Centre des Cernets
Un casse-tête inutile ?
Les mois passent et la situation perdure. Aux Cernets, le centre fédéral pour requérants crée régulièrement des troubles dans ses alentours. Des vols, des comportements inadaptés et des sorties alcoolisées engendrent des tensions avec la population. Cette situation est vécue d’autant plus mal qu’elle pourrait être évitée, à croire plusieurs acteurs de la vie vallonnière. Ambiance !
Il y a près d’un an déjà, Sylvain Moser prenait sa plume et envoyait une missive bien sentie à l’endroit de la conseillère d’État Florence Nater. « Je lui ai dit en substance que les Cernets devaient accueillir les requérants les plus récalcitrants du canton. Et que dans le même temps, aucune surveillance particulière n’avait été mise en place », dépose l’habitant des Verrières, devenu conseiller général entre-temps. « Accueillir des gens est une chose mais ne rien pouvoir faire pour sanctionner leurs débordements en est une autre. » Ainsi est posée l’une des grandes problématiques évoquées par la population.
Impunité, inéquité et insécurité
« Les agents de sécurité que l’on voit au village sont impuissants. Ils peuvent mettre fin à des comportements inappropriés mais en aucun cas les punir. La logique est la même pour les règles du centre qui prévoit bien des horaires de rentrée mais aucune force de contrainte pour obliger les requérants à s’y plier. » Il en ressort un sentiment d’impunité pour eux et un sentiment d’inéquité pour les Vallonniers.
À quoi il faut ajouter un fort sentiment d’insécurité. « Ils se baladent souvent en groupe et sous l’emprise de l’alcool. Et ce sont tous principalement des jeunes hommes de 18 à 25 ans. »
Sous anonymats, plusieurs habitantes nous ont rapporté des faits d’intimidation et des rencontres malheureuses. Toutes ont fait part de leur crainte de sortir seules une fois la nuit tombée.
Voleur relâché faute de statut
Au fil du temps, cette exaspération a gagné toutes les strates de la société. Le restaurateur de l’Hôtel de Ville des Verrières, Riaz Hussain, la synthétise à travers un exemple. « Mon commerce a été victime d’un vol il y a quelque temps. Le requérant en question a été arrêté et libéré aussitôt le lendemain matin. La raison ? Il ne bénéficiait d’aucun statut en Suisse et ne pouvait donc pas être condamné. Moi, si je vole quelque chose, je peux vous dire que je serai sanctionné et à juste titre. Donc ce n’est pas juste ! On parle souvent d’humanité et d’accueil. Mais où sont l’humanité et la justice dans ce cas précis ? » Le restaurateur, Pakistanais d’origine indienne, précise que le problème ne vient pas du centre en lui-même mais des personnes qu’il accueille.
Un système trop facile à contourner ?
« L’écrasante majorité vient du Maghreb et les ressortissants de ces pays n’ont aucune chance de voir leur demande d’asile aboutir. La plupart en sont conscients mais ils utilisent le système. Certains l’ont dit ouvertement : ils restent en Suisse quelques mois, aux Cernets. Ils utilisent leur argent de poche pour boire des coups et ils sont nourris et logés. Puis ils rentrent au pays quelque temps avant de revenir ici. Pour éviter ces abus, la solution est simple. Il faut durcir la loi et faire fuir ceux qui en profitent. Cela permettra de prendre en charge les gens vraiment dans le besoin et la misère. Les femmes, les enfants et les victimes de la guerre par exemple. Quelqu’un peut me dire quelle guerre il y a actuellement en Algérie ou au Maroc ? », interroge-t-il avec révolte !
Kevin Vaucher