À huit heures, samedi 8 janvier, l’atmosphère cotonneuse due aux flocons tombés dans la nuit avait tout d’une matinée de Noël rêvée, mais ce jour-ci, il n’était plus question de bougies, de boules, ni de décoration en pâte à sel pour les sapins des habitants de Val-de-Travers. Dès les premières lueurs, déjà cinq ou six conifères avaient été déposés devant le chauffage à distance (CAD) de Couvet, avant même l’arrivée des employés communaux. D’ailleurs, ces derniers arrivent avec quelques minutes de retard, conditions neigeuses obligent.

Normalement, nous sommes deux, mais avec la neige, il y a d’autres priorités,

sourit Edoh Wilson, employé communal, chargé aujourd’hui du déchiquetage des sapins de Noël des particuliers. Et celui qui sera notre interlocuteur privilégié pour la matinée, prédit que l’attente sera longue, les chutes de neige décourageant probablement certaines personnes à sortir de chez elles.

Quoique, après une dizaine de minutes, un premier habitant apporte son sapin.

C’est ici pour Noël,

déclame-t-il, en donnant l’arbre. En effet, c’est ici et Edoh Wilson ne manque pas de souhaiter une bonne année, avant d’enclencher une première fois la machine qui broiera les conifères. Un autre sapin est amené : huit est un nombre suffisant pour une première « combée ». À toute vitesse, la machine avale les arbrisseaux et les recrache totalement déchiquetés dans la cuve du CAD. Le deuil de celui ayant illuminé les fêtes n’a pas le temps d’être. Vers 8 h 30, un père et son enfant arrivent et déposent leur sapin. Nous demandons si cela est une première.

Cela fait la troisième fois, en fait depuis que nous habitons ici. C’est très pratique !,

reconnaît-il, avant de retourner se remettre au chaud. Ils ne verront pas le déchiquetage de leur sapin, ni humeront la forte odeur d’aiguilles qui emplit l’air lorsque les conifères sont broyés.

« Chauffée au CAD »

Vers 9 h, une habitante arrive avec deux sapins emplissant l’entier de son coffre. Elle amène le sien ainsi que celui de sa fille. Un petit geste de recyclage, mais un geste à faire.

Et comme je suis chauffée au CAD,

explique-t-elle, avec un sourire rieur. Après réflexion, elle estime amener son sapin depuis que la commune propose ce service, soit 2016.

Proposer un point de collecte, à côté du box du chauffage à distance, à la fin de la période des fêtes, cela faisait sens,

explique, par téléphone, Jean-Marie Mettraux, voyer-chef de la commune de Val-de-Travers, en ajoutant que par le passé les services communaux devaient ramasser des sapins un peu partout sur le territoire communal. Ce dernier reconnaît que la démarche offre une belle image de la commune avec une mise en avant du recyclage.

Et il y a un aspect convivial, les gens peuvent discuter avec les employés,

poursuit-il. Il n’a pas tort, les bons mots sont de mise et les vœux de « bonne année » ponctuent les départs après les remises de sapins.

Certains citoyens vont même plus loin et tentent de donner quelques pièces à l’employé de la voirie pour le café. Toutefois, Edoh Wilson refuse poliment, un thermos chaud l’attend dans son véhicule. Quoi qu’il en soit chaque personne en cette matinée est ravie du service communal.

C’est une bonne chose,

nous dit un habitant, avant de refermer son coffre. Des gens font même plusieurs voyages pour amener des sapins, ceux des proches ou du voisinage. Progressivement le tas de conifères grossit et il est temps de les passer à la broyeuse. Edoh Wilson estime que l’année passée il y en avait plus.

Peut-être trois fois,

juge-t-il, aux environs de 9 h 30. à 10 h 30, environ vingt-cinq ou vingt-six sapins ont été amenés par les habitants et habitantes de la commune.

En moyenne par année, je dirais que nous sommes à cinquante sapins,

estime Jean-Marie Mettraux. Un service de recyclage simple et utile qui plaît au vu des dires des différents citoyens interrogés, même si cette année, il semble que le nombre de conifères recyclés sera inférieur à cette moyenne. Cependant, le ballet irrégulier des voitures qui apportent leurs sapins continue au compte-gouttes, il continuera sûrement durant la matinée et Edoh Wilson restera sur place « tant qu’il y a un sapin ».

Gabriel Risold