Multisport
Complètement « Bargo » de sport !
Javi et Sandrine sont des parents hyperactifs. Et ça tombe bien car il faut avoir un cœur de sportif pour suivre le rythme imposé par leurs quatre enfants. Dans la famille Bargo, la plaque tournante de leur quotidien est le sport. Autre particularité familiale, ce n’est pas le garçon Liam (10 ans) qui a choisi le hockey sur glace comme activité sportive principale mais les trois filles Eva (16 ans lundi prochain), Sofia (13 ans) et Ainhoa (7 ans). En observateurs-acteurs, les parents les accompagnent constamment dans leurs projets sans jamais leur mettre la pression. Une posture gagnante puisque Eva est l’un des grands espoirs du hockey féminin helvétique.
Lorsque je rejoins la famille Bargo au Centre de sports de glace de Fleurier en cet après-midi de janvier, je saisis instantanément l’importance du sport dans sa vie. Eva effectue actuellement son apprentissage d’assistante en promotion de l’activité physique et de la santé au centre SAS de Couvet.
C’est exactement ce que je souhaitais faire et c’est une chance d’avoir une structure comme celle-ci au Val-de-Travers. Le centre SAS propose un très grand nombre de cours et je touche à différentes disciplines grâce à la confiance qu’on m’y accorde.
De quoi nourrir cette boulimique de sport qui ne compte jamais ses heures quand il s’agit de s’activer.
Elle a travaillé ce matin, on a juste pris le temps de manger et là elle est déjà sur les patins pour venir faire un peu de hockey libre avant de retourner donner des cours de 16 h 30 à 19 h 30,
dépose son papa Javi.
Et quand les routes sont praticables, elle prend encore son vélo pour se déplacer d’un endroit à l’autre durant ses journées,
ajoute sa maman Sandrine.
« Nous ne sommes pas des coaches »
Ce qui frappe immédiatement, c’est l’autonomie dont les enfants bénéficient au quotidien. Tout semble parfaitement huilé et une confiance réciproque s’est installée entre les membres de la famille. Et surtout, les jeunes donnent l’impression d’aimer ce qu’ils font. D’ailleurs, depuis que je suis arrivé, ils piaffent d’impatience pour enfin entrer sur la glace. Et même si Eva adore quand son père lui fait des « comptes rendus » de ses matches, les parents leur laissent la liberté de faire leurs expériences.
Nous ne sommes pas des coaches et nous ne leur disons pas ce qu’ils doivent faire. Ce qui n’empêche pas une certaine surveillance pour les protéger car on reste des parents. Par exemple, là je sais que Liam a filé en douce sur la glace,
sourit Javi. Sportivement, le jeune épris de liberté se cherche encore un peu.
Il fait du vélo et plein d’autres choses mais juste pour lui. Il n’est pas lié à un club.
« On fait tout à l’envers chez nous ! »
S’il aime patiner de temps en temps, ce sont ses sœurs qui enfilent l’équipement au sein des équipes juniors du CP Fleurier. Les trois filles jouent dans trois catégories différentes et s’entraînent trois fois par semaine chacune.
Heureusement que les deux grandes sont très indépendantes et qu’elles peuvent faire les trajets par elles-mêmes. Cela nous libère plus de temps pour entourer les deux plus jeunes. La seule limite est qu’on ne peut pas aller voir tous les matches.
Chaque week-end, il y en a trois minimum ainsi qu’un tournoi de temps en temps avec Ainhoa.
Comme on fait tout à l’envers chez nous, c’est mon mari qui a arrêté de travailler durant dix ans pour s’occuper des enfants,
rigole Sandrine.
Moi j’ai juste pris une pause d’une année avant de reprendre un poste comme employée de commerce à Nomad.
Javi a quant à lui repris en octobre chez Etel SA.
Vers un destin à l’américaine ?
D’où vient cette attirance pour le hockey sur glace au fait ?
On est venu faire du hockey libre en famille un jour et j’ai aimé ça. Alors je me suis inscrite à un entraînement et mon plaisir s’est confirmé.
Voilà comment l’aînée Eva a mis le pied à l’étrier. Il faut dire qu’elle a eu tout loisir d’essayer plusieurs disciplines puisque les Bargo font au moins deux sorties sportives chaque semaine. Piscine, grimpe, patin, bob et j’en passe. Après avoir combiné foot et hockey, comme Sofia, Eva a choisi de garder la canne au détriment des crampons. Bien lui en a pris ! L’ado est l’un des meilleurs espoirs des sélections nationales féminines juniors et elle aurait même eu une chance de participer actuellement au mondial des moins de 18 ans si la pandémie n’avait pas eu raison de l’événement.
C’est une petite déception mais je garde en tête mes futurs objectifs, à savoir devenir professionnelle en Amérique du Nord ou en Suède par exemple.
Deux pays où les hockeyeuses bénéficient de statut quasi similaire à celui des hommes.
Du hockey à domicile pour contrer le Covid !
Avant de faire le grand saut, Eva devra probablement se faire un peu d’expérience en LNA féminine suisse puisqu’elle ne pourra plus évoluer dans les équipes juniors garçons à ses 18 ans. C’est la règle. Sofia, elle, ne se voit pas aller aussi loin dans le hockey.
J’ai commencé en même temps que ma sœur Eva et ça me plaît bien. Je joue en défense comme elle mais pour le moment je ne me projette pas aussi loin. On verra bien.
La petite Ainhoa a suivi le mouvement :
J’aime patiner et retrouver mes copines aux entraînements. Je vais avancer par étapes.
Des mots sages puisque nombreuses sont les filles à arrêter le hockey lorsqu’elles grandissent.
Il ne reste que les mordues à la fin,
ajoutent les parents. Et souvent les meilleures aussi ! Dans leur marche en avant, les enfants Bargo bénéficient de deux « guides » de taille. Sandrine a longtemps fait du tennis et de l’athlétisme. D’origine espagnole, Javi est arrivé en Suisse à 4 ans et a joué au hockey de 14 à 38 ans, notamment en 1re ligue avec Fleurier. Et quand le Covid interrompt les sports d’équipe comme ce fut le cas l’année passée, la famille installe quelques spots devant chez elle en plein mois de décembre, elle sort les cages et ils croisent les crosses tous ensemble. C’est ça l’esprit Bargo !
Kevin Vaucher