Le coup d’éclat de Barrelet!
Cet homme est quand même une sacrée canaille ! Olivier D. Barrelet est parvenu à surprendre tout son auditoire, samedi, lors de sa troisième balade musicale. C’est à nouveau «son» Wolfgang Amadeus Mozart qu’il offrait aux oreilles et aux yeux des visiteurs à travers ses grandes œuvres sacrées. Mozart, «le magnifique», est mort dans la plus grande déchéance. Barrelet a revisité cette opposition des genres à sa façon, réussissant son coup d’éclat avant même que ne commence sa conférence son et images. On vous dit tout!
Une vingtaine de minutes avant d’entrer en scène, Olivier D. Barrelet semblait parfaitement décontracté dans la salle d’espaceVal. Le conférencier prenait le temps d’accueillir un à un chaque visiteur venu l’écouter et regarder ses extraits de musique classique. Présent à ses côtés pour assurer la partie technique, Thierry Page avait totale confiance en son orateur du soir. « Il est parfaitement rodé et il connaît son sujet à la perfection. Il pourrait même faire la soirée sans fiche. » Tout semblait donc rouler à la perfection. Mais, moi, il y avait quand même quelque chose qui m’interpellait !
Mais où est-il passé ?
D’ordinaire, le Môtisan met un point d’honneur à être élégant pour son auditoire. Cette fois, il porte un vieux pull en maille de couleur orange. Ce style volontairement « négligé » ne colle pas avec le personnage public. Dès cet instant, j’ai su que cette canaille de Barrelet préparait un coup d’éclat. Le temps de discuter deux-trois mots avec d’autres spectateurs, je me retourne et je ne vois plus la « star » de la soirée. Quelques minutes défilent pendant que la salle continue à se remplir. Nous sommes désormais une cinquantaine de personnes à l’attendre.
Barrelet, le « man in black »
Tout à coup, Barrelet « le négligé » est apparu dans l’angle de la porte en Barrelet « le magnifique ». Drapé d’un costume « all in black », la tête haute et le regard confiant, « Olivierus » Barrelet fit son entrée ! « On peut commencer », envoya-t-il alors à son compère Thierry Page. En un changement de costume et en un changement d’attitude, Barrelet venait de faire ressusciter Mozart. Lui qui a tant de peine à accepter la fin tragique du compositeur autrichien, il prend un malin plaisir à le faire revivre grâce à sa passion inébranlable pour lui.
« Pas trop de blabla, hein »
Après une brève présentation, le spectacle pouvait commencer avec deux œuvres de jeunesse de Mozart. La première, il l’avait composée à l’âge de 12 ans seulement. C’est précoce mais c’était surtout totalement délibéré. Son papa Léopold a commencé à lui donner des cours de clavecin dès ses 4 ans. Il fallait le surélever avec des coussins pour qu’il arrive à être à la hauteur des touches. Olivier D. Barrelet introduisait chaque nouvelle œuvre présentée en quelques mots.
«Vous avez vu ? J’ai pas fait trop de blabla, hein ! Comme vous me l’avez conseillé», me dit-il d’ailleurs en fin de conférence. Et quand deux retardataires arrivent, pas de blabla non plus. Il file chercher deux chaises supplémentaires en première vitesse. Au fil des extraits, il s’en va fréquemment demander à ses auditeurs si tout se passe bien. éternel inquiet ou homme éternellement dirigé vers les autres ? Les deux mon général !
De coup d’éclat en état d’âme
Celle qui fait office d’autorité suprême dans le registre de Mozart, c’est son fameux Requiem. « l n’est pas parfait, il est plus que ça», débotte-il avec une passion toujours aussi inébranlable. Inébranlable, Olivier D. Barrelet ne l’est pas. S’il reconnaît une forme de fascination envers ceux qui «traversent tout de façon inébranlable, comme si rien ne pouvait les abattre», il n’est pas fait de cette matière-là. Il le dit lui-même.
Je suis quelqu’un plein de failles et mon âme reflète mes blessures.
C’est la voix chancelante et gorgée d’émotions qu’il concluait finalement la soirée sur la fameuse « berceuse de la mort » de Mozart : le lacrimosa. De coup d’éclat en état d’âme, Barrelet a tenu son auditoire avec une poigne inébranlable !
Kevin Vaucher