Mathieu Conrath, le garde suisse vallonnier
Bientôt 1 an au service du pape
Voilà déjà bientôt une année que le Vallonnier Mathieu Conrath a prêté serment. Un an que le garde suisse vit au plus près du souverain pontife, dans la caserne réservée à ses 135 protecteurs. Comment se passe un Noël au Vatican ? Comment a-t-il vécu le décès de Benoît XVI ? Comment s’est-il acclimaté à sa nouvelle vie ? Et comment se prépare-t-il à la période chargée de Pâques ? Autant de voiles que « le Vallonnier qui protège le pape » a accepté de lever pour le Courrier.
En parlant avec Mathieu Conrath, on s’aperçoit rapidement que le jeune homme des Verrières a trouvé son rythme de croisière du côté de Rome. Ce rythme a été particulièrement intense ces derniers mois mais ne l’a pas empêché de revenir fouler le sol du Val-de-Travers en fin d’année 2022. « Je suis revenu une seule fois au Vallon depuis que je me suis engagé auprès du pape François. C’était au mois d’octobre passé. Ça m’a vraiment fait du bien de revoir mes proches et la région. »
Les cadeaux de Noël du pape: vin et Panettone
La permission a été bénéfique pour la tête mais elle a été courte. Pas question pour lui de passer au-dessus de son devoir pour les fêtes de Noël. C’est donc à la basilique Saint-Pierre qu’il a vécu le 24 décembre. « J’ai pu assister à la messe en tant que fidèle. Je ne portais donc pas l’uniforme ce soir-là. Le lendemain, nous avons fêté entre gardes, au sein de la caserne. Chacun a reçu un cadeau de la part du commandant et le pape François a offert une bouteille de vin et un Panettone à l’ensemble des employés du Vatican. » Du pain et du vin en quelque sorte…
Une triste nouvelle se répand dans les rues de Rome
Mais la digestion du Panettone était à peine terminée lorsqu’une bien triste nouvelle s’est répandue dans toutes les rues de Rome puis du monde : Benoît XVI est décédé, le 31 décembre 2022, à l’âge de 95 ans. « C’était un moment particulier pour plusieurs raisons. À commencer par le fait que cela tombe en pleine période de fêtes. » Une grosse « mécanique mémorielle » s’est alors mise en marche. Il faut savoir que les hommages sont différents s’il s’agit d’un pape en fonction ou d’un pape émérite, comme Benoît XVI.
Quatre jours de sentinelle auprès de la dépouille
« Nous, les gardes suisses, nous avons effectué le service d’honneur. C’est-à-dire faire la sentinelle 24 heures sur 24 heures, auprès du corps, et durant quatre jours. » En 2005, quatre gardes se relayaient pour veiller sur la dépouille de Jean-Paul II (qui était encore en fonction au moment de sa mort). Cette fois, ils étaient « seulement » deux fois moins. « Tous les fidèles pouvaient se recueillir près du corps qui se trouvait dans la basilique Saint-Pierre. Ils ne pouvaient y accéder que durant la journée mais les gardes ont assuré le service d’honneur jour et nuit. Personnellement, j’ai réalisé deux fois 1 heure de sentinelle lorsque la basilique était complètement vide, ce qui est très rare. »
En poste, en pleine nuit, dans le vide et le silence
Imaginez-vous la scène, à la fois incongrue et si forte. Mathieu Conrath, avec un autre garde, veillant dans le plus grand silence, seuls, au côté du corps de Benoît XVI et dans l’immensité du lieu. « Cela s’est passé entre 21 heures et 22 heures puis entre minuit et une heure du matin lors de la deuxième nuit. Malgré la tristesse de ces moments, j’en garde de beaux souvenirs car je sais que ce que j’ai vécu est unique. » Autre instant « à part » : la messe des funérailles organisée sur la place Saint-Pierre. « En temps normal, il n’y a aucun événement sur cette place entre fin novembre et début mars. C’était donc particulier de travailler sur cette place lors de funérailles d’un pape, célébrées par un autre pape. »
Pas de répit, place à la période de Pâques
Passé ce moment d’histoire pontificale, le Vallonnier a pu prendre un peu de repos. « J’en ai profité pour aller visiter le centre de l’Italie. Je suis content de constater que je parle de mieux en mieux l’italien. Cela m’offre la possibilité de faire d’autres actions, comme le service de garde aux entrées de la cité du Vatican. Le temps passe vite, bientôt un an déjà… Mais je me plais parce que je découvre chaque jour de nouvelles choses. » Mathieu Conrath n’a pas le temps de s’ennuyer. La plus grande fête de l’église catholique arrive bientôt (Pâques). « Ce sera encore une période intense mais c’est là que je me sens le plus utile et que je me rends compte de la chance que j’ai de travailler ici. » Et nous, la chance de pouvoir suivre cette belle expérience à distance. Merci Mathieu et bonne suite de service !
Kevin Vaucher