Nouvelle pièce à la Maison de lʼIndustrie
Le beau châssis du Val-de-Travers
Si certains se demandent peut-être « où cela mène » de vivre au Val-de-Travers, eh bien parfois au maquettisme ! Cʼest en tout cas le chemin privilégié aujourdʼhui par lʼancien Vallonnier Yvano Moro. Même sʼil a quitté son village de Buttes à lʼâge de 25 ans, le retraité nʼa pas oublié sa région natale. Lʼexpatrié vaudois a bricolé une petite voiture à lʼimage du Vallon pour donner corps à son attachement intact pour ce lieu de vie. Une initiative personnelle touchante et pleine de créativité qui a poussé la Maison de lʼIndustrie de Noiraigue à exposer la « titine » vert pomme dans ses murs.
Alors perdu le Val-de-Travers ? Pas du tout ! Mais si vous pensez cela alors vous pouvez toujours prendre cette pensée avec vous et aller vous faire… un petit tour dans la « titine » du Vallon, créée par Yvano Moro. à lʼintérieur, il y a des sièges, des pédales et un levier de vitesse. Bref, tout ce quʼil faut pour faire avancer la carlingue jusquʼà bon port. Ah, petite précision utile : le volant est à droite. Et ce nʼest pas un clin dʼœil aux Britanniques, sans doute trop occupés à pleurer leur chère reine.
De la Normandie au Val-de-Travers
Tiens dʼailleurs, feu Elizabeth II avait défrayé la chronique en 2014 en arrivant dans une robe vert pomme aux 70 ans du débarquement de Normandie. Cʼest cette même couleur qui a inspiré lʼancien Butteran dans la réalisation de son modèle réduit de voiture à lʼimage du Val-de-Travers. Car oui, vous nʼirez pas bien loin avec ce véhicule puisquʼil fait quelques centimètres de long, de large et de haut.
En général, jʼutilise des maquettes à assembler que je trouve en magasin. Jʼai choisi cette couleur pour faire référence à la nature qui est très présente par ici. Et pour lʼhistoire du volant, jʼai essayé de le déplacer à gauche mais cʼétait impossible. Celui-ci étant relié directement au mécanisme de direction.
Des symboles forts en déco
Pour une fois, Yvano Moro nʼa pas monté lui-même la maquette car il lʼa trouvée « déjà sur roues » dans une brocante.
Elle était intégralement peinte en noir et elle ne me plaisait franchement pas. Cʼest là que jʼai eu lʼidée de la démonter pour recolorer chaque pièce en vert pomme.
Excellent choix ! Le logo du Courrier reprend des teintes similaires. à croquer ! Ensuite, encore fallait-il la personnaliser et cʼest là quʼYvano Moro a fait toute la différence. Jʼai utilisé un procédé identique à celui des faux tatouages pour décorer la voiture.
Jʼai voulu y représenter des symboles forts de la région, qui parlent immédiatement aux gens.
Les armoiries se mettent sur le toit
Des sapins pour évoquer la randonnée, le Chapeau de Napoléon et le Château de Môtiers comme lieux emblématiques ainsi quʼune fée ornent les côtés.
Et puis sur le dessus, jʼai reproduit les neuf armoiries des villages de la commune de Val-de-Travers (il manque donc celles des Verrières et de La Côte-aux-Fées) avec le nouveau logo utilisé par les autorités.
Comme cette pièce est désormais exposée (en prêt), cela permettra dans quelques années de mieux dater la création de lʼobjet (août 2022). Pour couronner le tout (ne faisait-on par référence à la reine préalablement ?), les deux plaques du véhicule affichent fièrement Val-de-Travers sur leur partie visible. Si on avait encore un doute après toutes ces références, la grande armoirie de la commune fusionnée ôtera toute incertitude sur le capot.
Un métier lié à lʼautomobile
La valeur de lʼobjet est plutôt sentimentale et symbolique que pécuniaire (environ une centaine de francs pour lui donner une seconde jeunesse).
Je suis né ici et jʼai vécu au cœur de Buttes jusquʼà mes 25 ans. Jʼy suis encore très attaché. Jʼai malheureusement quitté le Vallon pour des raisons professionnelles. Cʼétait la crise !
Une fois terminé son apprentissage au garage Tivoli, lʼhomme est parti exercer trois ans comme mécano à Sainte-Croix avant de rouler comme chauffeur de limousine.
Jʼai tenu une petite entreprise de location de voiture avec chauffeur durant trente ans. Cʼétait à Lausanne.
Tout se recoupe !
Passion rangée au placard durant 50 ans
Sauf que cʼétait les avions de la guerre 39-45 quʼil aimait monter lorsquʼil était petit. Les modèles réduits de voitures, cʼest venu bien plus tard !
Jʼai pris ma retraite il y a deux ans et cʼest à ce moment-là que jʼai retrouvé cette passion du maquettisme. Après 50 ans dʼinterruption, le « réveil » des réflexes de modéliste a été un peu brutal. Mais tout se passe bien depuis. Jʼai notamment monté une Mini, car cela avait été ma première vraie voiture, et la Ford GT40 du film « Le Mans 1966 ». Le seul inconvénient par rapport à lʼépoque, cʼest que je commence sérieusement à avoir les mains qui tremblent aujourdʼhui.
Comme celles du Vallon, les beautés de lʼâge ne résident-elles pas dans ces petites singularités, parfois perturbantes ?
Kevin Vaucher