Énergie éolienne
Production 2022 record et ironie des opposants
La semaine dernière, le Courrier du Val-de-Travers hebdo annonçait de nouvelles prises de mesures et études pour un futur projet éolien au Mont de Boveresse et relatait l’opération des Travers du Vent lors du stand d’information à ce sujet. Parallèlement, Suisse éole publiait ses résultats de production éolienne pour l’année 2022.
Hasard du calendrier, quelques jours après le stand d’information à Couvet de la société Ennova et des Services industriels de Genève (SIG), à propos de la reprise des études préliminaires du projet éolien du Mont de Boveresse, Suisse éole, l’association suisse pour l’énergie éolienne, publiait, dans un communiqué de presse, ses résultats de production 2022. Dans ce dernier, l’organisation faîtière du secteur annonce que l’année dernière « le parc éolien a produit 153 millions de kilowattheures », soit « 5% de plus qu’en 2021 ». Une production annuelle qui jamais, selon l’association, « n’avait été aussi importante » et qui constitue un « record ». Autre élément mis en avant par Suisse éole, le fait que pratiquement deux tiers de cette production électrique furent produits en hiver, période de l’année durant laquelle « le solaire et également l’hydraulique produisent moins ».
L’association faîtière souligne que cette production a été réalisée « sur une surface de mâts au sol des 41 éoliennes totalisant environ 1000 m2 ». Pour une production équivalente en énergie solaire, « 2’000’000 m2 de panneaux seraient nécessaires », affirme le communiqué. Dans ce dernier, Suisse éole relève que le photovoltaïque a atteint aussi un niveau record en 2022 « avec 3330 millions de kilowattheures produits, avec une part hivernale de 24% ». Des chiffres qui poussent l’association à conclure que « l’éolien est le partenaire idéal du solaire » et que « nous avons besoin d’un mix d’électricité intelligent, regroupant toutes les énergies renouvelables », pour une « sécurité d’approvisionnement ».
Jura et Valais : prévisions « dépassées »
Dans le détail de ces chiffres, Suisse éole montre que la production de cette dernière année fut particulièrement record sur les parcs éoliens situés sur le plateau ou dans le Jura, Saint-Brais, Mont-Crosin, Peuchapatte et ceux du Valais, Collonges, Martigny et Charrat, avec « des prévisions fixées lors de leur construction » dépassées.
Toutefois, l’association faîtière doit reconnaître dans son communiqué une production moindre en 2022 pour les parcs dit alpins, comme ceux du Gotthard ou du lac de Gries, en raison « de l’absence de foehn ».
Des parcs que le communiqué juge tout de même « judicieux » en raison de la présence existante « d’infrastructure énergétique » et d’un prix de l’énergie élevé qui les rend « toujours largement concurrentiels ». Par ailleurs, le communiqué de Suisse éole rappelle que « la production des éoliennes » alimente le fonds de soutien aux énergies renouvelables de la Confédération, à hauteur de 10 centimes par kilowattheures, soit plus de 12 millions de francs versés en 2022. « La branche se subventionne elle-même », conclut le communiqué de presse.
Évidemment, l’association Les Travers du Vent ne partage pas l’avis de Suisse éole. Contactée, l’association anti-éolien nous a répondu par écrit, en admettant tout de même que ce qu’avance Suisse éole est correct, mais nécessite une mise en contexte. à propos de l’augmentation de 5%, celle-ci « est due au seul hasard » des moyennes annuelles de vent, et non par « une extension du parc éolien ni par des investissements dans l’appareil de production ». Les Travers du Vent ajoutent qu’il « n’y a aucune raison de triompher ». « Suisse éole ne publie jamais de communiqué lorsque la production annuelle s’avère être inférieure à l’année précédente », souligne l’association anti-éolien avec ironie.
Réfutation en bloc
La comparaison entre la surface occupée par les éoliennes et les panneaux solaires est, elle, jugée comme « dénuée de sens ». Selon l’association, les panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur « les toits existants » et « n’occasionnent aucun impact sur l’environnement », au contraire des éoliennes qui « ont un énorme impact qui dépasse le nombre
de m2 de leur emprise au sol ». De plus, Les Travers du Vent notent que « raccordements électriques », « socles enfouis dans le sol » et « dégâts sur la biodiversité » viennent s’ajouter à ceci.
Quant à l’affirmation que l’éolien est « le partenaire idéal du solaire », l’association anti-éolien la réfute. « Tous deux sont des énergies intermittentes » et qui « ne se combinent que de manière aléatoire et clairement insuffisante et rendent nécessaires le recours à un agent énergétique pilotable (ndlr : gaz ou charbon) », écrit-elle.
Enfin, au sujet de l’autosubventionnement de la branche éolienne, Les Travers du Vent avancent que cela est dû uniquement à la hausse des tarifs de l’électricité depuis l’été 2021 et qu’entre 2009 et 2021 « les producteurs de courant éolien ont touché 145 millions de rétribution ». Une « perfusion financière », jugent-ils, tout en indiquant que « l’ensemble des énergies renouvelables a bénéficié de 3.5 milliards » durant cette période. Les fronts sont établis et inconciliables entre les soutiens et les opposants à l’énergie éolienne. Demeure une certitude, certainement partagée par les deux camps, celle, à terme, d’abandonner les énergies fossiles.
Gabriel Risold