Reprendre le sport sans se blesser
Les conseils d’une spécialiste
Ahhh le printemps ! Cette belle saison où les bonnes résolutions refont surface avec le retour des beaux jours. Où les sédentaires de l’hiver retrouvent la clé de leur armoire à chaussures pour aller sillonner les beaux chemins du Val-de-Travers. Où les compétitions, comme le BCN Tour, constituent de beaux moteurs pour ne pas lâcher son objectif des yeux. Et… où le pic des blessures n’est jamais aussi élevé que le reste de l’année. Où les cabinets médicaux et d’ostéo débordent et où les sportifs de printemps deviennent les blessés de l’été. Ahhh quelle bien belle saison, le printemps!
Bon, on pousse volontairement un peu le trait mais pas tant que ça. « Je constate chaque année un grand afflux de patients aux mois d’avril et mai dans mon cabinet de Fleurier », exemplifie Stéphanie Hainard de CS Ostéo. En réalité, le problème ne vient pas du printemps mais de l’hiver. « L’activité physique d’une majorité de personnes diminue ou disparaît lors des mois froids. Quand le soleil revient, la plupart passent de ‘rien’ à ‘beaucoup’. » Et ça fait « trop » !
Une activité presque trop accessible
C’est à ce moment-là qu’intervient alors la blessure. À ce propos, pourquoi observe-t-on autant de pépins physiques en course à pied ? « C’est une activité très simple d’accès où il suffit d’avoir une paire de chaussures pour commencer. Mais cette accessibilité a un revers de la médaille. » De nombreux amateurs se lancent sans avoir de plan précis de progression en tête. « Souvent, ils veulent se précipiter sur les chemins pour battre le fer pendant qu’il est chaud mais ils ne pensent pas à ménager leur corps. L’une des grandes clefs de la reprise sportive est la progressivité. Il faut augmenter la charge d’entraînement petit à petit, sans vouloir griller les étapes. »
Glace et anti-inflammatoires : à éviter !
Or, sans progressivité, le corps n’a pas le temps de s’adapter et de se renforcer comme il le faudrait pour gérer cette nouvelle charge d’entraînement. Pour cela, il faut du temps. « C’est lors de la récupération qu’il renforce ses tissus et ses muscles. Il faut donc le solliciter mais jusqu’à une certaine limite. » C’est en repoussant cette limite jour après jour que la progression sera possible sans se blesser. Mais que faire si la blessure arrive ? Beaucoup sont en train de penser, de la glace et des anti-inflammatoires. Tout faux !
Une formation au Canada
« Il y a malheureusement beaucoup de fausses croyances comme celles-ci. Moi, je me base sur le travail de la Clinique du coureur pour prévenir et guérir les blessures dans mon cabinet. » Cette clinique épluche plus de 200 articles scientifiques par mois pour développer une vue d’ensemble des blessures en course à pied. C’est le physiothérapeute Blaise Dubois qui est à l’origine de cet organisme de formation continue pour les professionnels de la santé et du sport. Stéphanie Hainard y suit des formations régulières depuis cinq ans. « En juillet dernier, je suis même partie au Canada pour suivre un cursus d’experte 2.0. Mon mari et mes deux enfants étaient en vacances et moi j’étais en cours », rigole-t-elle.
Qu’une seule chose à faire : peace and love !
Mais avec elle, les idées reçues ne rigolent pas beaucoup. Prenez le cas d’une entorse par exemple. « La Clinique du coureur s’est rendu compte que rien ne prouvait scientifiquement l’efficacité de la glace pour la guérison. La prise d’anti-inflammatoires conduit même à un ralentissement de la cicatrisation des tissus. » Et bim ! Alors que faire pour traiter les lésions traumatiques ? « peace and love. » Pardon ? « peace and Love. C’est l’acronyme pour le traitement de ce type de lésion. Lorsque la blessure intervient, il faut Protéger (arrêter le sport), Élever (le membre en question), Anti-inflammatoires à éviter, Compresser et éduquer (comprendre plutôt que de surinvestiguer médicalement) » Trois jours après le « peace », il y a le « love ».
L’effet nocebo peut vous faire couler
C’est-à-dire Load (recommencer le stress mécanique), Optimisme, Vascularisation et Exercice (de renforcement). « Rester positif est important car ça permet d’éviter l’effet nocebo. C’est l’inverse de l’effet placebo. Cela arrive quand quelqu’un rumine sa blessure, se persuade qu’il a mal et que c’est grave. Il s’auto-persuade que ça ne va pas. La vascularisation signifie qu’il faut faire du cardio afin d’amener un maximum de sang à travers le corps. Car c’est le sang qui apporte les éléments de cicatrisation. » Pour approfondir le sujet, Stéphanie Hainard a réussi à faire venir Blaise Dubois à espaceVal le lundi 24 avril (19 h). Le physiothérapeute de la Clinique du coureur parlera de la meilleure façon de courir vite, avec plaisir et sans se blesser. Et quoi qu’il arrive, même si vous vous blessez, rappelez-vous toujours qu’après l’hiver arrive le printemps. Si ça peut aider…
Kevin Vaucher