Volleyball
Dans la tête de Valtra (1)
Ça va la tête ? Cette question, Michèle Gauthey se la pose tous les jours ou presque. Pas pour elle, non ! Elle est très saine d’esprit. Mais elle la pose à des sportifs, à des équipes ainsi qu’à des particuliers à travers toute la Suisse romande. La Neuchâteloise est coach mentale, sophrologue et experte certifiée de la méthode Target. Depuis la fin de la saison passée, c’est dans la tête des joueuses du VBC Val-de-Travers qu’elle s’active notamment à mettre de l’ordre. Alors qu’il reste 5 parties avant la fin du championnat et que Valtra est à la bagarre pour une place en play-off, le Courrier va suivre de l’intérieur ce « sprint final » sportif et mental.
Samedi, les Vallonnières n’ont pas pu se rendre à Schaffhouse en raison de tests positifs au Covid chez leur adversaire de Kanti. Le match a donc été reporté et leur classement reste inchangé. La huitième place actuelle n’a rien d’étonnant en elle-même puisque le club s’appuie sur l’un des plus petits budgets de LNA féminine. Il est cependant intéressant de comprendre comment des sportives peuvent continuer à se construire dans une telle adversité. La première question est donc toute trouvée : comment se porte le mental des joueuses ? « Le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît. à partir d’un certain niveau, le critère des moyens financiers intervient et il faut surtout s’intéresser aux objectifs d’une équipe. Pour Valtra, il s’agissait surtout de battre ses concurrents directs que sont Lugano et Toggenburg », étaie la coach mentale et Team Manager Michèle Gauthey. Lors des matches « aller », ce contrat a été rempli par les filles de Luiz Souza donc leur mental a pu se nourrir de ces deux succès.
Voir au-delà de l’aspect sportif
Le bilan sportif doit par ailleurs aussi être mis en perspective avec les différents rôles remplis par une structure de ligue nationale comme celle de Valtra.
C’est bête à dire mais il n’y a pas que les résultats. Le club est un beau moteur pour les jeunes de la région, surtout dans un Vallon un peu retiré comme le nôtre. La méthode Target c’est par exemple savoir identifier ses buts. Et ça commence à l’échelle du club. Valtra constitue une expérience sportive très impactante dans l’avenir de plusieurs jeunes filles. Vous savez, lorsqu’une jeune adulte met sur son CV qu’elle a eu une expérience dans le sport de haut niveau, c’est une plus-value énorme. Ça montre que c’est une personne capable d’être disciplinée, persévérante et à l’aise dans un groupe. Il y a aussi cet aspect-là et cet objectif est peut-être encore plus grand que le reste.
Poser clairement cet état de faits permet ensuite de mieux comprendre les raisons de vivre d’un club et comment chaque joueuse peut y contribuer en s’intégrant à ce projet commun.
Modèle de performance orienté action et confiance
Dès qu’il y a des humains ensemble, il faut inéluctablement trouver des solutions pour que chacun s’accorde vers des buts communs,
développe l’une des trois experts agréés pour la méthode Target en Suisse. Cette méthode a été imaginée par Christian Target dans les années 1990. Tout le monde parle du mental mais très peu de gens savent en donner une définition. Ainsi, il a créé un modèle de performance mentale pour modéliser ce concept.
Pour faire court, il explique à travers ce modèle comment la gestion de son énergie, de ses émotions et de l’image que l’on a de soi influent sur sa motivation (ses objectifs). Ces objectifs se construisent par rapport à ma concentration sur le moment présent et sur ce que le passé m’a apporté comme enseignements. De là découle ma propre propension à me projeter sur ce que je veux dans le futur. Pour cela, il faut que ma communication interne soit solide et que ma communication externe vers l’équipe soit positive.
Dans le cadre d’une équipe, le travail de la coach mentale est donc double : d’abord agir sur les obstacles rencontrés par chaque individualité puis trouver des solutions collectives pour qu’une confiance grandisse au sein du groupe.
Pas uniquement dans le sport
La confiance, voilà vers quoi tout le monde cherche à se diriger.
Mais ce chemin vers la confiance est fastidieux et certaines personnes ont besoin de plus de temps que d’autres pour arriver à l’assimiler. En volley par exemple, un mauvais résultat peut vite engendrer des doutes et une petite voix intérieure qui dit « je suis nulle ». Face à cela, il faut déjà accepter la réalité, à savoir le fait que la situation n’est pas facile. Ensuite, il faut mettre en action une réponse car ce n’est pas parce que ce n’est pas facile qu’il ne faut rien faire. Donc, il faut se poser la question de comment je peux améliorer ce qui ne va pas.
Michèle Gauthey travaille avec différents sportifs tels que le club Neuchâtel Karaté Do, l’équipe de Suisse junior de karaté, une école de grimpe valaisanne, des triathlètes, des basketteurs ou encore des golfeurs. Et ce modèle étant applicable à tous les domaines, cette ancienne éducatrice spécialisée œuvre également pour des étudiants, des policiers ainsi que des personnes en burn-out ou en rupture professionnelle. Bref, lorsque quelqu’un est confronté à une impasse ou qu’il souhaite franchir un cap dans sa vie, il peut faire appel à elle. À Valtra, la situation délicate est arrivée d’un imprévu qui a bouleversé l’équipe avant même le début de saison. Celui-ci a envoyé les Vallonnières en situation de panique. Michèle Gauthey évoquera ce tournant la semaine prochaine.
Kevin Vaucher