Sœur Odette à Paris
Du lundi 20 au jeudi 23 novembre, je me suis rendue, comme chaque année, à Paris. Accompagnée de Pierre et de Gisèle, nous sommes allés illuminer les coins sombres de la capitale française. Nous apportions quelque 20m3 d’aide sous forme de sacs de couchage, couvertures et tricots divers. Une fois de plus, nous avons été confrontés à une misère hélas omniprésente.
Nous avons été reçus par des membres de l’Armée du Salut, mouvement chrétien fort de 3000 bénévoles répartis dans toute la France, et accueillis comme des frères. Nos marchandises, dûment emballées et répertoriées, ont rapidement trouvé preneurs par le biais de diverses associations en faveur des nécessiteux.
Le mardi, nous avons eu le privilège de pouvoir visiter, grâce à une artiste compositrice et conteuse pour enfants, la chapelle de la médaille miraculeuse, sise rue du Bac (7e arrondissement). Ce lieu méconnu, discrètement placé derrière un grand portique de bois, est à visiter absolument. Il est situé dans le couvent des sœurs de la Charité, institution créée par St Vincent de Paul, dont les membres sont infirmières et missionnaires. On y accède par une longue et impressionnante allée. Le 21 novembre étant le jour de Marie, il y avait foule dans le sanctuaire, brillamment décoré et illuminé de bleu, où régnait une grande ferveur. Plusieurs messes étaient prévues ce jour-là.
Le lendemain matin, nous avons visité le quartier général de l’Armée du Salut. On y trouve notamment une épicerie solidaire ainsi qu’une cuisine communautaire (on peut apporter sa propre nourriture et la cuire sur place, la nourriture n’est pas fournie). L’après-midi, nous avons rendu visite à Denise Brigou, au visage toujours aussi rayonnant, au dynamisme extraordinaire, qui, par son parcours de vie, est une adversaire déclarée de l’injustice sous toutes ses formes.
Le soir, nous étions à Barbès, afin de servir 210 repas aux sans domicile fixe. En font partie 80 mineurs non accompagnés (MNA), dont c’est le seul repas de la journée… Il y a de notables changements par rapport aux autres années : ainsi, il n’y a plus de longues tables de réfectoire, mais des tables pouvant accueillir quatre, six ou huit hôtes, ce qui est beaucoup plus convivial et facilite un dialogue autrefois quasi impossible. À 18 h, les femmes qui le désirent, seules ou avec enfant(s), sont servies en premier, pour des raisons sécuritaires. Plus tard, il y a, comme par le passé, mixité. Surtout, une organisation sociale digne de ce nom a été mise en place : chaque personne désirant prendre part au repas dispose d’une carte nominative établie pour une durée de trois mois, renouvelable au gré des besoins de chacun. Les gens en situation précaire ne sont dès lors plus ignorés mais reconnus, et bénéficient d’un suivi de situation. Tout ceci va dans le bon sens.
Pour ma part, il s’agissait là de mon dernier voyage à Paris, après 33 ans d’assiduité : si mon esprit est encore vif, mon corps commence à donner des signes de fatigue… il y a un temps pour tout ! Ce n’est pas sans émotion que je renonce à ce rendez-vous annuel ô combien nécessaire…
Rien n’est encore décidé quant à l’organisation future : d’autres besoins peuvent surgir, ailleurs… la fidélité et l’engagement face à l’universelle misère demeurent malheureusement cruellement indispensables. Des réflexions sont en cours et, quoi qu’il advienne, je serai toujours à l’écoute. Pour vos dons, vos idées, n’hésitez pas à me contacter au Foyer l’Étoile, tél. 032 863 21 91. Si la page se tourne, le livre ne se referme pas pour autant : en attendant de trouver l’indispensable nouvelle locomotive qui porte les nouveaux projets et/ou relance les anciens, que nos braves tricoteuses consentent à poursuivre leur ouvrage : leur travail sera toujours apprécié.
Au travers de ces quelques lignes, je fais part à chacune et chacun de ma reconnaissance pour toutes les personnes romandes qui ont oeuvré et aidé durant toutes ces années. Merci ! L’humanitaire est indispensable : il manque de moyens, alors qu’il y a de plus en plus de nécessiteux. C’est le cœur serré que j’ai dit au revoir à la Maison de Partage, association bénévole créée par Denise Brigou, sise à Paris. Le mot de la fin sera celui de Pierre, je cite : « L’échange au travers d’un repas servi fait autant de bien à celui qui reçoit qu’à celui qui donne ! ». À l’approche de Noël, que je vous souhaite paisible, puissiez-vous être tour à tour l’un et l’autre. Fraternellement.
Sœur Odette, Foyer l’Étoile, Couvet