Vie sociale
L’âge de la maturité pour le centre Barak
Le 4 avril 2012, le centre d’animation Barak ouvrait ses portes. Samedi dernier, l’association du même nom célébrait ce dixième anniversaire avec une journée de portes ouvertes et une partie officielle où respect, bienveillance et lien social ont été mis en avant avec une certaine émotion.
Parties de baby-foot en l’attente d’une partie officielle se voulant relativement informelle ou parties de billard durant l’apéritif convivial, c’est dans une ambiance à l’image du lieu que l’association Barak a fêté, samedi, les dix ans de l’ouverture de son centre d’animation. Ouvert pour la première fois le 4 avril 2012, le centre Barak accueille librement depuis une décennie, quatre après-midi par semaine, la jeunesse adolescente du Val-de-Travers et lui offre l’espace de rencontres, de loisirs, de socialisation parfois nécessaires à cette période de la vie. Ainsi, c’était pour célébrer cette importance sociale que l’association Barak avait choisi d’ouvrir ses portes à la population. Cette journée anniversaire était également un moment privilégié pour mettre en avant la jeunesse fréquentant le centre et le travail des animateurs.
Pour les discours, point d’estrade, mais un simple cercle autour des orateurs et oratrices. Présidente de l’association, Gina Rinaldi Perrenoud a tenu à relater brièvement l’historique de Barak et remercier notamment deux des instigateurs du projet en 2008, Alexa Vincze et Florent Jeanneret. Devant l’assistance, elle a rappelé quelques dates clés, comme celle de 2010 et la décision de Val-de-Travers de créer un centre de jeunesse ou celle de 2017 quand la commune a cédé pour 1 franc symbolique le bâtiment du centre, à la condition de le rénover. Enfin, la présidente a aussi tenu à souligner l’implication de Cédric Schlatter et Christophe Jaton, les deux animateurs. Le premier occupe la fonction depuis l’ouverture, le second a fréquenté Barak par le passé.
Projet qui fait sens
Invité d’honneur de la cérémonie, le conseiller national Baptiste Hurni, ancien habitant de Noiraigue, a souhaité, dans son allocution, remonter le temps de ces dix années d’existence.
Que s’est-il passé dans le monde durant ces dix ans ?,
a-t-il questionné.
L’élu national a énuméré une liste guère réjouissante d’événements allant d’une pandémie semblant sortie « d’un mauvais film d’Hollywood » au retour d’une guerre d’invasion en passant par les mouvements sociaux nés aux États-Unis, un climat qui « a continué de se dérégler » ou le terrorisme qui a frappé l’Europe, avant de conclure que le monde pour la jeunesse pouvait apparaître peu positif.
Mais, je crois intimement et fermement que la réponse à cela se trouve dans des projets qui font sens et Barak en est un,
a clamé Baptiste Hurni, en soulignant sa base de « vivre-ensemble » qui répond à « l’égoïsme et à l’égocentrisme ».
Défendez Barak !,
a-t-il ajouté.
Soyez en fier ! Faites le vivre et profitez-en !
En guise de conclusion, Baptiste Hurni a émis le souhait que dans dix ans, un ou une jeune ayant fréquenté Barak se tienne à sa place comme élu national pour un tel discours. Puis, deux jeunes habitués du centre, Eva-Lou et Nathan, ont accepté de témoigner de leur expérience et de leur rapport avec le lieu. Eva-Lou a avoué aimer « cet endroit convivial » où elle peut se détendre après l’école.
Ici, on peut se sentir soi-même,
a-t-elle expliqué.
C’est un endroit libre malgré les règles qui existent quand même.
Les seules contraintes du centre sont le respect des autres et des lieux, pour le reste, liberté est laissée aux adolescents et adolescentes.
Une bienveillance « règne »
Le second témoignage a capté l’attention des invités par sa force et son émotion. Avec sincérité, Nathan a relaté être arrivé au Vallon à l’âge de 15 ans, d’abord réticent au sujet du centre, il a « mis un moment pour accepter de venir » et finalement est « complètement tombé amoureux de Barak », un centre « pas comme les autres », car il est « un foyer ».
C’est un refuge pour des jeunes en ayant besoin. Tous types de personnes cohabitent des plus sages à ceux qui ont des problèmes,
a-t-il expliqué en ajoutant ne s’être jamais senti rejeté à Barak où une bienveillance « règne ». D’ailleurs, Nathan a avoué avoir « dépassé les limites » une fois, mais sans pour autant se sentir rejeté. Un élément qui lui a fait, après coup, regretter « d’avoir sali quelque chose de si beau ».
Aujourd’hui, Nathan ne fréquente plus régulièrement Barak, mais il y revient comme on revient « chez sa mère pour faire une lessive ».
Ici, il y a un esprit et une âme peu ou pas explicables,
a-t-il noté. Pour le jeune homme, la rébellion des jeunes découle du sentiment de rejet de la société.
Ici, il y a une acceptation et une écoute, même les plus grosses têtes brûlées sont apaisées,
a-t-il poursuivi, en soulignant le soutien des animateurs qui, à Barak, font plus qu’un travail.
Barak marque les gens à vie,
a conclu Nathan. Un témoignage qui résumait presque à lui seul l’importance sociale du lieu et convainquait de la nécessité de son existence. La présidente de l’association regrette encore quelque peu que la population ne soit pas totalement consciente de celle-ci.
C’est un lieu pour grandir, de transition, de passage entre deux âges et deux mondes,
relève Gina Rinaldi Perrenoud. Si son image reste peut-être à travailler, après dix ans, le centre Barak a atteint l’âge de la maturité.
Gabriel Risold