Mont-de-Boveresse
La biodiversité étudiée sous toutes les coutures
Depuis deux semaines, les prises de mesures liées à la biodiversité, par l’entreprise Natura, battent leur plein sur le site du Mont-de-Boveresse pour évaluer l’impact du futur projet éolien. Le Courrier du Val-de-Travers hebdo a pu se rendre sur place pour observer le processus en cours.
Une brise vive, un soleil radieux et une myriade de points jaunes de jonquilles, tel était le paysage qui accueillait le Courrier du Val-de-Travers hebdo la semaine dernière, au Mont-de-Boveresse, ainsi qu’Emmanuel Contesse, ingénieur en gestion de la nature et directeur de Natura, société indépendante et mandatée par Ennova, promoteur du parc éolien du lieu, pour faire les études de sol et de biodiversité sur le site. « Pour cela, sur le terrain, nous avons 3 à 4 personnes, plus un ornithologue pour l’avifaune », explique-t-il d’entrée. Avec la venue des beaux jours, l’étude de terrain peut réellement débuter, même si des premières observations pour les rapaces nicheurs ont déjà eu lieu à la fin du mois de février, afin d’identifier les nids.
Il y a dix ans, lors des prémisses du projet de parc éolien, un rapport d’enquête préliminaire avait été établi par la société. Désormais, selon Emmanuel Contesse, il s’agit de vérifier ces premières données et les préciser. « Nous devons les affiner à la coordonnée près », note l’ingénieur, smartphone en main pour « borner », cartographier numériquement les lieux. Plusieurs éléments sont investigués par Natura, l’avifaune nicheuse et migratoire, l’activité chiroptère, soit des chauves-souris et celle des reptiles et des invertébrés, ainsi que la nature des sols du site, la flore ou les structures, comme les empierrages ou les murs de pierres sèches. « Un arbre remarquable comme un empierrage peuvent être un habitat pour le vivant, une zone refuge », relève-t-il, en arpentant le terrain. Des espaces « créés par l’activité humaine » et qui attirent les reptiles, notamment.
Travail de longue haleine
L’objectif final du travail du bureau Natura est la constitution d’une carte détaillée à l’extrême du site du Mont-de-Boveresse qui distinguera les secteurs en rouge, jaune et vert, et ce afin d’identifier les zones à préserver. « Il y a trois volets dans notre travail : déterminer les zones d’exclusion d’infrastructure, les mesures de réduction de l’impact éolien, comme avec le possible arrêt des machines en période de fauche, et celle de compensations écologiques, comme, par exemple, la reconstitution de haies », détaille Emmanuel Contesse. Durant cette fin de printemps, le travail se concentrera sur l’étude de l’avifaune, avec un passage par mois sur l’ensemble du site, ainsi que plusieurs études de nuit pour l’activité chiroptère et de l’avifaune nocturne. La flore sera, elle, examinée plus avant lors des mois de mai et juin lorsque celle-ci aura enfin fleuri après le climat maussade de ce printemps.
Pour comprendre le travail des personnes de Natura, il faut se figurer qu’elles vont arpenter de long en large, durant plusieurs semaines, le Mont-de-Boveresse pour recenser chaque espèce de plantes et leur endroit dans le but de cette cartographie détaillée du site. La société se donne une année d’observation, avec quelques mois de réserve, pour délivrer son rapport à Ennova, promoteur du site. « Pour l’instant, la météo n’a pas été avec nous. L’observation de l’avifaune en dépend », note Emmanuel Contesse, en expliquant que les oiseaux ne s’aventurent pas sous la pluie. Néanmoins, l’ingénieur en gestion de la nature a connaissance du fait que beaucoup de rapaces remontent la combe de Saint-Sulpice avec les thermiques. Des éléments qui feront évidemment partie du rapport de la société au groupe éolien.
« Trouver les meilleures mesures »
Le dirigeant du bureau d’études Natura reconnaît que la gestion de la nature en Suisse s’inspire beaucoup de ce qui se fait en Allemagne, qui possède plusieurs années d’avance sur la gestion de la biodiversité d’un parc éolien. « Le niveau de détail des investigations a énormément progressé depuis vingt ans », souligne Emmanuel Contesse, en ajoutant que cela suit les enjeux actuels « de la biodiversité ». Entre-temps, nous arpentons une zone du site où est dressé, depuis mars, l’un des trois mâts de mesure. À sont pied, la pédologue de la société, Valentine Gerber, poursuit ses études de terrains, afin de déterminer la nature des sols du Mont-de-Boveresse.
« Notre rôle est de trouver les meilleures mesures, les plus adaptables pour prévenir tout impact ou de les réduire au minimum acceptable », résume Emmanuel Contesse. Pour le directeur de Natura, il est possible d’amener une « plus-value » environnementale au site grâce à un ensemble de mesures et ce malgré la construction d’éoliennes. D’ailleurs, un « monitoring » environnemental par un groupe d’experts est déjà prévu durant la durée d’exploitation du futur parc éolien, et ce dans le but de réduire les incidences sur la faune et la flore de celui-ci. Ce qui tient encore de la musique d’avenir, le groupe Ennova ne souhaitant pas entreprendre quoi que ce soit avant la construction et un « retour » du parc éolien de la Montagne de Buttes, dont l’avenir est encore suspendu à la décision du Tribunal fédéral.
Gabriel Risold