Derrière ce portail de Travers, c’est la jungle amazonienne !
À Travers, c’est un portail a priori comme les autres, quoique peut-être un peu plus lourd. Mais le pousser vaut assurément le détour. Une fois la serrure libérée, vous tombez sur 300 mètres carrés à peine croyables. Comme si un petit bout de jungle amazonienne avait été déplacé au cœur du Val-de-Travers. 400 espèces de plantes, deux étangs, une pergola et un cortège d’animaux en tous genres seront alors devant vous. Ici, c’est Delphine Vantieghem la reine de la jungle.
Ce nom vous dit quelque chose ? Normal, c’est elle qui avait ouvert ses portes au Courrier en janvier 2022 pour vous faire découvrir sa maison entièrement rénovée dans le style du 19e siècle. L’intérieur étant maintenant presque terminé, la Vallonnière s’est attaquée au jardin. Et elle a une fois de plus montré que le « classique », ce n’était pas pour elle. « J’aime créer des univers harmonieux. Dans mon jardin, j’essaie de créer un ensemble cohérent en additionnant plein de petites choses. C’est une forme
d’art qui conduit à une jungle qui semble désorganisée mais qui est très travaillée en réalité. »
Trois ans de quête pour un érable
Si elle a commencé avec des plantes totalement classiques, « qu’on trouve dans les magasins du coin », elle a rapidement affiné ses recherches, allant jusqu’à traverser la frontière. Trois ans lui auront été nécessaires pour dégoter un érable panaché. Thalictrum, ail géant, gainier du Canada… ce sont au total plus de 400 espèces qui se côtoient désormais sur ses terres, ou plutôt dans sa terre. « De quoi multiplier les cachettes pour les animaux. C’est toujours une surprise de venir dans le jardin. Je peux tomber sur des hérissons, des renards, des fouines, des grenouilles, des pies, des tritons et ainsi de suite. Il y a même une fourmilière qui s’est nichée dans l’un de mes murs. Du coup, il arrive qu’elle ressorte par le parquet mais je ne peux pas me résoudre à appeler un spécialiste pour régler le problème. J’aime trop les animaux pour cela. »
Le traceur GPS et le renard
Mais les animaux ne le lui rendent pas forcément. « Des assiettes et d’autres objets disparaissaient ces derniers mois. J’ai donc décidé de placer un traceur GPS dans la nourriture et j’ai découvert que c’était un renard qui venait manger dans le jardin qui partait constamment avec le couvert », rigole cette boule d’énergie. Delphine Vantieghem refuse l’entrée à son jardin à une seule espèce : les limaces ! « Je ne les tue pas mais je les déplace par kilos dans un champ non cultivé pour éviter des dégâts trop conséquents chez moi. » Comme elle ne fait rien comme les autres, la plante préférée de sa « jungle » est aussi l’une des moins esthétiques à ses yeux.
Dans la peau d’une « experte »
« C’est le sédum. Une plante assez quelconque qui a une valeur sentimentale pour moi. C’était la plante de mon frère qui est décédé il y a quelques années maintenant. Je pense à lui à chaque fois que je la regarde. » Delphine entre aussi de temps en temps dans la peau d’une « experte » pour expérimenter de nouvelles choses. « Je me balade toujours avec une boîte dans mon sac. Si je vois une plante qui me plaît, je coupe un bout de tige que je préserve dans un mouchoir mouillé avant de la replanter chez moi. Avec un peu d’hormones de bouturage, cela repousse très bien généralement. » Fuyez maintenant car le portail se referme et il ne faudrait pas vous perdre dans la jungle, c’est dangereux paraît-il…
Kevin Vaucher
Les trois conseils jardinage de Delphine
1. Lorsque vous cherchez une plante ou un arbre qui peut pousser au Vallon, ajoutez la mention « canadien » ou « sibérien » à votre recherche internet et vous êtes sûr qu’il passera l’hiver.
2. En lieu et place d’acheter des pots de fleurs onéreux, procurez-vous des seaux à mortier. Et faites-y des trous sur les côtés, à quelques centimètres du sol. Cela permet de conserver une petite réserve d’eau, contrairement aux trous en fond de bac.
3. Privilégiez l’acquisition de seilles à linge pour les plantes d’eau. C’est économique et plus pratique par rapport à des paniers aquatiques souvent trop étroits.