Vide-greniers pour remplir un manque
C’est le week-end dernier que la Fête du sel aurait dû assaisonner la vie de Buttes. Celle-ci s’est finalement ajoutée à la longue liste des victimes collatérales du Covid. Mais le Butteran n’est pas du genre à se laisser abattre sans réagir. Un vide-greniers 100 % local a donc été mis sur pied toute la journée du 4 septembre le long de la Vy Saulnier. Le but n’était pas de remplacer la Fête du sel mais de dynamiser les rues du village grâce à une quinzaine d’exposants et à l’animation musicale de Marco Previtali. Malgré une brève averse intervenue vers 15 h 30, ce fut un beau succès !
Aussi étrange que cela puisse paraître à l’écrit, le vide peut parfois combler un manque. Dans ce cas, le manque représente les interactions sociales fortement en berne sous pandémie et l’annulation de nombreuses fêtes mythiques du Val-de-Travers. La Fête du sel étant de celles-là. Et pour combler en partie ce manque, la mise sur pied d’un vide-greniers géant a été privilégiée à Buttes.
Pour être franche, ce n’était pas notre idée que de remplacer la Fête du sel. Il y a un mois, nous avons simplement fait un appel aux villageois intéressés à participer à un vide-greniers à travers un tout-ménage. Et c’est ce samedi-là qui était le plus arrangeant pour tout le monde niveau disponibilités,
présente Elsbeth Reber. Particularité du rassemblement : la quinzaine de stands qui garnissaient finalement la Vy Saulnier étaient exclusivement tenus par des Butterans.
En famille au numéro 7 de la Vy Saulnier
Quasiment une histoire de famille !
L’idée du vide-greniers venait de Manuel, en début de rue, et nous nous sommes proposés de l’entourer pour agrandir un peu l’événement. Nous voulions vraiment que ce soit l’occasion pour chaque habitant d’aller à la rencontre des autres,
poursuit-elle. Non loin d’Elsbeth, on trouve son beau-fils, ses petites-filles et ses deux fils Christian et Lucien. Là, on peut le dire : c’est une histoire de famille. Tous ensemble réunis au pied du numéro 7 de la Vy Saulnier, ils ont profité de l’occasion pour littéralement
vider le grenier ou plutôt vider un grand cabanon de plain-pied. Heureusement qu’on ne stockait pas tout ça au grenier car il y avait quand même quelques kilos à sortir pour tout exposer,
s’amuse Lucien.
On a présenté à la vente beaucoup d’anciens bibelots car nous avions un grand collectionneur dans la famille. Malheureusement, il est décédé et si nous pouvons offrir une nouvelle vie à tous ces objets alors on sera ravis.
L’exemple du livre est parlant.
Ça n’a pas de sens s’il prend la poussière. Vaut mieux qu’une personne l’achète à petit prix et puisse en profiter avant de le passer plus loin. Le but n’est pas de faire de l’argent mais que des personnes trouvent une utilité à des objets pour lesquels nous n’en avons plus. On n’est pas des antiquaires, on fixe les prix en discutant avec les clients.
Chez les Reber, cette activité est inhabituelle alors que pour d’autres exposants, c’est une partie de leur vie. C’est le cas de celui que tout le monde appelle sympathiquement « Manu », l’initiateur de ce projet. Il possède une petite brocante à l’année et il avait déjà été à l’origine d’un premier vide-greniers au printemps.
« C’est pas cher chez vous »
Au milieu de ses vélos, de ses tableaux, de ses belles pièces de porcelaine et d’autres pépites potentielles en tous genres, Manuel est dans son élément. Il se montre en premier lieu reconnaissant envers ceux qui ont décidé de participer avec lui à cette journée.
Madame Reber a eu une excellente idée de miser sur la force du collectif et de répartir plusieurs stands sur toute la rue. C’est super et les gens répondent présent.
Alors que sa devanture de maison bien achalandée propose déjà de multiples possibilités d’en prendre plein les yeux, il me glisse qu’il y a encore d’autres « trésors » à l’intérieur. Juste le temps de me donner quelques informations sur les différents objets que le voilà rattrapé par une dame intéressée par un tableau à l’extérieur.
Ah bon, seulement ! C’est pas cher chez vous,
se satisfait-elle avant de repartir avec ledit tableau sous le bras. Et une vente de plus pour « Manu » !
En poursuivant ma route, un grand nombre de chineurs me font part de leur satisfaction de pouvoir revivre pareil moment en toute liberté. Ou en liberté surveillée diront les mauvaises langues. Soudainement, une vieille machine à écrire attire mon regard, non loin d’une tête de bouquetin sculptée. Ce grand écart typique des vide-greniers, ça doit être ça qui fait leur charme. Ici, c’est Sylvain Moser le chef de stand et il ne cache pas son bonheur d’être de la partie.
Ça faisait tellement longtemps qu’il n’y avait pas eu de manifestation dans le village et c’est déjà une première satisfaction d’être là. Je participe pourtant très rarement à de tels événements. Mais comme je m’occupe notamment du comité de direction du magasin de Buttes et que c’est important de faire vivre la vie locale, je le fais volontiers. Un village sans magasin et sans dynamisme est un village mort.
Et Buttes n’est pas mort, loin de là ! Le village l’a encore prouvé samedi s’il le fallait !
Kevin Vaucher