Cercle scolaire du Val-de-Travers
Une matinée en classe avec un tandem win3
Depuis la rentrée d’août dernier, le projet win3 se déroule dans quatre classes du Cercle scolaire du Val-de-Travers. La démarche proposée par Pro Senectute Arc jurassien vise à faire participer hebdomadairement un aîné bénévole à la vie d’une classe, en binôme avec l’instituteur. Le Courrier du Val-de-Travers hebdo a pu assister à une matinée d’enseignement.
En mai dernier, Pro Senectute Arc jurassien (AJ) et le Cercle scolaire du Val-de-Travers annonçaient lancer, au Vallon, le projet win3 qui met sur pied des binômes entre un retraité bénévole et un enseignant, pour une matinée par semaine dans sa classe, avec pour objectif l’échange et la relation entre les générations. Pour la dernière rentrée scolaire, quatre tandems ont pu être créés, à Travers, Saint-Sulpice, Môtiers et Couvet. Nous avons pu nous glisser dans cette dernière classe de 3e Harmos et assister à la collaboration entre Véronique Simon, institutrice, et Mary-Claude Robert, coiffeuse retraitée, durant une matinée. Pour cette dernière, win3 est son rituel hebdomadaire et elle reconnaît qu’elle en ressentait le besoin à la retraite.
L’habitante des Ponts-de-Martel arrive quelques minutes avant la sonnerie pour accueillir les élèves et au vu des marques d’affection qu’ils lui témoignent, elle est parfaitement intégrée à la classe. « Dès le début, le contact entre eux et Mary-Claude s’est super bien déroulé. Désormais, ils se réjouissent des mercredis matin », relève Véronique Simon qui a aussi eu tout de suite « un bon feeling » avec la bénévole. « C’est une chance d’avoir une personne supplémentaire et un regard extérieur pertinent. Une belle collaboration », poursuit l’institutrice, immédiatement intéressée au projet et qui avoue que la bénévole « voit parfois des choses » qu’elle ne remarque pas. Le duo a défini, lui-même, son modus vivendi et a rapidement « pris ses marques ».
Encourager, accompagner, guider
La présence de Mary-Claude Robert offre la possibilité de développer d’autres fonctionnements et types d’exercices, selon Véronique Simon. Surtout, la bénévole est accessible pour tous les élèves, celui qui n’a pas tout à fait compris un exercice, celle qui a besoin d’être guidée pour relire une phrase. « Ou simplement pour parler et échanger », ajoute l’institutrice. En passant entre les tables, Mary-Claude Robert est présente pour chacun, encourage, soutient, et rappelle aussi à certains qu’il faut finir un exercice. « Il faut accepter d’être un peu bousculée », sourit la retraitée, sollicitée par plusieurs enfants simultanément.
Pendant que Véronique Simon corrige le travail des élèves, la bénévole accompagne quelques élèves individuellement dans la lecture d’un livre. « Là, il faut faire la liaison » dit-elle. « Essaye de le lire encore une fois et on vérifiera ensuite », conseille-t-elle à un autre. Actuellement, les élèves commencent à apprendre à lire et écrire et le soutien supplémentaire de Mary-Claude Robert apparaît important, d’autant plus que la bénévole connaît désormais chaque élève, ses forces et ses faiblesses.
« Elle vient d’Ukraine et fait des progrès fous en français », note-t-elle, avec une pointe d’émotion et de fierté, en désignant une élève. Au sujet d’un autre venant d’arriver dans la classe, elle est attentive à le mettre en confiance.
« Une stimulation »
Les activités par petits groupes sont également un des avantages qu’offre cette collaboration en binôme, comme ce matin-là, pour un exercice de lecture. Là encore, Mary-Claude Robert accompagne chacun des quatre élèves de son groupe, précise les consignes, corrige les éventuelles erreurs et parfois explique certains mots étonnants. « C’est quoi Zorro ? C’est un héros à la télévision avant. C’était un genre de Spiderman », résume-t-elle, avant d’estimer en souriant que les supports de cours « datent » un peu. Le lien, la transmission, entre les générations est parfois aussi culturel.
Après plusieurs mois de bénévolat win3, Mary-Claude Robert, qui n’avait aucune expérience de l’enseignement, et Véronique Simon ont l’envie de poursuivre leur collaboration. « J’ai aussi le projet de faire ensemble l’école à la forêt », indique l’institutrice. La bénévole relève que les enfants sont spontanément ouverts à l’échange et est convaincue de sa richesse. « C’est une stimulation », estime-t-elle, en ne pouvant qu’inviter d’autres aînés à participer à ce projet. Son unique conseil, être ouvert et avoir l’envie de côtoyer la jeunesse.
Gabriel Risold
Contact : Vanessa Battista, responsable de la coordination du bénévolat, téléphone : +41 32 886 83 58, email : vanessa.battista@ne.ch, site : www.arcjurassien.prosenectute.ch/win3
Nouveaux bénévoles recherchés
« Les quatre tandems de cette année fonctionnent extrêmement bien. C’est une vraie réussite », constate Sophie Fatton, en ajoutant que win3 a su répondre parfaitement aux besoins des bénévoles et des enseignants. La directrice du cycle 1 de l’École Jean-Jacques Rousseau (EJJR) remarque que chaque binôme a adopté un modus vivendi différent, avec un rythme et un équilibre propre. Pour l’année scolaire à venir, l’EJJR souhaite développer le projet avec Pro Senectute AJ en son sein, et Sophie Fatton espère que plusieurs nouveaux bénévoles s’annonceront auprès de l’association, sans toutefois fixer un objectif chiffré. « Il y a toujours autant d’enseignants motivés, surtout avec ces retours positifs », relève-t-elle en soulignant la plus-value, certes pédagogique, mais surtout sociétale d’un projet qui réunit les générations d’une région.