Cybersécurité
Des communes protégées par le Canton
Après les révélations de plusieurs médias romands, lors des dernières semaines, au sujet de la large cyberattaque subie par la commune vaudoise de Rolle, le Courrier du Val-de-Travers hebdo a souhaité recueillir l’opinion des communes du Val-de-Travers à ce propos. Tour d’horizon avec leurs présidents : Laurent Piaget de La Côte-aux-Fées, Benoît Simon-Vermot de Val-de-Travers et Mike Simon-Vermot des Verrières.
L’affaire agite quelque peu la Suisse romande depuis que le site Watson.ch l’a révélée le 20 août dernier. La commune de Rolle (VD) a été victime d’un large piratage de données et comme l’ont montré les enquêtes du site d’information, du Temps et de 24 heures, cette cyberattaque concerne toutes sortes de données administratives, même personnelles et sensibles, qui sont aujourd’hui proposées sur le darknet, le « marché noir » de l’internet. Toutefois, lorsqu’on évoque avec eux le cas de Rolle, les présidents des trois communes du Val-de-Travers demeurent sereins. En effet, comme les autres communes du canton, Val-de-Travers, La Côte-aux-Fées et Les Verrières délèguent la gestion et la sécurité informatique au Service informatique de l’entité neuchâteloise (Sien). Cette gestion informatique cantonale centralisée, de plusieurs entités neuchâteloises et notamment des communes, est une spécificité unique en Suisse.
Expertise du Canton
Cette prestation du Sien représente environ entre 360’000 et 380’000 francs par année,
note Benoît Simon-Vermot, en soulignant que ce sujet est déjà revenu quelques fois au Conseil général. Le président du Conseil communal de Val-de-Travers relève que si la commune devait se charger elle-même de la gestion et de la sécurité informatique, cela représenterait une grande difficulté aussi bien financière qu’en termes de recrutement de personnel qualifié. Ses homologues du Vallon abondent en ce sens.
C’est un gain de sécurité par rapport aux communes d’autres cantons n’ayant pas la même organisation qu’à Neuchâtel,
juge Laurent Piaget, qui dénote l’aspect professionnel et l’expertise du Sien.
C’est une chance pour les petites communes d’avoir ce service-là !
estime à son tour Mike Simon-Vermot, président des Verrières, tout en ajoutant que sa commune est tributaire du service cantonal en matière de sécurité. Pourtant, il apparaît que le système neuchâtelois, unique en Suisse, est un avantage, comme le déclarait au Temps, le 24 août dernier, la conseillère d’état, Crystel Graf : la mise en commun des moyens « permet une plus grande force de frappe, même si le risque zéro n’existe pas ». Une réunion informatique sous l’égide cantonale de l’administration communale que ne regrettent pas les trois présidents de commune.
Cible potentielle
Un des aspects qui interroge dans la cyberattaque de Rolle est justement le fait de s’attaquer à une « petite » commune. Les élus communaux avaient-ils conscience que les communes étaient de potentielles cibles ? En toute franchise, Benoît Simon-Vermot avoue n’en avoir pris la mesure que lors des derniers mois.
Le cas de Rolle démontre que les dossiers, la masse de données d’une commune, ont une valeur pour certaines personnes, notamment sur le darknet,
explique-t-il, en reconnaissant que quiconque n’est invulnérable.
Le président des Verrières est dans un même état d’esprit :
Effectivement, cela semble tout nouveau,
répond Mike Simon-Vermot, qui veut inciter à rester attentif alors que le « tout numérique » tend à se développer. Même s’il est serein, Laurent Piaget estime que la cyberattaque de la commune vaudoise est une « prise de conscience » de la menace.
Cela remet l’église au milieu du village,
image-t-il en précisant que cette affaire indique que le risque zéro n’existe pas et qu’il faut faire preuve de vigilance.
Hygiène numérique avant tout
Également, l’attaque informatique de Rolle et la diffusion de données personnelles sur le darknet interpellent notre rapport à l’usage des réseaux et d’internet, ainsi que le destin des données de chaque citoyen. Au téléphone, Benoît Simon-Vermot évoque que nombre d’entre nous utilisent tous les jours un appareil connecté pour aller sur internet, et donnent adresses e-mail et données personnelles ou usent toujours du même mot de passe. Le conseiller communal de Val-de-Travers insiste sur le fait que personne n’est vulnérable et qu’il faut apprendre à gérer les données. Son homologue de La Côte-aux-Fées, Laurent Piaget, va dans ce sens et estime que faire plus de prévention au sujet d’une hygiène numérique serait bénéfique.
L’avis du président de la commune des Verrières est identique et il plaide pour rester attentif à une hygiène numérique globale. En tout cas, en tant qu’indépendant, c’est ce que Mike Simon-Vermot tente d’appliquer au mieux dans ses sphères privée et professionnelle.
Une hygiène numérique simple qui pourrait être rappelée régulièrement auprès des collaborateurs communaux,
estime Benoît Simon-Vermot.
La personne entre l’écran et le dossier de la chaise,
comme le dit-il, « est un des enjeux pour éviter les mauvaises surprises ».
Gabriel Risold