A vos questions
Un printemps entre BBQ et feux de cheminée : notre météo se détraque-t-elle ?
Pluies diluviennes, inondations, grêle intense, neige tardive, sécheresse, anomalies de température… Ces phénomènes s’observent désormais simultanément dans les différentes régions de notre pays quel que soit la saison. Quelles en sont les causes ? Pour les comprendre il faut partir vers le Grand Nord pour observer l’évolution du fameux « jet stream polaire» qui contrôle la météo jusque dans nos régions.
Un calendrier saisonnier de moins en moins adapté
Pendant des siècles, les régions rurales, comme la nôtre, vivaient au rythme des saisons avec une société organisée autour des pratiques agricoles basées sur le calendrier lunaire ou météorologique. Sur ces calendriers sont venues se greffer de nombreuses traditions régionales, comme les fameuses fêtes des moissons ou des vendanges, mais aussi de nombreuses adages et proverbes liés au temps. A cette période, les extrêmes météorologiques existaient, mais ils étaient plus rares et moins intenses qu’actuellement, car jusqu’à la moitié du siècle dernier, le climat de nos régions, même s’il connaissait 4 saisons davantage marquées, était assez stable et propice au développement des cultures d’altitudes. Aujourd’hui, ces traditions agricoles sont chamboulées par le dérèglement climatique, ce qui met sous pression le cycle de l’eau, les cultures et donc notre souveraineté alimentaire. Mais comment expliquer l’intensification et l’augmentation des évènements météorologiques extrêmes ?
Quand l’Arctique se réchauffe, notre météo se brouille
La différence de température entre les régions polaires et nos latitudes entraîne la formation de forts vents qui entourent l’Arctique et que l’on appelle le « courant-jet » ou « jet-stream ». A l’origine, ce jet-stream puissant permet de contenir l’air froid dans les régions polaires, ce qui permet une certaine stabilité météorologique dans l’hémisphère Nord.
Aujourd’hui, les régions polaires se réchauffent 3 à 4 fois plus rapidement que le reste du monde. De ce fait, la différence de température entre l’Arctique et nos régions est de plus en plus faible, ce qui ralenti le jet-stream et fait onduler sa trajectoire (Voir image). Cette situation peut faire plonger l’air froid du pôle Nord vers le sud ou, à l’inverse, faire remonter l’air chaud des tropiques vers le nord. Et donc d’un jour à l’autre, nous pouvons passer d’une météo polaire à une météo presque tropicale selon où se trouve les méandres du jet-stream.
Le ralentissement du jet-stream peut aussi entraîner le blocage de masses d’air dans ces méandres qui expliquent, par exemple, les longues périodes de pluies diluviennes ou de canicules que nous avons vécues ces dernières années.
Nous vivons donc dans un monde où la météo va continuer à se brouiller de plus en plus.
L’augmentation des évènements météo-
rologiques extrêmes n’est pas une fatalité
Actuellement, nous avons encore le pouvoir d’atténuer les changements climatiques et donc l’intensité et la fréquence des évènements météorologiques extrêmes. La première chose à faire est de diminuer nos émissions de gaz à effet de serre, et de régénérer les puits de carbone (le végétaux), mais aussi plus largement la biodiversité. Nous allons aussi devoir nous adapter aux changements inéluctables et faire preuve de résilience en repensant nos manières d’habiter l’espace, de travailler, de nous déplacer et de consommer (voir Lecture du Mois). Il s’agit par exemple de ramener à tout prix le végétal au centre de nos villages pour créer des îlots de fraicheur, prévenir les inondations et améliorer la souveraineté alimentaire, mais aussi de revenir à une économie plus locale et circulaire pour moins dépendre des chaînes de valeurs globalisées qui sont très vulnérables aux changements climatiques et autres crises. Plusieurs études montrent que plus une société est solidaire, innovante et moins elle est dépendante aux biens matériels, plus elle sera résiliente aux changements climatiques et à ses conséquences.
Le trajet est parfois long, mais apprendre à vivre mieux avec moins entraîne de nombreux co-bénéfices, le premier étant celui de retrouver du temps pour ce qui compte vraiment, et qui- a-t ’il de plus précieux que le temps ?
Célia Sapart
Lectures du mois
Fake or Not
S’adapter aux changements climatiques
Ilian Moundib, 2024, Tana Editions
Alors que l’on parle sans cesse des solutions pour atténuer les changements climatiques. Le sujet de « comment s’y adapter » est très souvent oublié. Cet ouvrage court, bien illustré et très didactique permet d’ouvrir la réflexion à ce sujet. L’auteur examine l’ensemble des conséquences des changements climatiques sur notre vie quotidienne et explore toutes les pistes qui sont à notre portée pour y faire face : infrastructures, modes de production, organisation sociale, démocratie locale…Un livre très inspirant !
Action du mois de février
Les beaux jours arrivent enfin avec leurs goûteux fruits et légumes de saison. Y-a-t ’il un meilleur moment pour tenter de diminuer sa consommation de viande ? Pour info, 1 kg de bœuf émet environ 60 kg de CO2, donc diminuer de moitié votre consommation de bœuf, est un geste impactant pour atténuer les changements climatiques, mais c’est aussi bon pour la santé et pour le porte-monnaie. Et pour les BBQ, pensez à la volaille qui émet 10 x moins de CO2 par kg que le bœuf.