Une fin de carrière à… 26 ans!
Giuliano Paoli vient d’avoir 26 ans. Il a l’avenir devant lui et il est sportivement dans la force de l’âge. Il sort d’ailleurs d’une saison finalisée avec la manière par de solides prestations dans la cage du CP Fleurier. Grâce à lui notamment, son équipe a atteint la finale de groupe du championnat de 2e ligue. Et pourtant, le pimpant jeune homme a décidé de « raccrocher définitivement » en stoppant sa carrière là où d’autres commencent à l’enrichir de satisfactions et de titres. Paoli l’incompris, Paoli l’éternel apprenti, Paoli et ses coups de génie a décidé de se retirer comme un marquis : en choisissant lui-même la fin de son récit !
« Je ne sais pas si on peut dire que je quitte le hockey et le monde sportif sur une saison réussie. Vous savez, Fleurier est un lieu qui vit encore pour ce sport et on y sent une ferveur lorsque l’équipe joue bien. Mais, moi, j’habite à La Chaux-de-Fonds et j’ai été un peu épargné par l’engouement autour de notre dernière saison. Seules les critiques ont fait le chemin jusqu’à moi. » Comment mieux résumer le rôle d’un gardien. Sa solitude dans un sport d’équipe, sa responsabilité qui saute aux yeux lorsqu’il fait une erreur. Sa fragilité, aussi, parfois.
Rejeté à la porte de la ligue nationale
Giuliano Paoli a connu ça mieux que quiconque. Jugé « trop petit pour être gardien en ligue nationale », il a été rejeté du HC La Chaux-de-Fonds alors qu’il tapait à la porte de la première équipe. De cette séparation douloureuse, avec le club pour lequel il avait toujours joué, il en garde un arrière-goût écœurant. Mais il en garde aussi un souvenir heureux puisque c’est cet épisode qui l’a amené à porter le maillot du CP Fleurier à partir de 2017. Après cinq saisons dans la peau d’un chat, le jeune homme a donc décidé de se retirer de la scène définitivement. Une question subsiste : pourquoi ce choix ?
Décision prise il y a plusieurs mois
« C’est une décision mûrie que j’ai annoncée au coach Nicolas Motreff en début de saison passée déjà. Trois raisons principales m’ont poussé vers ce choix de fin de carrière prématurée. Sportivement, les deux dernières saisons ont été difficiles avec passablement de soucis physiques. Et puis, je ne vais pas mentir, je n’ai pas eu énormément de temps de jeu la saison dernière. Surtout, je suis en train de terminer mes derniers examens de dessinateur en bâtiment et je vais poursuivre mes études d’architecture à Fribourg dès septembre prochain. Je préfère donc tirer un trait sur le hockey et sur le CP Fleurier. » C’est probablement l’un des traits les plus compliqués que le jeune dessinateur en bâtiment a eu à tirer jusqu’à aujourd’hui.
Un trait pas totalement indélébile ?
« Je ne réalise pas encore vraiment l’impact que ce choix va avoir sur mon rythme de vie quotidien. Mais je sais déjà que ça va faire mal de me passer de ce sport que j’ai commencé à l’âge de 5 ans. Cette sensation de glisse, cette responsabilité d’être le dernier rempart de l’équipe et cette merveilleuse sensation de liberté ressentie sur la glace vont me manquer, c’est certain ! » Pour réduire ce sentiment de manque, il se peut d’ailleurs que ce trait ne soit pas totalement indélébile. À défaut d’avoir reçu une réponse positive à son offre de prolongation de contrat en tant que joueur, le staff fleurisan lui a proposé de prendre la responsabilité de l’entraînement spécifique des gardiens une fois par semaine. « C’est en discussion mais ça me semble parfaitement compatible avec mes études. Ce serait cool de pouvoir partager mes connaissances avec d’autres portiers. »
Son dernier but reçu : inoubliable et douloureux
Si l’avenir semble s’esquisser selon les plans du futur étudiant en architecture, le passé hante encore un peu son esprit. C’est le cas du dernier but qu’il a concédé sur la glace. Un seul but, tombé à 5’02 de la fin du match décisif de la finale contre Star Chaux-de-Fonds, a fait basculer le sort de cette série. « Je me souviens que je vois le puck arriver sur la droite. Je colle mon poteau et le puck remonte à la ligne bleue. Devant moi, il y a une forêt de joueurs et je perds le palet de vue. Puis, je sens quelque chose qui me touche le genou et j’entends du bruit au fond du but. Je comprends, trop tard, que j’ai été battu. Ce fut un énorme crève-cœur. »
Permis de construire délivré
Un souvenir qui contraste avec celui d’une autre finale. Celle vécue sous les couleurs des juniors élites B du HCC. « Cette fois, j’avais fait l’arrêt décisif pour conserver notre avance d’un but et nous avions remporté le titre de champion suisse. » Pour la première fois depuis très longtemps, la rentrée de septembre ne se fera pas sur un banc de hockey mais sur un banc d’école pour Giuliano Paoli. Toujours avec des souvenirs sportifs plein la tête mais aussi avec des projets d’avenir professionnel plein les bras. Le permis de construire a été délivré, ne reste plus qu’à commencer les travaux…
Kevin Vaucher