La nuit blanche des dames en violet
Le violet est la couleur de l’association d’Un P’tit Plus, qui œuvre en faveur des enfants atteints de cancer. Chaque année depuis quatre ans, ses bénévoles se mettent en action pour l’opération « gaufres sur le Vallon ». Mais chaque année, le succès se renforce et les records ne cessent de croître. Cette année, ce sont 2750 gaufres qui ont été commandées et livrées. Mais avant de les livrer, il faut les préparer. Le Courrier a participé aux préparatifs qui ont notamment amené les « dames en violet » à faire nuit blanche entre le 24 et le 25 mars.
« Vous saurez tout, promis. Mais vous n’aurez aucune information sur ma recette. Tout est question de proportions », m’accueille en rigolant la gardienne de ce secret sucré, Ornella Galati. Parlons-en des proportions, justement. Car cette opération commence à en prendre de sacrées ! Trente-sept seaux de pâte ont été préparés durant la journée du mercredi. Chaque seau équivaut à 80 gaufres environ. Deux équipes se sont relayées en cuisine pour les remplir tous en l’espace d’une journée (matin et après-midi).
Plaques de beurre de 5 kilos
Comme de coutume, Ornella est la cheffe d’équipe. Elle est entourée de Carmela, d’Adriana et d’Yves lors de ce mercredi matin. Sur le plan de travail, on trouve des quantités de sucre, de farine, de lait, d’œufs (432, très exactement) et de citrons à n’en plus finir. Quelques heures plus tard, il n’en restera rien. Pas même un seul morceau des plaques de cinq kilos de beurre offertes par la fromagerie du Mont de Travers. « Tout le succès de l’opération repose sur les dons d’aliments que nous font les commerçants et les particuliers. C’est ça qui nous permet de dégager le plus gros bénéfice possible pour l’association », pose Yves.
La relève arrive à 5 heures
Cette fois, ce sont 2750 gaufres qui ont été livrées le samedi 25 mars au Val-de-Travers et dans ses environs. Pour arriver à sortir autant de pièces, la cuisson n’a pas commencé à 3 heures du matin, comme en 2022, mais à minuit sonnant. Vendredi soir, les dames préposées à la cuisson ont donc allumé les fours à gaufres lorsque les deux aiguilles étaient arrêtées sur le chiffre 12. Nous y étions également. Pour être exact, une première équipe de cinq était en place de minuit à 5 h puis un second groupe a assuré le deuxième service jusque vers midi. À partir de huit heures, les premières livraisons ont alors commencé avec des hommes (et toujours des femmes) en violet qui ont fait leur apparition.
10 fours pour 4 dames
Mais revenons en cuisine quelques heures plus tôt. C’est dans celle de l’église catholique de Fleurier que dix fours à gaufres avaient été préparés par Ornella. Six d’un côté et quatre de l’autre. « Il y a deux dames de chaque côté. Les plus expérimentées s’occupent de trois fours en même temps donc elles ne doivent pas se rater. » Une seule seconde d’inattention et ça sentira le brûlé. Heureusement, tout se fait sous bonne garde et dans un silence religieux (forcément, dans une église).
Musique et concentration
La concentration des cinq femmes (avec Ornella qui s’occupe de stocker les gaufres au fur et à mesure) est à peine entrecoupée de quelques mots. Bon, avec les miens, ça en fait un certain nombre et je sens que ça bouscule un peu les habitudes. Et si on mettait un peu de musique ? « C’est une bonne idée, j’ai pris une petite enceinte. »
Nous voilà désormais emportés par les paroles d’Eros Ramazzotti dans la bonne humeur. Ces dames seront bientôt encerclées d’une large fumée à l’odeur de gaufres. Ce n’est pas la brume des discothèques qui les a portées jusqu’au bout de la nuit mais c’est leur esprit de solidarité qui les a unies. Bon appétit !
Kevin Vaucher