Foire d’automne de Travers
Que cherchent les artisans ?
Aller à la Foire de Travers, c’est plonger dans un univers où chaque artisan cherche à « donner à voir » quelque chose de différent. Aller de stand en stand en prenant le temps de parler à chacun, c’est se donner le droit de comprendre comment et pourquoi ils ont posé leur étal respectif à cet endroit. Si les visiteurs viennent pour chercher la bonne affaire, les commerçants cherchent bien souvent, eux aussi, quelque chose. Mais quoi ?
Ils cherchent parfois simplement les gens car le vendredi est un jour où beaucoup de personnes travaillent. Le « petit tour à la foire » n’est donc pas dans leurs priorités absolues. Cette année, la présence de la fanfare La Persévérante a dynamisé l’affluence à l’heure de midi. Hélas, après avoir avalé leur bol de soupe aux pois, les gens de passage sont repartis, sans même traverser l’allée de stands pour certains. Peut-être que la cantine pourrait être déplacée à l’autre bout de la foire (à la fin) pour que les visiteurs de midi passent devant l’ensemble des artisans avant de pouvoir s’attabler. Dans un monde idéal, les stands ayant confirmé leur présence pourraient aussi être poussés à respecter davantage leur engagement.
L’homme qui « aurait dû mourir »
Car vendredi passé, près d’une dizaine des 23 stands annoncés n’ont finalement pas fait le déplacement. Sans doute que ceux-ci n’ont pas trouvé les raisons suffisantes dans ce qu’ils font pour braver le froid de cette journée de septembre. Heureusement, ceux qui étaient fidèles au poste ne manquaient pas de convictions. à l’image de Jean-Michel Lambelet et sa librairie biblique ambulante. Ce buraliste retraité de La Côte-aux-Fées se présente comme « un miraculé répandant l’évangile ». Il étaie sa présentation :
Je ne fais pas partie d’une secte. rassurez-vous. Je propose à ceux qui le souhaitent des livres sur le retour de Jésus.
Une conviction qui s’explique par son parcours personnel. L’homme « aurait dû mourir » il y a longtemps déjà.
Deux styles de « religions »
J’ai fait une attaque cérébrale lorsque je travaillais comme buraliste. Du jour au lendemain, je n’arrivais plus à compter. C’était un peu ballot pour mon métier,
raconte celui qui a retrouvé vie grâce à la course à pied et à la religion. D’un seul coup, sa présence ce jour-là dans le crachin traversin prend tout son sens. Sa satisfaction, il la trouve en proposant des livres qui font réfléchir. Et s’il s’aperçoit que quelqu’un n’a pas l’argent pour se payer une lecture, il lui offre volontiers. En face de sa petite installation temporaire, la locale, Dominique Henchoz est également dans une quête similaire. Elle, c’est un burn out qui l’a amenée à se tourner vers une autre religion, celle de la santé et du bien-être.
« Je n’expose pas pour l’argent »
Protéines, détox, boissons à l’aloe vera, tout ce qu’elle vend est bon pour le corps et l’esprit.
À 60 ans, je me suis retrouvée sans travail et épuisée. J’ai retrouvé de la vitalité grâce à ce type de produits et c’est pour cette raison que je fréquente les foires. Je crois vraiment en ce que je vends. Je suis notamment sur le marché de Fleurier tous les vendredis matin. Des proches me demandent souvent pourquoi je continue alors que ce n’est pas une activité très rentable. La réponse est simple. Je n’expose pas pour l’argent mais si j’ai pu faire comprendre ma démarche auprès de trois à quatre personnes, ça me suffit et j’ai fait ma journée.
La Foire de Couvet en ligne de mire
D’autres artisans se sont « perdus » pour la première fois à la Foire de Travers. C’est le cas de la Bernoise Florence Jeanneret. Bijoux, perles et articles en cuir figurent en devanture de son stand. Elle, c’est l’inédit qu’elle est venue chercher.
Je voulais découvrir cette foire car j’en ai entendu parler par des collègues. Je reviendrai au Val-de-Travers à la fin du mois d’octobre pour la foire de Couvet.
Rendez-vous est pris. On y retrouvera aussi une habituée des étals : Valérie Aeschbacher.
Les inséparables du Vieux-Pont
Elle propose toujours ses cartes de vœux uniques. Elle les crée en « calquant » des motifs de serviettes en papier sur une couverture plastifiée. Pour trouver des serviettes dignes d’intérêt, elle va solliciter des fabricants jusqu’en France et en Allemagne. C’est une autre forme de recherche encore ! Finalement, celles qu’on ne cherche plus car tous les habitués savent où les trouver, ce sont les inamovibles Joëlle Jeanneret et Myriam Torche. Pour les trouver, c’est à l’entrée de la rue à droite. Il y a souvent des attroupements autour de leurs « territoires ». Café, cake et anecdotes sur tous les sujets possibles et imaginables vous seront servis avec le sourire.
Nous, quand on est à la foire, on ne travaille pas vraiment. On profite ! Le bonheur, on l’a déjà trouvé,
dévoilent les deux « inséparables du bout du Vieux-Pont ».
Kevin Vaucher