Une fenêtre sur le monde de bébé (1 sur 2)
Mon enfant prend-il assez de poids, que dois-je lui faire manger, pourquoi vomit-il beaucoup ces derniers jours et que signifient ses pleurs ? Autant de questions que chaque parent est amené à se poser un jour ou l’autre. Les enfants de 0 à 4 ans présentent bien des énigmes et il est parfois difficile de les résoudre tout seul. C’est pourquoi des consultations gratuites parents-enfants sont proposées, chaque mercredi matin, dans les locaux fleurisans du Cora (9 h à 11 h). Plus encore, cet espace-temps se veut être une fenêtre hebdomadaire de partage et de conseils entre parents, avec l’expertise d’une infirmière petite enfance de la Croix-Rouge neuchâteloise.
« Je suis là pour soutenir la compétence des parents, les conseiller et les guider. Je réponds à toutes les questions qu’ils se posent au fur et à mesure que leurs enfants grandissent », expose l’infirmière petite enfance Céline Pellaton. Cette année, cela fait très exactement 60 ans que la Croix-Rouge propose ce service à la population neuchâteloise. Et gratuitement depuis fin 2016. Dans le canton de Neuchâtel, il y a sept centres de consultation en comptant celui de Fleurier. Quatre infirmières spécialisées se partagent le territoire, sous mandat du service cantonal de la santé publique.
Grandir avec les paires
Cette approche communautaire de la santé consiste à « grandir avec les paires ». Entendez par là que les parents peuvent partager entre eux des conseils et des solutions aux différentes questions qu’ils se posent sur leurs enfants. « Ils peuvent aussi me faire part de toutes leurs interrogations du moment. Ce sont souvent des cas très pratiques où ils ont besoin d’être rassurés et de savoir s’ils font juste ou non. Ce n’est pas toujours évident car les mentalités évoluent avec le temps. À l’époque, on recommandait par exemple de laisser pleurer un enfant 5, 10 voire 15 minutes dans sa chambre s’il se réveillait pendant la nuit. Maintenant, je ne peux plus dire ça à une maman ou à un papa qui s’inquiète du bien-être de son enfant. »
Aspect social aussi bénéfique pour les parents
Outre les grandes questions d’éducation et les petites interrogations du quotidien, ce rendez-vous du mercredi matin est aussi l’occasion de faire un bilan de poids et de taille. Céline Pellaton tient un dossier pour chaque enfant avec le récapitulatif de chaque rencontre et des graphiques avec ses courbes de taille et de poids. « Ces rencontres sont aussi un bon moyen de décharger mentalement les parents. Les enfants jouent entre eux pendant que nous discutons ensemble. C’est aussi ce qui fait que ces moments sont appréciés. » L’infirmière petite enfance est disponible pour des entretiens plus individualisés si besoin. L’aspect social de ces rencontres rejaillit parfois positivement même hors des murs du Cora.
Complément aux pédiatres
« Lorsque j’ai eu mes deux filles, je me suis retrouvée seule face à mes questions et j’ai été très heureuse de trouver cette fenêtre de partage. En plus d’être rassurant cela m’a permis de tisser des liens avec d’autres parents. Au bout d’un certain temps, nous nous retrouvions parfois pour aller nous balader au parc avec nos poussettes. C’était super enrichissant », explique Kathia Oliveira. Elle est aujourd’hui devenue la responsable de l’antenne vallonnière de la Croix-Rouge neuchâteloise. Ce service est très utile car c’est un complément au travail des pédiatres. « Beaucoup de parents se tournent vers eux lorsqu’ils ont des questions. C’est un bon réflexe mais nous pouvons aussi répondre à certaines d’entre elles, qui touchent la ‹ bobologie › (les cas les moins graves). » Tout ceci sans engendrer de frais et sans faire subir un stress aux enfants.
Syndrome de la blouse blanche et internet
« Le syndrome de la blouse blanche peut rendre l’environnement médical stressant voire anxiogène. » Au Cora, l’ambiance est on ne peut plus détendue. Le cadre, moins formel, pousse au contact et au dialogue. « Rien ne remplace le lien direct avec une professionnelle. Même pas internet ! Ici, les conseils et le suivi sont personnalisés, ça n’a rien à voir », dresse Kathia. Malgré tous les arguments qui plaident en la faveur de ces consultations gratuites, un certain essoufflement s’observe depuis quelques années. « Cela s’explique par différentes raisons. Les mamans travaillent plus souvent qu’avant et reprennent le travail plus vite après l’accouchement. Internet est également très souvent utilisé pour trouver des réponses. Mais on y trouve de tout, y compris des informations contradictoires. Mieux vaut savoir faire le tri », balaient les deux femmes. Mieux vaut donc ouvrir la fenêtre ouverte par la Croix-Rouge neuchâteloise.
Kevin Vaucher