Station solaire ferroviaire à Buttes
Du retard sur la ligne!
Vous vous souvenez ? Il y a quelques mois, le Courrier vous avait fait découvrir le projet vaudois de Sun-Ways. Il consistait à installer cent mètres de panneaux photovoltaïques entre… les rails ! La pose de cette première station solaire ferroviaire amovible serait une première mondiale. Elle aurait dû avoir lieu au mois de mai de cette année entre Fleurier et Buttes. Pourtant, nous voilà en août et toujours rien ! Pourquoi ?
« Comme souvent dans ce genre de projet, il y a un peu de retard », temporise Joseph Scuderi. Le fondateur de Sun-Ways continue : « Il n’y a pas de raison de s’inquiéter, le projet va se faire. Simplement, un malheureux malentendu avec l’OFT (Office fédéral des transports) a conduit à cette situation. Nous lui avons envoyé un rapport préliminaire afin de présenter notre projet alors qu’il s’attendait à recevoir une demande d’autorisation détaillée et formelle. » En Suisse, c’est l’OFT qui autorise ou non les nouveaux projets sur les voies de transport ouvertes. Sun-Ways a donc besoin de son approbation pour avancer.
Un refus par précaution
Or, le rapport préliminaire étant par nature incomplet, l’OFT a rendu une décision négative sur la mise en œuvre de la station solaire amovible au Val-de-Travers. « Il n’y a rien de grave. Cette décision est même logique puisqu’elle se base sur un document incomplet. Dans tous les cas, une réponse de l’OFT n’est jamais définitive. Nous avons donc demandé une séance de clarification afin de lui apporter les éléments dont elle a besoin, au plus vite. À la suite de ce rendez-vous, nous avons compris que nous sommes un ovni pour l’OFT car il n’y a aucune norme de sécurité préétablie en la matière. C’est encore une fois normal puisqu’il s’agit d’une première mondiale. C’était donc un ‹ refus par précaution. › »
« Nous sommes un ovni pour l’OFT »
Joseph Scuderi et son équipe doivent donc apporter eux-mêmes les preuves que leur système de panneaux solaires sur rails est compatible avec le passage répété de trains, dans des conditions de sécurité optimales. « Nous avons mandaté deux professeurs reconnus pour tester nos prototypes et rédiger un rapport complet sur la faisabilité de notre projet », complète Joseph Scuderi. Ce rapport est sur le point d’être terminé. Il sera associé à une demande formelle d’autorisation et envoyé à l’OFT à la fin du mois.
Déploiement du projet possible en 2023 ?
« En cas de réponse positive, nous espérons déployer notre système avant la fin de l’année à Buttes. Dans le cas contraire, nous remettrons l’ouvrage sur le métier. Il n’y a pas d’urgence en soi, même si nous continuons à travailler sur d’autres projets en parallèle. Plusieurs pays nous sollicitent parmi lesquels l’Inde, la Corée du Sud, l’Espagne, la France et Singapour. Notre station amovible est de toute façon vouée à s’exporter à travers le monde mais nous aimerions que le début de l’histoire prenne forme dans notre région, au Val-de-Travers. »
Inde, Corée du Sud, Singapour : sollicitations de toutes parts !
De plus, les voies ferroviaires fermées ne sont pas soumises aux autorisations de l’OFT, des clients privés sont aussi potentiellement dans la course. « La raffinerie de Cressier possède une telle infrastructure par exemple. » Par ailleurs, Sun-Ways poursuit le développement de sa machine innovante qui lui permet de poser et de retirer les panneaux solaires mécaniquement et rapidement. « Aujourd’hui, nous sommes capables de poser 1000 mètres de panneaux en 1 h 30 à peu près et nous n’en sommes qu’au stade de prototype, ça va encore s’améliorer. » Restera alors à pouvoir l’utiliser. Dur, dur d’être en avance sur son temps !
Kevin Vaucher