Horaire TransN 2025
Le no man’s land du Haut-Vallon ?
Le Courrier a vu déferler sur son bureau un grand nombre de réactions à la suite de l’annonce de l’horaire de bus 2025 publié par TransN. Bien qu’il ne doit entrer en vigueur qu’en décembre 2024, le voilà déjà en pleine zone de turbulences. Les villages du Haut-Vallon se sentent grandement négligés pour ne pas dire oubliés et méprisés. Une pétition a même été lancée. Celle-ci a pour objet d’ouvrir le dialogue et de trouver des solutions en faisant appel au bon sens commun.
Les transports publics font décidément beaucoup parler d’eux au Vallon. Déjà privé de trains jusqu’en avril 2025, le Val-de-Travers voit désormais son offre de bus fortement impactée. C’est du moins le constat effectué par les utilisateurs de la ligne 590, reliant Couvet, Fleurier, Les Verrières et Pontarlier notamment. En filigrane de cette situation, une question s’impose d’elle-même : le sort d’une région comme la nôtre est-il forcément d’être sacrifié sur l’autel de la rentabilité ?
Population réceptive
« Il faut lancer le débat maintenant ! Nous voulons que les portes s’ouvrent plutôt qu’elles ne se referment », pose Isabelle de Warenghien. La citoyenne des Bayards fait partie des personnes qui se sont réunies pour faire entendre leur voix à travers une pétition. « Elle est là pour poser les choses sur la table et pour trouver des solutions. » Est-ce que cela est susceptible de faire reculer TransN selon elle ? « En tout cas, c’est mieux que de se taire. La population est très réceptive et personne n’a refusé de signer la pétition jusqu’à aujourd’hui. J’ai entendu dire que TransN envisageait maintenant d’ajouter un bus ici ou là mais ce n’est pas le sujet. »
Pas de vie sociale après 19 h 30 ?
Que faire alors ? « On ne peut pas se contenter de compromis. Il faut repenser la question des transports publics en profondeur pour des villages comme Les Verrières ou Les Bayards. » Isabelle de Warenghien prend alors un exemple « tout bête » pour expliciter ses propos : « Prenez une personne comme moi, sans voiture et qui habite aux Bayards. Je dois me rendre parfois à Neuchâtel en fin de journée et en soirée. Or, je ne pourrai plus le faire si le nouvel horaire est appliqué tel qu’il a été annoncé. » En cause, un dernier bus au départ des Verrières qui partirait désormais à 19 h 30, depuis Fleurier (en semaine). Faut-il en déduire que les non-titulaires de permis de conduire, résidant dans le Haut-Vallon, n’ont aucune obligation professionnelle, sportive, associative ou familiale à partir de 19 h 30 ?
Trop faible fréquentation ?
La question volontairement provocante a le mérite de poser le problème de l’isolement social dans les régions dites périphériques du canton. Cette crainte entre en confrontation avec la logique de rentabilité et de fréquentation des lignes de bus. Et la question est plus vaste qu’il n’y paraît puisque le changement d’horaire impacterait également le trafic pendulaire. Les courses entre le Val-de-Travers et la France seraient réduites au strict minimum la semaine avec un départ de Pontarlier à 5 h 45 et deux allers-retours en fin de journée. Ce serait encore pire le week-end puisqu’aucune des six liaisons ne seraient maintenues. Dans son édition du 8 juillet, le média frontalier Hebdo25 affirme que les quotas de fréquentation minimum ne sont pas atteints, ce qui empêchent l’obtention d’aides fédérales sur ces lignes.
Des plans B et C
Or, le coût annuel de ces lignes est de 2.5 millions de francs et les autorités françaises rechignent à participer à leurs financements. Comme souvent, le nœud du problème est économique. « Mais des solutions existent », continue de plaider la Bayardine. Il est vrai que plusieurs habitants du Haut-Vallon nous ont parlé du bus à la demande.
« Une solution qui n’est pas parfaite mais qui dépanne bien de temps en temps », évoque une Verrisanne. Dans un autre registre, il y a aussi les « bancs stop ». « Cela existe déjà à certains endroits comme à Château-d’œx. Au lieu de lever le pouce pour faire du stop, les gens s’asseyent sur un banc stop et les automobilistes savent immédiatement qu’ils ont besoin d’un véhicule. » Mais pour ceci, il faut que la solidarité existe. Celle-là même qui avait été demandée aux Vallonniers par le Conseil d’État au moment du vote sur le TransRUN ?
Kevin Vaucher
Contacté à plusieurs reprises, l’entreprise TransN n’a, pour l’heure, procédé à aucune prise de parole officielle. Nous vous la partagerons dès qu’elle nous sera parvenue.