10e Fête du froid de La Brévine
Du monde jusque dans le lac !
Que faire avec un lac gelé et une tronçonneuse ? Réponse brévinière : une piscine naturelle où l’eau affiche 1 degré et où des baigneurs viennent s’y tremper. Et que faire pour nourrir des milliers de visiteurs ? Réponse brévinière : confectionner une taillaule de plus de quatre mètres pour battre le record du monde ! Et finalement, que faire pour attirer 8000 personnes dans un village qui compte dix fois moins d’habitants ? Réponse brévinière : la Fête du froid !
Transformer le négatif en positif, c’est un peu le sens profond qui sous-tend la Fête du froid. Quitte à vivre dans une vallée où il fait bon chatouiller les records de froid, autant jouer le coup marketing à fond. Excellente idée ! C’est d’ailleurs en partant d’un clin d’œil glacé que l’idée de « record du monde » de la plus grande taillaule a germé dans l’esprit des organisateurs.
Taillaule de 4.22 mètres
Il n’existe pas de record du monde de longueur de taillaule à proprement parler. Mais c’est un clin d’œil au record de froid enregistré à La Brévine (-41,8) qu’une brioche de 4.18 mètres a été préparée par le boulanger du village. En fin de compte, celle-ci atteignait 4.22 mètres et elle a permis de rassasier un certain nombre de visiteurs présents, samedi, dans les alentours du lac des Taillères. Ce qui fait la force de cette fête, et ce qui a permis d’attirer 8000 personnes cette année encore,
c’est la diversité des activités proposées.
La « show » du milieu !
Cette dixième édition a commencé le vendredi soir, du côté de La Chaux-du-Milieu. « C’était complet. Il y avait plus de 200 spectateurs. J’ai pleuré aux larmes lors du spectacle de l’humoriste Nathanaël Rochat. Il en a « talqué » plus d’un. Et j’ai adoré le concert du groupe Sang d’Ancre », rapporte Yves Vuille. Membre du comité d’organisation, il a également montré l’exemple lors de la baignade dans le lac gelé. « J’aime bien les bains à l’eau froide car c’est bon pour le corps. Quoique certains prétendent qu’il faudrait éviter de s’immerger dans une eau inférieure à dix degrés. Mais passons…»
Une baignade à 1 degré
Aux Taillères, le thermomètre du lac affichait 1 degré seulement. Pas de quoi décourager plusieurs groupes de baigneurs de Suisse romande de s’y plonger. « C’est une animation et pas une initiation. On souhaite éviter tout risque d’accident donc on réserve le bassin aux habitués. » Chacun doit d’ailleurs signer une décharge de responsabilité avant de faire trempette dans l’espace percé à la tronçonneuse, dans seize bons centimètres de glace. à 1 degré, il est théoriquement recommandé de rester une à deux minutes dans l’eau. « De toute façon, on ne traîne jamais trop longtemps car c’est le corps qui dit stop. On le sait tout de suite quand il faut sortir. »
Le cow-boy et le champagne
Je ne devrais pas vous révéler le secret d’Yves Vuille pour s’entraîner mais je ne peux m’empêcher de le partager avec vous. Je lui laisse donc la parole : « Chez moi, j’ai des chevaux et ils ont une grande bassine d’eau pour s’abreuver. En hiver, quand l’eau est bien froide, il m’arrive de m’y plonger quelques minutes intégralement. J’ai vu une vidéo
d’un cow-boy faire ça et j’ai voulu essayer pour m’amuser », précise-t-il, hilare. Sympathique et prévenant, l’homme avait tout prévu pour récompenser ceux qui se sont jetés à l’eau, samedi dernier. « J’ai glissé une bouteille de champagne dans un bloc de glace, au milieu du bassin. On sait recevoir à La Brévine. » C’est donc ça, briser la glace ?
Des « toutous » pas pépères
Pour l’échange et la bonne humeur, les sons de la fanfare de La Brévine ne sont pas mal non plus. Tout comme les grands feux de bois et les torées neuchâteloises improvisées en plein milieu du village du froid, installé sur le parking du lac des Taillères. Les enfants en ont pris plein les yeux aussi avec notamment le cortège aux flambeaux, le feu d’artifice, les spectacles de bulles de savon géantes et les balades en chiens de traîneaux. Pour la troisième fois, l’association « Passion nordique » est venue avec un beau contingent de « toutous » tout sauf pépères.
De chiens « cassés » à chiens de traîneaux
« Un chien de traîneaux a besoin d’un entraînement quotidien pour tenir la distance. C’est important. Surtout quand la neige est molle, comme aujourd’hui, car c’est vite fatigant », livre le meneur de chiens (musher) Adrien Moreaux. Lui, c’est uniquement avec des chiens abandonnés ou maltraités qu’il travaille. « C’est un super challenge à relever que de les reconditionner. Il faut les accompagner pour qu’ils nous donnent petit à petit leur confiance. Et au final, ils adorent faire ça. » à entendre leurs aboiements excités avant le premier tour de piste, on ne peut que le confirmer. Décidément, à La Brévine, savoir transformer le négatif en positif semble être devenu un art !
Kevin Vaucher