Prévention risques naturels
Ruissellement : L’ECAP s’attaque au problème
Ce printemps, l’ECAP lance une large campagne de prévention contre les dangers du ruissellement des eaux. Près de deux tiers des bâtiments du territoire cantonal sont concernés et le Val-de-Travers ne fait pas exception. Une séance aura lieu à espaceVal le 22 mai pour expliciter la démarche pour les propriétaires du Val-de-Travers.
Si vous êtes propriétaires, vous devez avoir déjà reçu ce document de l’Établissement cantonal d’assurance et de prévention (ECAP) qui montre en trois nuances de violet, moins de 10 cm, entre 10 et 25 cm et plus de 25 cm, les zones de dommages potentiels en cas de ruissellement important d’eaux de pluie. « Plus de 50% des sinistres liés aux inondations et à l’eau sont dus au ruissellement », relève Elisenda Bardina, experte en prévention éléments naturels à l’ECAP, et chargée de la campagne prévention ruissellement que lance l’assurance ce printemps. Entre 1983 et 2022, 23.57% des dommages de l’ECAP sont liés au domaine des dégâts par l’eau. Pour l’ECAP, il s’agit de la première campagne proactive auprès des propriétaires dans ce domaine de risque naturel avec pour objectif que les propriétaires prennent conscience des risques liés au ruissellement des eaux et répondent à la vulnérabilité de leur bâtiment. « Il suffit d’un saut-de-loup ou de baies vitrées pour rendre un bâtiment vulnérable », note l’experte.
La carte proposée par l’établissement cantonal se base sur celle de l’office fédéral de l’environnement de 2018 qui indique qu’environ 65% des terrains du canton sont concernés. Un chiffre de risques qui est peu ou prou identique dans tous les districts du canton, ainsi que dans celui de Val-de-Travers. « Le ruissellement suit les pentes », avance, avec évidence, Elisenda Bardina. Ainsi, les terrains en fond de vallée sont particulièrement concernés. La carte en question prend en compte une pluie d’une heure avec un « temps de retour » de 100 ans, ce qui signifie qu’il existe une chance sur cent pour qu’un événement de cette ampleur se produise durant l’année. Un risque qui apparaît soudainement non négligeable. Surtout avec les prédictions des experts climatiques. « Ces phénomènes de pluie intense sont amenés à être de plus en plus fréquents », estime Elisenda Bardina, en se référant aux rapports du GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Campagne sur cinq ans
Cette novatrice campagne de l’ECAP souhaite se dérouler sur cinq ans et est dotée d’un budget de 4 millions pour subventionner les propriétaires. Pour convaincre, l’ECAP a prévu plusieurs séances d’informations à travers le canton, dont une au Val-de-Travers qui se tiendra à Couvet, le 22 mai. Une campagne préventive qui doit permettre le dialogue entre propriétaires, communes et l’assurance. « Plusieurs entités doivent amener une pierre à l’édifice pour sortir littéralement la ‹ tête de l’eau › », souligne l’experte de l’ECAP. L’établissement cantonal a défini deux classifications de risque : cas simple et cas complexe. Le premier concerne des modifications simples, comme protéger des sauts-de-loup ou des terrasses, celles-ci pourront recevoir des subventions à hauteur de 50%.
La seconde classification prévue par l’ECAP concerne les cas « plus complexes » qui demandent le recours à des experts et architectes. Là, l’ECAP pourra entrer en matière pour un financement entre 50 à 100% des coûts d’étude et des honoraires. « Il s’agit d’inciter à prendre les bonnes mesures afin d’éviter les ennuis. Et cela est une plus-value pour l’habitation », note l’experte de l’ECAP, en soulignant l’adage vaut mieux « prévenir que guérir ». D’autant plus qu’Elisenda Bardina relève une caractéristique des derniers terrains du canton. « La toponymie est assez révélatrice. Plusieurs noms de lieux-dits expriment des problèmes liés aux inondations », relève-t-elle. « Les anciens, en les nommant, en avaient déjà connaissance ! ». Plus de terrains construits, ces dernières années, signifient plus de terrains vulnérables, donc une nécessité pour l’ECAP d’informer et d’être proactif.
Ainsi, l’assurance cantonale invite tous les propriétaires touchés par la problématique à s’inscrire à ces séances. Celle de la région Val-de-Travers aura lieu le 22 mai à l’auditorium d’espaceVal, à Couvet, à 18 h (https://pasdansmamaison.ch).
Gabriel Risold