Indulgence, laxisme ou lâcheté ?
Allons droit au but, la situation autour du centre de requérants d’asile des Cernets s’est largement détériorée ces derniers mois. Vols, intrusions, accrochages et divers autres délits se sont multipliés aux Verrières et dans le Val-de-Travers en général. L’exaspération d’une partie de la population est de plus en plus manifeste. Celle des autorités communales verrisannes suit la même tendance. Doit-on parler d’indulgence, de laxisme ou alors de lâcheté du Secrétariat d’État aux migrations ? Ou pire, d’impuissance ?
L’un des points fondamentaux de ce dossier touche à la fonction même du centre fédéral des Cernets. Il s’agit d’un lieu qui accueille des requérants récalcitrants, c’est-à-dire qu’ils ont déjà créé des problèmes précédemment dans des centres traditionnels. Ils sont donc envoyés ici « par punition » en quelque sorte.
Une partie d’entre-eux ont déjà fait de la prison dans leur parcours et ils savent très bien jouer avec le système,
précise le conseiller communal Daniel Galster.
Ils agissent par opportunité en volant une bouteille de whisky ou un paquet de cigarettes. Les problèmes arrivent souvent quand ils sont alcoolisés d’ailleurs. Comme ils ne touchent aucun argent de poche dans ce centre, on peut légitimement se demander comment ils obtiennent cet alcool.
L’effet de groupe est aussi un facteur très important. Plus ils sont nombreux, plus le risque de dérapage augmente. C’est un phénomène « humain » que l’on voit aussi auprès des jeunes par exemple. Cela n’excuse en rien les manquements à la loi.
Navette spéciale pour transporter les requérants en discussion
Cela fait depuis fin février que des débordements nous sont remontés. Il y a notamment eu une grosse vague lorsqu’il y avait une bonne quinzaine de requérants.
Le fameux effet de groupe ! Actuellement, ils sont cinq ou six mais tout évolue très vite car dès qu’il y a un problème dans un centre traditionnel, même en Suisse allemande, c’est aux Cernets qu’ils sont envoyés. La commune des Verrières a demandé au Secrétariat d’État aux migrations (SEM) de fixer un plafond de dix requérants maximums en même temps dans le centre. Le SEM est en pleine réflexion sur cette proposition. Avant cette mesure potentielle, la Commune a déjà initié une rencontre le 9 mars dernier en présence du SEM, de la police, des gérants du centre et des responsables de TransN. Pourquoi TransN ? Car il y eu plusieurs incidents dans des bus avec des requérants. Il est désormais question que le SEM finance une navette entre Les Cernets et la gare des Verrières pour éviter ce type de problèmes. Mais aucune décision n’a encore été prise en ce sens.
La théorie d’un côté, les faits de l’autre !
À la suite de cette réunion, il a été décidé d’augmenter les patrouilles d’agents de sécurité sur le trajet des requérants, et notamment dans les bus, pour le contrôle des titres de transport. La fragilité de cette mesure réside dans le fait qu’un agent de sécurité a des moyens d’action très limités et qu’il doit souvent faire appel à la police pour donner une vraie réponse à un délit. Il a également été décidé de renforcer la clôture autour du centre.
Théoriquement, aucun requérant ne doit sortir de ce périmètre avant 9 h et après 17 h,
continue Daniel Galster. Mais bon nombre de témoignages prouvent que cette règle n’est pas respectée et qu’aucune véritable sanction ne vient réprimander ceux qui « font le mur ». Le SEM prévoit bien quelques possibilités de réprimandes, comme le fait de limiter leur sortie du centre pendant 24 h, mais les faits montrent qu’elles ne sont pas appliquées ou simplement inefficaces. Finalement, il convient de se demander si un petit village reculé comme Les Verrières est un bon lieu pour accueillir ce genre d’établissement ? Est-ce idéal pour favoriser l’intégration ?
Requérants venus du Maghreb avec peu de chance de légalisation
Le collectif « droit de rester » pense que punir n’est pas la bonne solution et dénonce les conditions de traitements des requérants dans les centres d’accueil. Dans un reportage de la RTS, diffusé au 19 h 30, une de ses membres – Julie Maillard – juge la violence administrative contre-productive. Elle demande davantage d’écoute et de « soins » en lieu et place de l’exclusion de la vie civile des requérants. En contre-pied, nous avons reçu beaucoup de témoignages d’habitants nous posant ce genre de question : compte tenu des incidents survenus chez des particuliers et dans plusieurs commerces du Vallon (crachat au visage, vitre cassée, vol, altercation,…), méritent-ils cette chance d’être intégrés à la société ? Peut-on seulement imaginer légaliser le statut de personnes qui agissent déjà en dehors des « cases » avant même qu’une décision ne soit prise sur leur cas ?
Ces questions sont légitimes. Il s’agit principalement de demandeurs venus du Maghreb. Et nous sommes très loin d’individus provenant de pays en guerre comme l’Ukraine par exemple. D’ailleurs, très peu obtiennent un statut légal dans notre pays. Aux Verrières, ils restent entre 20 à 30 jours puis repartent dans un centre traditionnel.
En laissant une bien mauvaise image et peu de bons souvenirs derrière eux !
Kevin Vaucher