Tout schuss sur la rue du Pont
La 12e édition du marché artisanal du Vieux Pont de Travers a vécu une bien belle édition. Parole des trois tenanciers de buvettes. Pour une fois, nous ne nous sommes pas arrêtés sur les commerçants présents mais sur les trois « points chauds » de la rue du Pont : les trois cantines qui quadrillent le marché. Il y a d’abord celle de la société de gym, puis celle de la fanfare et enfin celle du ski-club du village. Cette dernière se trouve en « bout de piste » et ça tombe bien, elle propose ses fameuses « descentes à ski ». On vous explique…
Une musique qui sent bon les tubes disco et les couleurs fluo, une odeur de steak de bufflonne et des cafés Luz qui commencent à être servis, nous voilà bel et bien au stand du ski-club de Travers. Sur ma droite, deux skis attendent sur un bar. Sur chacun d’eux, 4 petits trous avec 4 shots à l’intérieur. Ce sont les fameuses descentes à ski. « Il y a cinq pistes à choix, soit cinq cocktails différents qui peuvent vous être servis. Ensuite, il suffit d’être 4 à avoir soif et d’aimer le ski », me décrit-on rapidement en rigolant. En pratique, les quatre personnes prennent chacune le ski dans une main, le ski est retourné et le contenu des 4 shots termine – normalement – dans le gosier des 4 « pistards ». Simple et efficace, mais je passe mon tour.
Jean-Pierre Racine, l’une des figures du marché
Je vais plutôt m’asseoir à l’une des tables où la carrure d’un homme d’un certain âge en impose. Il s’agit de Jean-Pierre Racine. L’ancien gérant du ski-club a créé le stand lorsque le marché artisanal a été lancé. « Comme on cherchait des occasions de faire parler de nous tout en remplissant un peu les caisses du club, c’était la manifestation idéale. Regardez autour de vous, les lieux de vie du marché se trouvent aux trois buvettes. » Effectivement, ça grouille de monde par là autour. En face de nous, c’est son fils, Thierry, qui est au service avec une partie des 90 membres du club. « Il y a des jeunes qui ont des idées, c’est bien », lance tendrement le fringant et tout jeune octogénaire.
Bénéfice doublé depuis la 1re édition, en 2010
Il faut dire que les premières éditions du marché étaient plus « légères » en termes de logistique. « On installait deux ou trois tables, on apportait quelques canapés et des pâtisseries et l’affaire était belle. » En toute décontraction, cela rapportait tout de même 600 à 700 francs chaque année. On est à peu près au double de bénéfice aujourd’hui. Jean-Pierre Racine, lui, ne fait pas de jaloux. Il passe une tête aux trois cantines du marché « pour soutenir les trois sociétés. » Parlons-en des autres, tiens. La FSG Travers se trouve à l’autre extrémité de la rue du Pont. Soit au début du marché. C’est Amélie Joye et son compagnon qui tiennent boutique en ce début d’après-midi.
Il y a eu du monde ? Ouvrons le frigo pour le savoir !
« Il paraît qu’il y a eu pas mal de monde à midi. Les hamburgers ont bien marché. » Pour avoir une idée plus précise, nous ouvrons le frigo. Il reste huit steaks de bufflonne seulement sur les 60 pièces commandées auprès de la famille Stähli évidemment. Cette jeune femme travaille en tant que mécanicienne dans la caserne militaire de Thoune et elle est actuellement blessée. Mais habituellement, c’est elle qui donne les cours d’aérobic de la société de gym. Les instruments de la fanfare « La Persévérante » sont également sur pause en cette journée du 6 mai. Mais les musiciens ne sont pas à l’arrêt pour autant.
Contraste entre le succès du marché et la foire qui s’arrête
« On n’a littéralement plus rien à manger. Nous avons écoulé 50 kilos de frites à midi », souffle Audrey Somogyi. « Toutes nos tables étaient occupées, on a même dû en ajouter trois un peu plus loin pour que tout le monde puisse s’asseoir. C’est super de voir ça. » Un peu plus loin, les deux poneys de la Fermette des Petits-Marais ont également eu une grosse matinée.
Ils ont chargé sur leur dos une bonne trentaine d’enfants avant midi. « Là, on les laisse se reposer deux bonnes heures avant de reprendre les balades », confiait Jérôme Montandon. Cette descente sur le « Vieux Pont » fut intense pour tout le monde mais on préfère voir ça plutôt que d’entendre que la foire d’automne vient d’être définitivement enterrée, faute d’engouement suffisant pour préserver cette tradition immémoriale.
Kevin Vaucher