Et après le feu, l’enfer ?
Alors que la vigilance est aux feux de forêts au Vallon, c’est plutôt à l’intérieur que les flammes ont récemment fait des ravages. Deux incendies domestiques à trois mois d’intervalle, ça marque ! Si cela fait grand bruit au moment où ça se passe, le « feu médiatique et populaire » s’éteint très vite une fois le calme revenu. Mais que se passe-t-il après l’incendie ? Savez-vous qui paie les dégâts ? Savez-vous que certains locataires ne sont pas assurés ? Savez-vous qu’un appartement qui devient inhabitable débouche automatiquement sur la fin du bail et que les sinistrés n’ont plus aucun droit dessus ? On en parle avec Tifany Rey, directrice de l’agence immobilière qui a vu l’un de ses immeubles touché par le feu.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons d’abord sur quelques éléments factuels. L’impressionnant incendie fleurisan du mois de mai trouve son origine dans une friteuse. Celui plus contenu de la rue de la Flamme de Couvet s’est nourri à partir d’une casserole et d’une hotte. Les appareils électriques et les activités en cuisine sont responsables de près de la moitié des incendies domestiques en Suisse. Quelques recommandations simples permettent pourtant de limiter le risque au maximum. Voici quelques règles d’or à observer : débrancher les appareils électriques après utilisation, ne jamais éteindre de la graisse en feu avec de l’eau, toujours garder un œil sur les plaques de cuisson et ne rien y entreposer. Finalement, il convient aussi d’entretenir sa hotte avec assiduité. En effet, de la graisse peut s’accumuler dans le filtre et constituer une menace à retardement.
Logement inhabitable, fin de bail immédiat
Si une casserole prend feu sur la plaque, les flammes peuvent rapidement se propager aux filtres engraissés et mettre le feu à toute la hotte. Par conséquent, il convient de nettoyer les filtres une fois par mois, si possible. Sinon quoi ? Sinon vous avez des risques de subir un incendie domestique et tout ce qui va avec.
C’est le début d’un long processus,
prévient Tifany Rey de TR Agence.
Au Val-de-Travers, la bonne nouvelle est qu’il y a un nombre confortable de logements vacants. Le relogement n’est donc pas un problème comme dans les grandes villes où les sinistrés sont souvent emmenés dans des hôtels.
Y’a pire vous me direz. Mais attendez la suite avant de dire ça.
Quand un appartement devient inhabitable, en raison d’un incendie par exemple, le bail s’arrête automatiquement.
Les locataires ne peuvent alors plus prétendre y rentrer. Ils ont juste un délai pour débarrasser leurs affaires avant le début des travaux de rénovation. Aucune durée précise n’est formulée pour « débarrasser le plancher », les textes font juste référence à un « délai convenable ». Par ailleurs, l’agence immobilière n’est officiellement pas tenue de trouver une solution de réhébergement aux sinistrés.
Locataires fleurisans relogés, responsable de l’incendie non assurée
Dans la pratique, cela peut toutefois se passer différemment.
En général, les locataires poussés dehors par les flammes trouvent rapidement un nouveau logement temporaire. Le surplus éventuel de loyer est pris en charge un certain temps par leurs assurances. Nous, nous avons jugé bon d’agir avec humanité et nous avons aidé les sinistrés à se reloger après l’incendie de la rue du Pont.
À Fleurier, les dégâts liés à l’incendie et les dégâts d’eau ont été tels qu’aucun des locataires des immeubles 3 et 3A n’a pu réintégrer ses murs. Ils ont donc tous dû quitter les lieux. Seul hic, la locataire d’où le départ de feu est parti avait eu la mauvaise idée de résilier son assurance RC ménage. Comme sa responsabilité (toujours établie par un rapport de police) est engagée, c’est à elle de supporter les frais.
Ça peut paraître dingue mais il est possible de supprimer son assurance en cours de contrat de bail. La gérance demande ce document seulement au moment de l’entrée dans l’appartement. Mon premier conseil est de ne jamais résilier sa RC ménage.
Propriétaires dédommagés pour la perte locative
Du côté du propriétaire, son assurance peut aussi être amenée à régler certains frais selon les causes et les circonstances d’un ravage.
Dans ce cas, il n’y a pas de problème d’assurance puisque tous les propriétaires ont l’obligation d’être à l’ECAP (Établissement cantonal d’assurance et de prévention). Par ailleurs, la perte locative, c’est-à-dire les loyers non perçus en raison d’un sinistre, lui est remboursée par son assurance bâtiment.
La gérance n’aura jamais à participer aux frais mais un incendie lui vaut un bon paquet d’heures supplémentaires en termes de travail administratif.
Pour éviter tout problème, mon deuxième conseil serait d’avoir au moins une couverture anti-feu par appartement. Ça coûte une vingtaine de francs et c’est utile pour éteindre une friteuse par exemple. Ça vaut le coup si ça peut vous épargner les soucis que nous avons listés.
Pour éviter l’enfer, mieux vaut éviter les flammes.
Kevin Vaucher