À propos du 30 km à l’heure dans nos villages
Personne ne nie les vertus du 30 km/h dans les rues de nos villages à condition d’appliquer des principes de base qui ne doivent pas manquer de pragmatisme et de bon sens. Supprimer des « stop » là où la visibilité est insuffisante ou enlever des passages piétons utiles aux enfants et aux adultes, n’améliore pas la sécurité.
Dans ces lignes, je ne parlerai pas des coûts importants de transformations et d’installation des panneaux liés à une telle mesure. Je me contente de quelques réflexions sur son impact dans mon village, Saint-Sulpice, où la limitation s’étend de l’entrée du village au Quartier de la Joux. Habitant ce village depuis 1988, je n’ai, par ailleurs, jamais eu écho d’un quelconque accident sur cet axe principal.
Comme une quinzaine d’automobilistes, je me rends deux à trois fois par jour à Fleurier ou autres destinations depuis le Quartier de la Joux. Je parcours environ 1,8 km sur l’axe principal de la commune, limité à 30 km /h. J’accorde ainsi plusieurs dizaines de priorités de droite chaque jour !
En théorie, comparée à l’ancienne limitation à 50 km/h, la limitation à 30 km/h m’impose, sur une année, 35 heures supplémentaires pour 4 trajets par jour, et 52,5 heures de plus pour 6 trajets par jour (2 ou 3 allers-retours quotidiens) dans mon véhicule. Je ne peux guère remercier les autorités de me/nous condamner à passer un week-end entier par an au volant.
Sans régulateur de vitesse pouvant descendre à 30 km/h, mon épouse, comme plusieurs automobilistes, circule « en deuxième » pour éviter tout dépassement. En conséquence, le moteur tourne en surrégime, d’où plus de bruit et plus de pollution. Cela contredit les arguments du communiqué paru dans le Courrier du Val-de-Travers hebdo.
En hiver, comment monter la pente de la Joux sans prendre d’élan, alors qu’en bas on doit céder une priorité de droite ? Et si l’on poursuit sur la Ferrière, il faut à nouveau céder la priorité aux conducteurs venant du Quartier de la Joux. Dans des conditions hivernales, la seule option, lorsque l’on doit s’arrêter, se transforme vite en une manœuvre acrobatique : descendre à reculons, au risque de provoquer un tête-à-queue, même avec un 4×4.
La valeur d’une décision tient à la qualité de sa solution et s’accroît par son taux d’acceptation. La population de Saint-Sulpice et de nombreux usagers subissent ici au quotidien l’imposition de cette mesure. Une solution simple consisterait à adopter cette disposition depuis le mur de l’ancienne cure jusqu’à l’arrêt du bus après le pont. Elle aurait sans doute recueilli l’aval de tous. Toutes les priorités de droite parfois dangereuses seraient ainsi éliminées. La sécurité des enfants devant le collège et à la sortie du bus, lorsqu’ils franchissent le pont, serait également préservée.
À méditer, chères autorités, voire à corriger ! Le mieux envisagé dans ce cas est l’ennemi du bien qui était acquis.
Olivier Pianaro, Saint-Sulpice