Conseil général
Deux crédits disputés mais acceptés
Lundi soir, le Conseil général de Val-de-Travers a largement débattu d’un crédit-cadre pour la digitalisation de l’École Jean-Jacques Rousseau et d’un crédit complémentaire pour l’extension du collège de Longereuse. Les deux ont été acceptés, le premier après amendement, le second à une voix près.
Pour son avant-dernière séance de l’année, le Conseil général (CG) de Val-de-Travers devait se prononcer sur quatre points, dont deux demandes de crédit de la part de l’exécutif. La première concernait un crédit-cadre de 466’000 francs sur quatre ans pour une digitalisation progressive de l’école Jean-Jacques Rousseau et la seconde était un crédit complémentaire de 645’000 francs pour l’extension du collège de Longereuse. Le mieux que l’on puisse dire, c’est qu’elles ont suscité de vifs débats entre les membres du législatif et le Conseil communal (CC). Après, un « amuse-bouche », comme l’a nommé le conseiller communal Benoît Simon-Vermot, qui visait à une modification de l’arrêté concernant les fonctions communales incompatibles avec le mandat de membre du CG, et qui tenait du « toilettage » administratif, et qui fut accepté à l’unanimité, les élus se sont penchés sur la première demande de crédit de la soirée.
Devant eux, Christophe Calame, conseiller communal en charge du dicastère de l’enseignement, a rappelé le triple objectif de cette demande, soit la poursuite du déploiement de l’informatique en salle de classe débuté en 2015 pour le cycle 3, vers le cycle 2, le remplacement des tableaux par un modèle standard pour les besoins variés de l’enseignement et le suivi du développement du programme d’éducation numérique cantonale. Le conseiller communal a motivé le choix du crédit-cadre pour permettre un déploiement « étape par étape » sur quatre ans au plus proche des besoins. Néanmoins, à la suite d’une proposition d’amendement du groupe socialiste avant la séance, l’exécutif proposait au CG un sous-amendement pour un crédit simple de 233’000 francs.
Plusieurs visions du numérique
Premier parti à prendre la parole, le Parti socialiste, par la voix de Gloria Dias, a souligné l’effort du Conseil communal en reprenant le principe de l’amendement de son groupe. L’élue a précisé que la démarche de son parti n’était pas « de se passer du numérique, mais d’y aller étape par étape » en étant conscient des problématiques posées par la digitalisation. La popiste, Adriana Ioset, fut plus critique en relevant le peu de durabilité et l’obsolescence programmée du matériel choisi, l’influence néfaste des écrans « chez les petits » et en notant que « le tout numérique n’a pas toujours des conclusions réjouissantes » en matière éducative. Pour l’UDC, Niels Rosselet-Christ a rappelé que la formation coûtait « déjà énormément à notre commune » et qu’investir pour des infrastructures énergivores alors que « la population doit faire des efforts » n’était pas souhaitable.
Un développement informatique que l’élu agrarien a estimé peut-être pas nécessaire « pour l’éducation de nos enfants ». Les Verts, le PLR et le groupe Agora, se sont montrés moins virulents, mais questionnaient la vitesse de déploiement de l’éducation numérique.
Après une interruption de séance demandée par le PS, Christophe Calame a reconnu entendre la volonté du Conseil général « de ne pas aller plus vite que la musique ». Concernant l’obsolescence du matériel, le conseiller communal a expliqué que ces choix appartenaient au Service informatique de l’État de Neuchâtel (SIEN) et qu’il en assurait aussi la gestion et la sécurité. Enfin, il a souligné que certaines choses ne pouvaient être « toujours repoussées » et qu’il faudra « s’intégrer dans ce projet cantonal » à moyen terme. Soumis au vote, l’amendement du Conseil communal, pour un crédit simple de 233’000 francs, fut accepté par 30 oui et 5 non. Durant les deux prochaines années, le développement numérique se poursuivra. Toutefois, le Conseil communal devra revenir devant le législatif pour une nouvelle demande à terme.
Oui de justesse pour Longereuses
La seconde demande de crédit de l’exécutif a, elle aussi, provoqué de vives réactions. Chef du dicastère des infrastructures, Yves Fatton a expliqué au Conseil général que ce crédit complémentaire était dû à des frais liés aux normes antisismiques du bâtiment, au renchérissement de plusieurs postes et enfin à des restes d’amiante sur le site. également, le conseiller communal a rappelé que cette demande de crédit constituait 7.5% de l’estimation initiale et qu’elle demeurait dans la « plaque » de plus ou moins 10% prévue. Pour le POP, Philippe Vaucher regrettait cette augmentation, mais assurait que son parti voterait pour le choix des autorités. La socialiste Cécile Mermet Meyer a tenu à souligner qu’il était « urgent » d’avancer dans ce projet d’extension. Le groupe Agora, par la voix de Thierry Ray, a reconnu ne pas apprécier d’être mis « devant le fait accompli », mais qu’il soutiendrait la demande « mais sans joie ». Le ton était similaire au PLR en jugeant que ce crédit ne pouvait pas être refusé et en exhortant le Conseil communal à ce que la situation ne se reproduise plus à l’avenir.
Les critiques les plus virulentes sont venues de l’UDC et des Verts. L’agrarien Niels Rosselet-Christ s’est dit « dubitatif » et a exprimé sa réticence face à « une nouvelle erreur d’estimation » de la part du Conseil communal dans « ses projets faramineux ». L’élu a dénoncé des « appréciations à l’aveugle » et qualifié la demande « d’aussi déplacée qu’imprudente », avant d’inviter l’exécutif à « faire avec cette enveloppe ». Les écologistes, par la voix de Sergio Santiago, ont reconnu être partagés. « Le Conseil communal avait parlé d’estimation précise », a déclaré Sergio Santiago, avec agacement, avant de lancer « que nous n’avons pas la même signification de définitif et de fiable ». L’élu vert a ajouté que le CC prenait « la fâcheuse habitude » de recourir à des crédits supplémentaires pour « mener à bien des projets ».
Face aux critiques, le conseiller communal Yves Fatton a réagi vivement en défendant le crédit, datant de septembre 2021, établi au « plus près de la vérité » et a rappelé que cette demande supplémentaire restait dans la fourchette prévue. Le chef des infrastructures a estimé que ce travail avait été fait « dans les règles de l’art ». « à vous de décider d’avancer dans ce projet ou de l’avorter », a-t-il conclu. Après l’acceptation de l’entrée en matière, la demande de crédit supplémentaire fut soumise au vote, avec comme règle celle de la majorité qualifiée de 25 voix, et fut acceptée par 26 oui, 5 non et 4 abstentions. Ainsi, l’extension de Longereuse verra le jour pour une seule voix. Le chantier devrait débuter dès cet hiver.
Gabriel Risold