L’USL Fleurier capitalise sur l’humain
L’acronyme USL sonne comme celui d’une banque. UBS CIC et ainsi de suite. Mais le rôle de l’Union des sociétés locales de Fleurier est bien différent. Elle n’a pas vocation à brasser des millions mais à brasser la population. Elle ne vise pas le profit d’une minorité mais les réjouissances d’une majorité. Elle n’agite pas les devises mais repose sur une devise unique : soutenir la vie locale en rassemblant les sociétés qui la font vivre.
Je n’invente rien, tout est écrit dans les statuts de cette Union fondée en 1947. Bon, c’est dit de façon un peu plus « rigide » mais la conclusion est la même. Depuis plus de 75 ans, elle se donne la mission de maintenir des relations amicales, de soutenir les sociétés de Fleurier et de chapeauter l’organisation des manifestations populaires. Aujourd’hui l’USL Fleurier regroupe quarante sociétés du village telle que le tir, la paroisse, la fanfare, le modélisme, le Cora ou « les Philanthropes ».
25 francs de cotisation
L’USL se décline dans différents villages du Val-de-Travers. « Il y a celle de Môtiers par exemple mais ses bancs sont moins bons que les nôtres », taquine avec camaraderie Pierre Bobillier. Le président de l’USL fleurisane étaie son propos : « Aujourd’hui, une partie de nos activités consiste à louer du matériel à des privés ou lors de fêtes publiques. On parle de vaisselle, de tables, de chaises et ce genre de choses. » Financièrement, ce n’est pas avec les 25 francs de cotisation annuelle, demandée aux membres de l’union, qu’elle arrive à tourner. « Nous sommes dépendants des manifestations et notamment des festivals qui louent notre matériel. »
Abbaye : des voix partagées
L’USL de Fleurier a donc tiré un peu la langue lors des dernières années Covid mais les comptes sont gentiment en train de revenir à l’équilibre. Le fait de rassembler les sociétés en une seule entité a permis de donner du poids à leurs voix. « Quarante voix valent mieux qu’une mais le plus difficile est parfois d’arriver à ne parler que d’une seule voix justement. Sur certains sujets, les avis des membres peuvent diverger un peu », constate-t-il. Certains trouvent notamment que les contraintes administratives et d’hygiène deviennent trop lourdes lors de l’Abbaye du village. « Au point de songer à retirer leurs stands de la fête. » Même regroupé derrière un seul « mégaphone », il reste parfois difficile de faire entendre sa voix.
La pression des contacts virtuels
Alors, chaque présence d’un représentant communal (Eric Sivignon) lors des séances de l’USL
est appréciée. « C’est important que la commune de Val-de-Travers saisisse que ce sont les sociétés qui font vivre les villages. Sans elle il n’y a pas de vie. » Si certaines d’entre elles se font vieillissantes, d’autres arrivent sur la place public.
On pense notamment à Mood Events et son festival. Son président, Mike Cortese, est d’ailleurs le bras droit de Pierre Bobillier à l’USL. L’importance de la relève est appuyée par tous les membres du comité. « Le nombre de bénévoles est constamment soumis à une pression par les contacts virtuels que permettent les réseaux sociaux. Avant, toute la vie passait par le réel et le contact direct. Maintenant, c’est différent », relève Joël Racine.
La banque d’un monde
qui chante !
« Pour survivre, certaines sociétés en demandent toujours plus à leurs membres mais ce sont souvent les mêmes qui font les choses. Cela peut avoir un effet usant », ajoute Anne-Marie Busslinger. Heureusement, l’entraide prend souvent le pas sur les « querelles de clochers » au Val-de-Travers. La musique en est un parfait exemple d’après Alain Cherbuin. « Le Vallon est le seul endroit du canton où on organise encore une Fête de district tous les trois ans. Toutes les fanfares se rencontrent pour jouer ensemble », se félicite le président de la Fédération des musiques du Val-de-Travers. Le slogan de la « banque humaine » qu’est l’USL de Fleurier est donc tout trouvé : la banque d’un monde qui chante !
Kevin Vaucher
Le comité de l’USL Fleurier
Président : Pierre Bobillier ; Vice-président : Mike Cortese ; Secrétaire : Alain Cherbuin ; Caissière : Anne-Marie Busslinger ; Chef matériel : Denis Tüller ; Assesseurs : Suzanne Bobillier et Dario Camilliti ; Représentant : Joël Racine.