Centrale photovoltaïque amovible
Où en est le projet ferroviaire de Buttes ?
La dernière fois que nous vous parlions de ce sujet, c’était en août 2023 déjà ! La société vaudoise Sun-Ways tente d’installer 100 mètres de panneaux photovoltaïques entre les rails sur le tronçon Fleurier-Buttes. Ce projet pilote pourrait être une première mondiale. Mais Sun-Ways attend le feu vert de l’Office fédéral des transports (OFT) depuis des mois et d’autres pays lui font maintenant les yeux doux. Le canton de Neuchâtel et le Val-de-Travers se feront-ils devancer par l’Espagne, la Corée du Sud, la France, la Roumanie, l’Albanie ou d’autres ?
Non, nous ne sommes pas en train de vous présenter la liste des prochains pays participant à l’Eurovision (sinon il y aurait un sacré couac au vu de la présence de la Corée). Mais il est vrai que la liste de ceux qui courtisent la société vaudoise Sun-Ways a pris de l’ampleur ces derniers mois. Il faut dire que son projet a de l’avenir. Il consiste à utiliser de l’espace « condamné » et non visible pour y placer des panneaux photovoltaïques. Cet espace se trouve entre les rails traçant une voie ferroviaire. Pas bête ! Mais encore fallait-il y penser.
300 mètres de panneaux par heure
La particularité du projet de Sun-Ways est de constituer des centrales solaires amovibles grâce à l’utilisation d’une machine capable de poser 300 mètres de panneaux à l’heure. « Nous venons de terminer notre ‹ proof of concept › et notre prototype arrive à installer plus de 1000 mètres carrés de panneaux en l’espace de quatre heures, soit l’équivalent d’une nuit de maintenance ferroviaire (autrement dit sans train qui circule). C’est énorme ! Il faudrait environ 6 mois pour en poser autant sur un toit », relate Joseph Scuderi. Le fondateur de Sun-Ways peut également fournir de nouvelles garanties techniques. « En septembre dernier, nous avons soumis nos panneaux solaires à un grand nombre de tests pour évaluer leur capacité de résistance aux intempéries et aux passages répétés de trains. »
Résistance approuvée pour des vents de 240 km/h
Les résultats obtenus vont au-delà des espérances. Les trains peuvent circuler jusqu’à 150 km/h sans les endommager et les vents peuvent souffler jusqu’à 240 km/h. « En sachant que les trains ne circulent pas à plus de 70 km/h entre Fleurier et Buttes et que les vents de la tempête qui a touché La Chaux-de-Fonds ont atteint 200 km/h, on est plutôt bien. Nous nous sommes donc imposé des marges de sécurité supplémentaires, notamment pour rassurer l’OFT. »
À la suite de ces tests, un rapport de 200 pages a été envoyé à l’Office fédéral des transports en octobre. Il doit maintenant évaluer si la nature de l’installation est suffisamment sécuritaire pour avoir sa place entre les rails en Suisse.
Le Val-de-Travers reste une option
Sun-Ways espère recevoir un retour favorable d’ici à la fin du mois de mars. « Alors nous attendons. Mais nous n’attendons pas les bras croisés. Nous sommes en contact avec plusieurs autres pays et nous avons déjà signé des protocoles d’accord avec certains. Je ne dis pas cela pour mettre une quelconque pression sur l’OFT car je sais que cela n’a aucune influence. Le caractère financier n’est pas un critère de sélection pour lui. » Joseph Scuderi persiste à dire qu’il souhaiterait réaliser cette première mondiale au Val-de-Travers. Même l’arrêt de la circulation des trains, prévu entre juillet 2024 et avril 2025, ne le refroidit pas. « Si nous pouvons installer nos panneaux solaires, ce sera déjà une bonne étape franchie. » La Suisse sera-t-elle fidèle à sa réputation d’être toujours à l’heure au rendez-vous ? Le temps presse…
Kevin Vaucher