Humour
Et sinon, ça va vous ? Christian Mukuna vous pose la question
On devrait assurément beaucoup rire le 2 avril à la salle Fleurisia de Fleurier. Lʼhumoriste et comédien neuchâtelois dʼorigine congolaise, Christian Mukuna, y présentera son dernier spectacle « Et sinon, ça va vous ? ». Un one-man-show où il interroge avec humour le monde et la société qui nous entourent et qui pourraient aussi faire réfléchir. Rencontre avec un hyperactif qui a fait de sa passion son métier.
Si vous avez regardé les séries RTS, « Station horizon », « La chance de ta vie », « Sacha » ou la mini-série « La vie de JC », son visage vous dit éventuellement quelque chose. Si vous êtes un auditeur matinal de RTN, sa voix et son ton vous sont assurément familiers. En effet, Christian Mukuna est un touche-à-tout, comédien, humoriste, chroniqueur, animateur télé. Un hyperactif ?
Oui, carrément ! Jʼaime cela !,
reconnaît-il avec un large sourire.
Je ne sais plus qui a dit cette phrase, mais « faire de sa passion son métier cʼest ne jamais travailler de sa vie » me correspond tout à fait.
La citation nʼest pas tout à fait exacte mais est de Confucius, et Christian Mukuna lʼa parfaitement mise en pratique car avant de se consacrer pleinement à la comédie et à lʼhumour, il a travaillé durant cinq ans comme conseiller en fiscalité pour un groupe dʼaudit et de conseil. Toutefois, la passion pour la comédie et le « besoin de prendre la lumière » étaient plus forts.
Cet amour pour le théâtre et la comédie, Christian Mukuna le découvre au lycée Denis-de-Rougemont, sous lʼégide dʼYves Bourquin, qui sʼoccupe du groupe théâtral du lycée.
Cʼest à ce moment que jʼai commencé « à fond », où le jeune garçon timide a appris à se dépasser et à prendre conscience de son gabarit aussi,
reconnaît lʼhumoriste et comédien à la solide carrure, mais au sourire contagieux. Également, il joue un temps à Colombier, avant dʼêtre notamment repéré par la RTS pour ses prestations dans la web-série « Cliftown », parodie des séries policières US. « Cette web-série mʼa propulsé », avoue-t-il. Très humble, Christian Mukuna tente dʼexpliquer sa réussite sans formation à proprement parler.
Jʼai peut-être un certain talent, mais cela est dû à beaucoup de travail. Pour un petit ou un grand rôle, je mʼinvestis à plein et veux donner le meilleur de moi-même,
relate celui qui a pu être en résidence à Paris et suivre quelques mois le fameux cours Florent en 2018.
Jʼai eu un petit papier, mais ce dont je me rappelle ce sont les retours des professeurs,
précise-t-il.
Lʼhumour et les portes ouvertes
À la question sʼil faut le présenter comme comédien ou humoriste, Christian Mukuna peine à choisir, mais avoue à demi-mot une préférence pour la comédie.
Lʼhumour, je suis tombé dedans après Morges-sous-rire,
nous dit-il. En 2015, le Neuchâtelois remporte le concours Jeune talent du festival et voit une nouvelle voie sʼouvrir, « dʼautres portes », grâce à sa nouvelle notoriété. Cependant, est-ce aisé de passer dʼacteur, où lʼon récite des textes, à celui dʼhumoriste où il faut aussi les écrire ?
Jʼai toujours eu un amour des lettres et envie de raconter des histoires,
répond celui qui se veut pour pair Gad Elmaleh ou Anthony Kavanagh et leur humour des choses banales de lʼexistence. Un humour qui interroge les « choses qui parlent à tout le monde », mais qui fait écho également à sa propre histoire : celle dʼun immigré congolais arrivé « par Les Verrières » à un an.
Je suis Suisse et Congolais, cela permet dʼêtre dans les deux camps,
relève-t-il, en soulignant que cette dualité est un plus pour aborder, via lʼhumour, certaines thématiques, comme le racisme.
Cette double identité, lʼhumoriste neuchâtelois en avait fait le pivot de son premier succès « Suisse AOC » (Suisse Africain originaire du Congo), mais elle ne définit en rien son humour et son nouveau spectacle qui englobent tous les aspects de notre société. Tout le monde y prendra pour son grade, mais sans se sentir blessé.
Je pense mon humour rassembleur. Un humour où les gens peuvent se reconnaître,
estime-t-il, en ajoutant espérer que son spectacle puisse aussi faire réfléchir sur notre société et notre monde. « Et sinon, ça va, vous ? » a déjà été joué une vingtaine de fois et son auteur le juge comme son meilleur sous ce style de « stand-up » et il a le désir de le faire dans tout le canton, il regarde dʼailleurs déjà pour une possibilité de jouer ailleurs au Vallon. Il faut dire que son précédent one-man-show, « Rire, cʼest bon pour la santé » avait était impacté par la pandémie et quʼil nʼa pas pu « tourner » comme souhaité. Dʼailleurs, durant celle-ci, Christian Mukuna sʼétait voulu inventif et avait créé le concept dʼ « Uberblague », soit recevoir « à la maison » un spectacle.
Cependant, avec la fin des mesures sanitaires, lʼhumoriste et comédien, qui est aussi son auto-promoteur, est ravi de retrouver un large public et de faire partager un spectacle écrit largement en période de pandémie.
Je demandais aux gens de leurs nouvelles,
relate-t-il.
Ils me parlaient du virus, de solitude, de soucis économiques et presque toujours je leur disais, et sinon, ça va, vous ?
Voilà donc la genèse du titre un peu étrange, dʼun spectacle qui veut parler le moins possible du Covid.
Dʼautres sujets existent après ces années covidées,
nous indique Christian Mukuna, sur un ton rieur. Après une heure dʼentretien avec lʼhumoriste, nous pouvons répondre que ça va bien et même mieux.
Gabriel Risold