L’Arche de Fleurier est bien gardée !
Située à Fleurier, la seule SPA du Val-de-Travers a vu une nette baisse des abandons et une augmentation des demandes dʼadoption à la suite de lʼapparition du Covid. Et pourtant, plus de 80 chats, 4 chiens, des gerbilles, des lapins, des octodons, deux axolotls et un pogona se trouvent encore dans le bâtiment de la bien nommée rue de lʼHôpital 35. Deux cochons complètent « lʼArche de Fleurier ». Et des serpents ?
Non nous nʼavons pas de serpents ici et il nʼy en aura jamais,
répond du tac au tac la responsable du lieu Gaëlle Dorthe.
Ce serait trop complexe pour notre structure et nous dirigerions dans ce cas les personnes vers le Bois du Petit-Château de La Chaux-de-Fonds.
Outre les contraintes liées à lʼespace, cʼest lʼune des rares limites que la SPA de Fleurier se fixe dans sa mission de protection envers les animaux.
Les axolotls, ça change des poissons rouges
Et quand je dis les animaux au pluriel, ce nʼest pas pour rien.
À la base, on est surtout formé pour gérer un groupe de chiens et de chats mais lʼapparition des nouveaux animaux de compagnie a changé la donne.
Certes, les chats, les chiens, les lapins, les gerbilles et les octodons (une espèce de rongeur) sont plutôt familiers. Mais les deux axolotls hébergés depuis le début dʼannée dans un aquarium adapté sont déjà plus excentriques. Ces amphibiens dʼune trentaine de centimètres à la morphologie larvaire peuvent avoir quelque chose dʼeffrayant.
Cʼest sûr que ça change des poissons rouges,
reconnaît-elle amusée.
Un pogona pas très affamé
Dans la pièce dʼà-côté, le pogona (un lézard à lʼallure massive) donne une touche encore plus exotique à ma visite. Jʼarrive apparemment au bon moment car son repas vient dʼêtre servi. Mais le pogona ne semble pas affamé et accorde un sursis aux grillons pour le moment. Gaëlle Dorthe en profite pour me parler des deux cochons logés en extérieur de lʼautre côté de la route.
Ce sont les deux seuls animaux à ne pas avoir été abandonnés. Cela nous permet de diversifier encore plus la formation de nos apprenties Océane et Agathe. Plus elles sont confrontées à des espèces différentes, plus leur bagage sera complet.
Jean-Luc, un employé polyvalent qui sʼoccupe notamment du parc pour les chiens, et la coresponsable du refuge Tara Limido constituent le reste de lʼéquipe.
Deux abandons anonymes en seize ans
Pour chapeauter le tout, Gaëlle est parfaite car elle connaît tous les recoins de « lʼArche de Fleurier ».
Jʼai commencé à travailler là en 2005 puis jʼai fait mon apprentissage, un CFC de gardienne dʼanimaux, entre 2006 et 2009. Après quoi, jʼy suis restée et jʼai pris de nouvelles responsabilités.
Durant ces seize ans, elle a été confrontée seulement deux fois à des abandons anonymes derrière la porte de lʼétablissement.
La personne nous a appelés quelques jours plus tard pour lʼun de ces deux cas. Pour lʼautre, on nʼa jamais eu plus dʼexplications.
Les femmes de la SPA de Fleurier ne jugent pas les propriétaires qui font le choix de se séparer de leur animal. Lʼusage veut juste quʼils appellent pour prévenir avant de le faire. Ne serait-ce que pour se renseigner sur le nouveau pensionnaire en question.
Le Covid a fait chuter le nombre dʼabandons
Sʼil nʼy a pas dʼheure pour les abandons, les visites pour adoptions se font sur rendez-vous du lundi au samedi entre 14 h et 16 h.
Cela nous permet de prendre le temps pour le faire et de nous assurer de la sincérité de la démarche.
Et les rendez-vous nʼont pas manqué ces derniers mois.
Le Covid a poussé les gens à rester à la maison et leur a donné plus de temps pour sʼoccuper dʼun compagnon de route. Il y a donc eu moins dʼabandons et beaucoup plus de demandes de placement.
À priori plutôt une bonne nouvelle… mais pas forcément en fin de compte.
Il a fallu faire le tri entre les demandes qui étaient le fruit de réflexions mûries et celles plus passagères liées à la situation sanitaire.
Un contrat dʼadoption à signer et à respecter
Certaines personnes nʼont donc pas trouvé dʼissue favorable à leur quête dʼanimal de compagnie.
On ne le fait jamais de gaieté de cœur mais on se doit de penser au bien-être des bêtes avant tout.
Est-ce dû à la qualité de ce « filtrage » ou à autre chose, en tout cas il nʼy a pas eu de vague dʼabandons lors du retour à une vie « post Covid » plus normalisée. Comme garde-fou, il est stipulé dans le contrat dʼadoption que la SPA peut faire des visites de contrôles pour sʼassurer que tout se passe bien.
En pratique, on nʼa pas besoin de le faire car les familles nous donnent facilement des nouvelles. Ou alors lʼanimal nous est ramené,
précise Gaëlle Dorthe qui a déjà fait passer trois chiens et deux chats du refuge à chez elle.
Cʼétait impossible de ne pas avoir dʼanimaux à la maison. Et ils ne sont pas malheureux, je respecte ma part du contrat rassurez-vous,
plaisante la Vallonnière. Et pendant ce temps, le pogona nʼa toujours pas bougé dʼune oreille. Drôle de zèbre !
Kevin Vaucher