Eux, ce sont des artistes comme nous !
Depuis le 22 septembre, et jusqu’à ce dimanche 1er octobre, la Pension Beauregard à Fleurier s’habille des œuvres de trois artistes régionaux. Particularité de l’exposition : c’est une grande première pour Korinne Lancette, Emilie Racine-Kolly ainsi que son mari Gaëtan Kolly. Jusque-là, ceux qui se définissent avec humour comme des « artistes du dimanche » réservaient le droit de regard sur leurs créations à leurs proches. Cette mise à nu artistique est courageuse mais elle est également dangereuse…
« Pour tout vous dire, on stresse beaucoup », extériorise Emilie Racine-Kolly à quelques minutes de l’ouverture des portes du vernissage (le 22 septembre). « J’ai même hésité à exposer dans une autre région que le Val-de-Travers car je connais beaucoup de monde ici », poursuit-elle. En art, il est parfois plus difficile de se dévoiler aux connaissances qu’aux inconnus. La part de risque est plus grande. « Si notre travail ne plaît pas, cela peut nous coller longtemps sur le dos. »
Un acte de courage qui se prolonge
Dix jours, c’est le temps pendant lequel se déclinera cet acte de courage. Les trois artistes peuvent maintenant souffler, leurs œuvres plaisent aux visiteurs. C’est ce qui ressort des premiers jours d’exposition. Elles leur parlent car elles sont faites par des gens comme eux, qui ne sont pas des professionnels du métier mais qui dépeignent leur environnement avec leur sensibilité. Cette sensibilité, inspirée de la « vraie vie », ne tombe pas dans l’art trop complexe qui peut faire mal à la tête à certains.
Des objets d’art qui roulent
Prenez Gaëtan Kolly. L’artiste est menuisier dans la vie de tous les jours. Sa passion de jeunesse pour les skates a fini par le rattraper il y a quelque temps. Créatif, il en a fait « des objets d’art avec lesquels on peut rouler. » Ses planches sont réalisées avec du bois du Vallon. Et si monsieur travaille le bois, madame le peint. « Mes acryliques sont très naturelles. J’aime représenter les feuilles et les arbres de nos forêts », plante Emilie. Elle ne manque pas d’y ajouter quelques grains de folie pour singulariser ses tableaux.
Quand se dénuder fait sens
La troisième personne à exhiber une partie d’elle grâce à l’art est Korinne Lancette. Ses peintures à l’huile font jaillir des fleurs et des visages de femmes qui rayonnent. « Je fais également des paysages moins exotiques et plus vallonniers. Cela fait dix ans que je travaille à l’hôpital de Couvet donc j’ai aussi mes influences locales », glisse-t-elle tout sourire. Sans le savoir peut-être, cette Française aux origines martiniquaises brosse sur toile le miroir de ce qu’elle est et de ce qu’elle voit autour d’elle. Les expressions des visages et l’épanouissement vers lequel tout un chacun cherche à aller par exemple. Comme quoi, parfois, se dénuder n’est pas dénué de sens…
Kevin Vaucher