À Lugano, Bargo se plie en 6 !
Depuis cette saison, le joyau féminin de la «couronne du CP Fleurier» a pris le large en direction du bord du lac de Lugano. Soucieuse de mieux coupler son développement de hockeyeuse à ses études, Eva Bargo (16 ans) a intégré l’école de sportifs et sportives d’élite de Tenero. Ce changement d’adresse s’est accompagné d’un changement de maillot. Fini le «jaune et noir» fleurisan, place au «bianconero» tessinois. Là-bas, la Vallonnière a des journées bien remplies. Elle se plie en six pour pouvoir suivre le rythme avant de rejoindre son appartement luganais. Une colocation de six joueuses des «ladies».
Jetons un rapide coup d’œil à l’agenda hebdomadaire d’Eva Bargo pour mieux comprendre sa nouvelle vie tessinoise. Du lundi au vendredi, il y a des cours matin et après-midi. Quasiment tous les jours, il y a entraînement avec les «ladies» de Lugano. Le mardi et le jeudi matin, il y a aussi de la glace avec les U17 élite et les U20 élite luganais. Avec ça, Eva reprendra bien 4 heures d’italien le lundi et 2 heures le jeudi.
Actuellement en Suède avec l’équipe de Suisse
Et le week-end, elle en profite pour souffler? «Non, il y a les matches bien sûr.» Quand les championnats nationaux se posent sur un rythme plus calme quelques jours, c’est en général pour permettre aux sélections helvétiques de prendre le relais. Et là, Eva Bargo est encore dans le coup! Elle s’est envolée en Suède il y a quelques jours afin de jouer le tournoi des Quatre Nations avec l’équipe de suisse féminine des moins de 18 ans. L’Allemagne, la Slovaquie puis la Suède ont défilé tour à tour devant les casques de la Fleurisane et de ses coéquipières (1 victoire et deux défaites). ça va Eva, pas trop essoufflée?
Colocation avec une Jurassienne et 4 autres joueuses
«Ça va, je ne me plains pas. C’est moi qui ai cherché ce changement de vie. Je voulais trouver un environnement qui me permette de progresser dans le hockey tout en étudiant. Je l’ai trouvé avec cette école à Tenero et le hockey à Lugano. C’est intense mais c’est ce que je cherchais.» Pour faciliter les transitions, la jeune femme a la chance d’habiter un appartement à 5 minutes de la patinoire. ça facilite grandement la logistique mais il faut aimer la compagnie en contrepartie. «C’est une colocation de six joueuses dont la Jurassienne Jade Surdez. C’est beaucoup mais la situation devrait évoluer favorablement prochainement avec la mise à disposition d’un autre logement.»
Trois ans devant elle!
Eva est jeune et elle sait que la colocation fait souvent partie des passages obligés pour celles et ceux qui ont de l’ambition, comme elle. Rappelons que son but est de jouer dans les championnats féminins les plus professionnalisés que sont ceux d’Amérique du Nord ou de Suède. Mais pour le moment, elle s’est lancée dans un cursus de trois ans auprès de l’école de Tenero. Cela lui laisse un bon laps de temps pour progresser dans l’excellente structure des «ladies» et pour apprendre la langue. «Je comprends pratiquement tout ce qu’on me dit en italien mais je parle très peu», reconnaît-elle. Comme sur la glace, l’assurance viendra avec le temps.
De la ligue D à la ligue A
Sportivement, les choses se mettent en place plutôt bien également. On sent que la jeune joueuse a envie de gagner rapidement en responsabilités mais il faut savoir être patiente parfois. N’oublions pas que les Luganaises jouent en ligue A féminine, soit quatre catégories au-dessus du CP Fleurier féminin, avec qui Bargo évoluait l’année dernière. «Je joue un peu moins depuis que les étrangères sont arrivées au club mais ça va. Je me sens bien dans cette ligue. L’équipe s’est beaucoup rajeunie par rapport aux années précédentes mais on se bat pour le top 4, qui nous ouvrirait la voie des play-off.» Le coach Benjamin Rogger a malgré tout une certaine pression car le HC Ladies Lugano est le club le plus titré avec huit sacres à son actif. Je rectifie, à Lugano, Bargo ne se plie pas en 6 mais en 8!
Kevin Vaucher