse. Devant ce fait, la structure refuse qu’il devienne accompli et irrémédiable. C’est pour lutter contre ce phénomène que des formations de base comme le programme « Progresso » existent. Il offre l’avantage d’amener des personnes non qualifiées vers une première certification en service ou en intendance. 19 apprenants et apprenantes, dont 12 Vallonnières, ont reçu leurs diplômes le 22 mars à l’Hôtel de l’Aigle. Le Courrier est allé prendre le café avec eux.
Un pas hésitant, un plateau qui balance dangereusement et qui menace de tomber au sol : ce serait donc ça le résultat de la formation « Progresso » ? Pas du tout ! Cette scène de fin de repas de cérémonie de remise des diplômes est simplement un défi lancé à Guy, seul homme de la volée 2024. Et Guy n’a pas suivi les cours en lien avec le service mais ceux de l’intendance. Voilà qui nous rassure.
Employés régionaux formés
« En cinq semaines, Progresso fournit les bases équivalentes à la première année du CFC à peu près. Le but est d’avoir une vue globale sur les gestes corrects à adopter ainsi que sur les réalités de ces métiers », détaille Laure Von Wyss. La présidente de la section Neuchâtel-Jura d’HôtellerieSuisse (notamment) souligne que cette formation continue est donnée dans toute la Suisse. C’est la deuxième fois, après 2015, qu’elle fait halte à l’Hôtel de l’Aigle. Plusieurs de ses employés ont achevé avec succès leur certification cette année. L’Auberge des Fées et l’Auberge de Noiraigue ont également vu certains de leurs employés être récompensés.
Gagner en confiance
Au total, ce sont douze Vallonnières qui ont été diplômées. « Cela fait 18 mois que je travaille à l’Aigle et cette formation m’a permis d’être plus sûre de moi dans ce que je fais. Savoir de quel côté servir, toujours rester souriante et connaître une trentaine de vins sont quelques-uns des acquis que j’utilise tous les jours dans mon travail par exemple », explique Manuella. Quel est le plus difficile à intégrer ? « Il y a beaucoup de choses à apprendre en peu de temps mine de rien. Il faut avoir une bonne capacité à apprendre. Mais il n’y a pas d’âge pour apprendre à bien faire les choses, la preuve avec nous », rigolent Irène et Valérie.
80% de taux d’occupation en 2021
« La formation mêle aussi bien de la théorie que de la pratique. J’apprécie particulièrement tout le volet manuel de Progresso comme le décantage des vins », appuie Amélie de l’Auberge de Noiraigue. Pour ce qui est de l’hôtellerie, il est à relever que les nuitées n’ont jamais été aussi bonnes que depuis la fin du Covid dans les régions périphériques.
« Nous avons gagné des points au niveau du taux d’occupation des chambres. Les gens ont envie de grand air, de nature et d’authenticité après la période un peu étouffante de la pandémie », rapporte Laure Von Wyss. En 2021, les 18 chambres de l’Hôtel de l’Aigle affichaient ainsi 8500 nuitées et un taux d’occupation de 80%.
Se ménager au ménage
Ce ratio est légèrement descendu en 2023 pour se stabiliser à 65%. Ce qui reste malgré tout largement supérieur à la moyenne des établissements de l’Arc jurassien qui tourne autour des 40%. à l’Aigle, la responsable de l’intendance se nomme Valérie Jutzeler. Elle a également participé au cours Progresso dans le but d’optimiser certaines façons de faire. « J’ai pu constater que nous faisions déjà beaucoup de choses justes mais qu’il était encore possible d’améliorer notre organisation pour ménager physiquement les employés et gagner en efficacité. Il y a aussi des astuces à mettre en place pour lutter contre le gaspillage des produits d’entretien notamment. J’ai deux pages A4 de nouvelles directives à mettre au propre », sourit-elle. Remettre au propre, voilà une excellente qualité pour quelqu’un qui travaille dans l’intendance…
Kevin Vaucher