Sentier Bourbaki
Un dixième anniversaire célébré en toute solennité
Le week-end dernier, le sentier didactique des Bourbaki fêtait son 10e anniversaire. Une cérémonie d’inauguration d’un nouveau panneau aux Verrières-de-Joux a lancé deux jours d’événements de part et d’autre de la frontière.
Par [Gabriel Risold]
Samedi dernier, l’atmosphère ensoleillée n’avait rien de commun avec celle de la fin janvier du terrible hiver 1871, lorsque les 88’000 soldats rescapés de l’armée de l’Est du général Bourbaki s’étaient repliés vers la frontière suisse des Verrières et qu’une convention d’internement était signée le 1er février, entre les généraux français et suisse, Clinchant et Herzog.
L’épisode historique a, désormais, 154 ans, mais le sentier didactique qui détaille les faits de cette première grande action humanitaire de la Confédération helvétique en a, lui, dix.
Ce week-end, l’association Bourbaki-Les Verrières, l’association des Amis du Musée de Pontarlier et le château de Joux avaient convié les autorités françaises et suisses à célébrer ce dixième anniversaire, avec notamment la pose d’un nouveau panneau bilingue, français-allemand, sur les murs de la salle des fêtes des Verrières-de-Joux, la commune frontalière. La première ligne d’un programme sur deux jours, constitué de courts-métrages, de dédicaces d’ouvrages de chercheurs, de conférences historiques, de visites guidées aux Verrières, ainsi que du château de Joux.
Travail de mémoire essentiel
Avant de dévoiler la nouvelle plaque explicative, Jean-Luc Faivre, maire des Verrières-de-Joux, a tenu à remercier toutes les personnes qui œuvrent à l’enrichissement du sentier didactique. « Un devoir de mémoire, de transmission et de compréhension », selon lui, envers un « événement marquant de notre histoire commune ». Sénateur du Doubs, Jean-François Longeot a rappelé les faits historiques, soit ceux d’une déroute de l’armée française avant de souligner le « geste d’humanité remarquable de la part de la Suisse », en acceptant de recueillir ces près de 88’000 soldats. « Un événement souvent méconnu, mais aussi fondateur à bien des égards des fondements de la Croix-Rouge », a-t-il poursuivi, en relevant un acte d’humanité et de solidarité entre les peuples.
Le sénateur a conclu qu’en ces « temps troublés » le travail de mémoire fait par ce sentier et les autres actions liées à l’histoire des Bourbaki était essentiel. Député de la 5e circonscription du Doubs, Eric Liégeon a lu un message de la ministre déléguée chargée de la mémoire et aux anciens combattants de France, Patricia Mirallès.
Dans celui-ci, la ministre a souligné que les soldats français vaincus n’avaient trouvé face aux militaires suisses « ni rejet, ni humiliation, mais accueil et générosité » et qu’ils avaient été accueillis « comme des frères ».
« Fraternité jamais vaine »
La lettre de la ministre a relevé également que le sort de l’armée Bourbaki rappelait que des droits ne peuvent être abolis, mais « au cœur de la guerre ». Un devoir de mémoire qui est aussi une « exigence pour le présent et l’avenir », selon les mots lus par Eric Liégeon. Devoir de mémoire qui devait rappeler les heures glorieuses, mais aussi les défaites, soulignait le message de Patricia Mirallès. Un événement qui, selon les paroles ministérielles, « invitait à comprendre que la fraternité n’est jamais vaine ».
Après une minute de silence, la plaque didactique a été symboliquement découverte puis les invités et le public furent conviés à se rendre au collège des Verrières pour la suite du programme. Une migration faite par certains à pied comme les soldats français en 1871. En fin de matinée, la prestation de tambours de la garde impériale 1806 et les tirs des Batteries 13 de Fribourg et 14 de Neuchâtel ont clos la partie officielle de ce week-end anniversaire.