De Noiraigue à Los Angeles, pour le bien des chats
Aurore Lecerf vient de vivre une expérience humaine et professionnelle unique. Celle qui œuvre habituellement au bien-être d’une centaine de chats, dans une ferme de Noiraigue, a passé 5 semaines dans un « petit village » de Californie. Bon, tout est relatif au niveau des tailles aux États-Unis. Le refuge dans lequel elle a travaillé s’étale quand même sur 12 hectares et il accueille plus de 1000 chats ! Situé à l’intérieur des terres, à trois heures de route à peine de Los Angeles, « The Cat House on the Kings » tourne grâce à 45 personnes, toutes employées. Retour sur cette expérience de la démesure américaine.
Des orangers et des plantations de nectarines à perte de vue, une nature luxuriante et 12 hectares (essentiellement en extérieur) réservés exclusivement aux chats. Voilà le décor qui attendait Aurore Lecerf une fois qu’elle a débarqué de son avion, après 12 heures de vol. Enfin, pas tout à fait. « Comme mon stage durait en réalité trois semaines, je me suis permis de partir quinze jours plus tôt pour profiter un peu du pays. J’avais envie de m’acclimater et de mettre en pratique mon anglais hésitant. J’ai immédiatement été agréablement accueillie par les habitants de San Francisco, que j’ai visitée. Leur gentillesse reste l’une des choses marquantes de mon voyage. »
Dix fois plus de chats à s’occuper
D’ordinaire, c’est auprès de Tomi Tomek et des bénévoles de SOS Chats Noiraigue que la jeune femme veille sur les chats. Aux États-Unis, c’est dans le refuge de Lynea Lattanzio, et au côté de 45 employés, qu’elle a relevé les manches. « L’objectif était de me confronter à de nouvelles façons de faire, de sortir de ma zone de confort et de vivre le quotidien d’une grande structure comme The Cat House on the Kings. Cela m’a apporté grandement en matière de gestion par exemple. Tout se fait à une si large échelle qu’il n’y a pas de place pour l’improvisation. C’est aussi bien organisé qu’une ‹ grande entreprise ›. »
Sectoriser le travail pour gagner en efficacité
Concrètement, les plus de 1000 chats sont répartis par zones (les plus anciens, ceux en convalescence,…) et tout est sectorisé. « Il y a des employés qui ne s’occupent que des soins, d’autres qui ne font que les nettoyages et ainsi de suite. Chez nous, à Noiraigue, chaque personne doit savoir faire toutes les tâches car on est beaucoup moins et majoritairement bénévoles. » S’il y a une absence, il faut donc être capable de remplacer la personne au pied levé.
Les chats noirs et les Américains
Du coup, n’a-t-elle pas été trop décontenancée par la taille du refuge ? « étonnamment non. Au final, tout est tellement bien organisé qu’on a l’impression que c’est plutôt une succession de petits refuges qu’un énorme parc de 12 hectares. » Une autre grosse différence entre Noiraigue et le refuge de Kings River réside dans la finalité de l’accueil. « Les animaux qui arrivent à SOS Chats Noiraigue sont destinés à finir leurs jours chez nous tandis qu’ils sont juste de passage aux États-Unis. Du moins pour les plus chanceux. Certains ne trouvent jamais de nouveaux foyers. » C’est surtout vrai pour les chats noirs. Les Américains sont superstitieux et évitent de les accueillir chez eux.
Son diplôme de comportementaliste pour chats : un atout
Le refuge de Lynea Lattanzio est vieux de 32 ans et il perdure principalement grâce aux dons. « C’est incroyable de voir qu’il arrive à faire vivre autant d’employés. » Il faut croire que les Américains ne sont pas seulement superstitieux, ils sont aussi généreux apparemment. Ce qui est généreux à Kings River, c’est l’ensoleillement.
« On m’a conseillé de venir en avril car ça bouge moins l’été. La chaleur est forte et les chats s’économisent. C’était un très bon conseil car j’ai pu avoir énormément de contacts avec eux. C’était fascinant de voir l’évolution de leurs comportements au fur et à mesure que la confiance s’installait », s’enthousiasme celle qui a un diplôme de comportementaliste pour chats en poche. Et avec eux, même pas besoin de baragouiner quelques mots d’anglais. C’est presque trop facile, non ?
Kevin Vaucher