Culture
Nouveau duo à la tête du Musée Rousseau de Môtiers
Depuis mars dernier, un duo d’historien et d’historienne de l’art a repris la gestion du Musée Rousseau à Môtiers. Noémi Duperron et Nicolas Fiquet ont succédé en tant que conservatrice et conservateur-adjoint à Roland Kaehr qui en était à la tête pendant près de vingt ans.
Cette année, le Musée Jean-Jacques Rousseau à Môtiers (MRM) fête son 55e anniversaire et s’apprête à débuter un nouveau cycle, avec l’arrivée à sa tête d’un binôme composé de Noémi Duperron et Nicolas Fiquet, tous deux historiens de l’art, qui remplacent Roland Kaehr, conservateur bénévole pendant près de vingt ans. « Quand nous avons été approchés l’été dernier, on nous a prévenus que l’engagement était sur le long terme », relate avec humour Noémi Duperron, nouvelle conservatrice du musée. « On va donc essayer de durer », ajoute sur le même ton Nicolas Fiquet, le nouveau conservateur-adjoint. L’historienne et l’historien de l’art forment un duo complémentaire, elle ayant soutenu une thèse sur la gravure du 18e siècle, lui s’étant spécialisé dans la muséologie des maisons d’écrivain.
Pour tous les deux, il s’agit d’une première expérience en tant que responsables de musée. « C’est une chance de vivre cela dans le contexte de ce musée associatif », estiment la conservatrice et son adjoint, tous deux bénévoles, en soulignant la vision commune qu’ils ont avec l’association Jean-Jacques Rousseau Neuchâtel dès leurs premiers contacts. La phase de transition avec Roland Kaehr a débuté durant l’automne et Noémi Duperron et Nicolas Fiquet ont officiellement été nommés en mars dernier. « Cette année, on ne va pas révolutionner le musée. On va prendre nos marques », note la conservatrice, en relevant l’excellent héritage de leur prédécesseur.
Travaux en perspective
Sensible à l’aspect numérique, le nouveau duo a, par contre, d’ores et déjà la volonté d’entreprendre un travail de communication supplémentaire pour plus de visibilité au MRM, via flyers, affiches et médias sociaux. « L’association a aussi débuté quelque peu une rénovation de son image », relate Noémi Duperron, citant en exemple son site internet. Le conservateur-adjoint explique que le MRM était peut-être pensé pour les spécialistes et que le souhait est désormais d’attirer un public plus large, des connaisseurs aux marcheurs curieux. « Tout est affaire de médiation, il faut trouver les bons vecteurs pour intéresser les gens », poursuit-il. Le duo arrive avec l’atout d’un regard « neuf et naïf » et se conçoit comme le lien entre l’association, très « rousseauiste », et les visiteurs.
La prise de fonction du binôme s’inscrit dans un contexte légèrement incertain. En effet, propriétaire du bâtiment du musée, l’Établissement cantonal d’assurance et de prévention (ECAP) projette d’importants travaux de rénovation d’ici à la fin de l’année qui verraient la création d’un petit appartement bed and breakfast, mais également celle d’un nouvel espace muséal. « Une salle qui permettrait plus d’expositions temporaires ou des conférences », imagine Noémi Duperron, en estimant que la perspective est une chance pour faire évoluer la muséographie. Pour la conservatrice, si la possibilité d’une fermeture à l’automne pour travaux n’est pas aisée à appréhender, elle offrirait du temps pour réfléchir à l’utilisation du futur espace. « En collaboration, pourquoi pas, avec le Musée régional », ajoute-t-elle.
Exposition temporaire cet été
En parallèle, Noémi Duperron et Nicolas Fiquet souhaitent développer la politique de donation au musée pour enrichir sa collection et s’engager dans la recherche de fonds pour des travaux et les frais de fonctionnement du musée associatif. « Les soutiens actuels de l’ECAP qui nous met à disposition gracieusement les lieux et aussi de la commune sont précieux », tient à souligner la conservatrice. À moyen terme, elle reconnaît que l’objectif est de professionnaliser la gestion du musée pour sa pérennisation. « Mais nous ne sommes pas pressés », précise-t-elle. Pour l’heure, le duo prépare une saison 2024 de transition au MRM qui débutera début juin.
« C’est un peu le nettoyage de printemps (ndlr : nous les avons rencontrés le 9 mai) », plaisantent-ils. « Nous identifions les éléments qui font écho à notre expérience et regardons ce qui peut être mis en évidence ». Le binôme se réjouit d’installer l’exposition temporaire de cet été, « Rousseau et les surréalistes », qui explorera la vision de ces derniers sur Rousseau, pour les 100 ans du mouvement artistique. Également, le duo a hâte d’organiser les prochaines visites guidées qu’il souhaite adapter et ouvrir à tous les publics. « Rousseau peut attirer tous les publics et même des écoliers », pense Nicolas Fiquet. La remarque a tout d’un appel à une école du même nom.
Gabriel Risold