Hommage aux « Bourbaki »
Une histoire de frontière
Il y a 153 ans, l’internement des soldats du général Bourbaki en Suisse se déroulait dans un paysage coiffé du manteau blanc hivernal. Cette année, il pleuvait plus ou moins dru en ce 1er février anniversaire. Le bruit de gouttes tombant sur le sol et sur les arbres du temple des Verrières donna une résonance toute particulière à l’événement. « Boummmmmm, boummmmmm et boummmmmm ! »
Le Bourbaki d’honneur 2024 est…
Les trois coups de canon envoyés par la Batterie 14 de Roland Fatton ont été particulièrement vigoureux. En avait-il mis un peu plus dans ses boulets pour marquer le coup ? Le principal intéressé n’en dira pas plus, sourire aux lèvres. L’autre personne qui a attiré l’attention est Benjamin Locatelli. Celui qui a réalisé deux fresques commémoratives des deux côtés de la frontière franco-suisse a été nommé Bourbaki d’honneur 2024. Un bel honneur pour celui qui a traversé la frontière il y a dix ans.
Qu’est ce qu’ils diraient ?
« À la base, je suis Français. Je suis arrivé en Suisse en passant par la même frontière que celle empruntée par les soldats Bourbaki il y a 153 ans. Pour mon discours, je me suis demandé ce que j’aurais ressenti si j’avais été l’un d’eux à l’époque. Qu’est-ce que je dirais aujourd’hui si j’avais vécu cela ? Je pense que je parlerais de solidarité, d’humanité et d’entraide et c’est exactement ce que nous commémorons depuis tout ce temps. Alors nous ne devons pas être si loin de ce qu’ils diraient aujourd’hui en ce lieu. »
L’uniforme n’est pas neutre
Plus de 150 ans plus tard, l’Association Bourbaki fait perdurer le souvenir de ce glorieux passé. Et 150 ans plus tard, on remarque aussi qu’il est toujours aussi compliqué de passer la frontière en uniforme. « Je travaille à l’ambassade de France à Berne », plante l’adjudante-cheffe Marjorie Trutt. « Je suis venue aujourd’hui avec mon uniforme officiel que je ne peux porter qu’en Suisse. Il y avait une première partie commémorative côté français et je n’ai pas pu m’y rendre. Il m’est interdit de passer la frontière avec cette tenue. » S’il est à première vue anecdotique, ce fait en dit en réalité beaucoup sur la portée réelle de l’épisode de 1871.
Kevin Vaucher