José Arandilla
Le Vallonnier qui a marché sur Gaza !
José Arandilla habite un « petit chalet » qu’il rénove au Vallon. Cet homme de 57 ans a enfin trouvé de la stabilité dans notre région après avoir beaucoup bourlingué, traversant quelque 45 pays dans sa vie. Mais l’homme n’a pas laissé tomber ses combats pour autant ! À la mi-juin, le Vallonnier s’est remis en marche pour participer à la « Marche vers Gaza ». Ce qui devait être une petite marche locale s’est transformé en mouvement mondial, réunissant des milliers de marcheurs, venus d’une grosse cinquantaine de pays. Il témoigne !
Cette histoire est l’incarnation même de la force du peuple – des peuples – et montre comment les réseaux sociaux et internet permettent aujourd’hui à une cause de se diffuser à travers le monde en un temps record. Ce qui devait être une marche de soutien locale pour Gaza (ndlr : confronté à d’intenses bombardements depuis l’attaque du Hamas sur Israël, le 7 octobre 2023) s’est mué en véritable action citoyenne à échelle mondiale : « Cette petite marche pour Gaza est devenue la ‹ Marche vers Gaza › avec l’objectif de nous rendre en Égypte, sur le point de passage de Rafah, pour faire sauter le blocus de l’aide humanitaire et permettre aux camions de rentrer à Gaza », explique José Arandilla.
Aussi une action de sensibilisation !
L’habitant vallonnier précise qu’il a toujours été prévu d’agir pacifiquement et que les participants ont signé une charte en ce sens avant de prendre la route depuis plus de 50 pays différents. Bien sûr, le mouvement avait aussi l’idée d’attirer l’attention et de sensibiliser les autorités. « La situation est surréaliste à Gaza. Je ne sais pas si on se rend bien compte de cela. C’est quand même unique de voir un peuple se faire voler son pays, la Palestine. Là-bas, ils sont bombardés depuis plus d’une année et demie et ça tire même sur les rares personnes qui viennent ravitailler la population. Je mentionne directement que tout ce que je dis est vérifié et issu de médias israéliens. Je dis cela pour éviter le procès en antisémitisme qui est un levier de protection fréquent chez les partisans de la politique israélienne de Benjamin Netanyahu. »
Fouilles, arrestations et déploiement massif des forces de l’ordre
Il y a quelques jours, José Arandilla s’est donc mis en marche en direction de l’Égypte et les problèmes n’ont pas tardé à le rattraper. Ils sont arrivés dès le pied posé à l’aéroport du Caire. « Tous les participants typés maghrébins ont été fouillés et certains ont été arrêtés plusieurs jours. Dans les rues, nous étions sans arrêt arrêtés pour être fouillés également. » Sur place, le lieu de rendez-vous avait été tenu secret mais, là encore, tout ne s’est pas passé comme prévu non plus. « Les forces de l’ordre étaient au courant et elles ont investi la place au petit matin. » Rendez-vous annulé. Place au plan B ! Le plan B consistait à se rendre dans un autre endroit pour débuter la marche. « Mais autant dire qu’on n’y est jamais arrivés. De nombreux checkpoints avaient été mis en place pour nous empêcher d’avancer. Moi et mon groupe avons été stoppés au deuxième point de contrôle. »
Stoppés en route, avec le petit-fils de Nelson Mandela
Le petit-fils de…Nelson Mandela se trouvait dans la même position que lui. « Il faisait 42 degrés. Nos passeports nous ont été confisqués et on nous a intimé l’ordre de rentrer au Caire sans quoi la force serait utilisée pour nous faire reculer. » Les différentes délégations se sont pliées à cet ordre pour ne pas créer de violence. Et puis… « J’ai refusé de quitter les lieux si facilement car je le vivais comme un échec frustrant. Et là, il s’est passé ce moment magique où tout le monde s’est assis dans le silence les uns après les autres. C’était si fort ! » La police n’en a pas été émue et elle a obéi aux directives : charger ! José Arandilla a reçu quelques coups de matraque. « Un député turc avait la tête en sang à côté de moi. Les autorités ont fini par jeter tout le monde dans des taxis pour dégager la zone. » Le Vallonnier est aujourd’hui de retour dans la région mais il compte repartir début octobre en Cisjordanie cette fois-ci. « Je veux participer à la récolte des olives, véritable colonne vertébrale de leur économie. » Dans cette poudrière, est-il vraiment prêt à prendre ce risque ? « Totalement ! Est-ce que j’ai peur ? Disons que je m’en remets à Dieu… »
Kevin Vaucher