Un ancien de chez Dubied reconverti dans les Lego
Jean Paul Dumont, sans trait d’union, a 70 ans. Il a travaillé une grande partie de sa vie dans l’entreprise Dubied de Couvet. Il y est entré en tant qu’apprenti mécanicien et il y est resté fidèle jusqu’à la faillite. Il y œuvrait sur des machines CNC. « Tout était automatisé, j’adorais faire ce que je faisais », dit-il. Au moment de la retraite, sa volonté de continuer à « construire » l’a poussé vers d’autres types de « pièces » : les Lego. Ce trait d’union entre la vie active et la retraite lui a déjà fait monter plus de 150’000 pièces les unes sur les autres.
Oui, plus de 150’000 pièces, réparties sur 80 réalisations. C’est l’étendue actuelle des constructions en Lego réalisées par Jean Paul Dumont. Cette passion est arrivée vraiment sur le tard, en 2016. « Je suis tombé sur des kits chez un ami et cela a piqué ma curiosité. Je suis donc allé visiter différentes expositions à travers la Suisse. Je me souviens surtout de celle de Bâle où il y avait d’énormes piscines remplies de briques de Lego.
Les enfants pouvaient y jouer pendant que les parents faisaient la visite. » C’est à ce moment précis que Jean Paul est tombé dans la marmite à briques !
Le bruit de moteur des camions de son enfance
Pour trouver sa « spécialisation », le Vallonnier de 70 ans n’a pas eu à chercher très loin. « Mon papa était chauffeur poids lourd chez Dumont transport. Quand j’étais petit, il n’était pas rare que je l’accompagne sur la route quand j’étais en vacances. Les camions n’avaient plus de secrets pour moi. » Vous voulez une preuve ? Quand les fenêtres de chez les Dumont étaient ouvertes, le petit Jean Paul était capable de reconnaître le modèle de chaque camion qui passait dans la rue en se basant uniquement sur le bruit de son moteur. « Mais je n’en suis plus capable aujourd’hui. » Ah je comprends, c’est l’ouïe, avec l’âge ! « Non pas du tout, je suis juste totalement dépassé dans ce domaine aujourd’hui. L’ouïe ne va pas trop mal. Par contre, j’ai l’épaule gauche en vrac. » Un moindre mal après une carrière essentiellement passée dans l’industrie.
Monk Dubied et ses Anglais pas très sympas
« Après la faillite de Dubied, j’ai encore travaillé plusieurs années sur les machines CNC. J’ai notamment été récupéré par la société Monk Dubied. Elle était dirigée par des repreneurs anglais qui avaient essayé de relancer la machine industrielle après la faillite. » Sans grand succès. « Je me rappelle très bien que les façons de faire des Anglais étaient très dures. Ils étaient très exigeants avec le personnel et cela n’allait jamais assez rapidement pour eux. » Heureusement pour lui, il y a moins de pression et moins d’urgence quand il empile les briques. Tout juste a-t-il eu parfois ses petits-enfants derrière lui pour le faire accélérer un peu dans l’avancée de ses constructions. À ce jour, sa production est tout à fait satisfaisante avec 80 réalisations effectuées et plus de 150’000 pièces assemblées.
L’histoire continue avec son petit-fils
Certaines constructions comptent à elles seules quelque 5000 pièces. La pièce ne vaut pas aussi cher que chez Dubied mais elle a aussi de la valeur. « Un camion, une grue ou un tracteur avec plusieurs milliers de pièces peut se vendre 600 à 800 francs. Je les vends volontiers si quelqu’un est intéressé mais je ne fais aucun bénéfice. Ce n’est pas mon objectif premier. »
Aujourd’hui, la tendance est de plus en plus à implémenter des petits moteurs dans les réalisations pour leur donner de la vie en faisant bouger une pelle mécanique par exemple. « Tout se dirige à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette. J’aime bien ça », avoue Jean Paul Dumont. Pour ce qui est des camions, ce grand-papa préfère toujours les versions originales et il pourrait peut-être bientôt revivre quelques souvenirs de jeunesse. « Mon petit-fils est apprenti chauffeur poids lourd et j’espère pouvoir un jour monter à bord avec lui, comme je le faisais avec mon papa. » Avec un chargement de briques à l’arrière peut-être ?
Kevin Vaucher