Sur les traces des trésors cachés du Val−de−Travers
Type de mission : remonter la piste de l’ASB
Renseignements sur l’objectif : intervention de l’armée suisse lors de sa mise en place
Localisation de l’objectif et date : Les Bayards – 30 ans après sa construction
Observations du terrain : lieu fréquenté aussi bien par des enfants de 4 ans que des aînés de 80 ans. À qui se fier en priorité? Utiliser le détecteur de «bonne mémoire» si besoin.
L’ASB, c’est sous cette appellation que le groupe d’une septantaine de membres se présente à la population. Que cache ce sigle à la sonorité un peu mystérieuse ? Des services secrets, un groupe paramilitaire ou une bande de « guérilleros » prêts à prendre les armes pour renverser le Conseil d’État neuchâtelois ? L’ASB coïncide curieusement avec la construction de la salle de gym du village des Bayards, y aurait-il un lien ?
Pas de salle de sport ? La solution se trouve à l’autre bout de la Suisse !
L’ASB est née avec la construction de la halle sportive des Bayards. L’ASB n’est pas l’équivalent bayardin du KGB ou de la CIA mais simplement l’association sportive des Bayards. Cette association regroupe une septantaine de membres de 4 à 80 ans. Son premier président a été Roland Mercier. Il a fait une année en poste. Puis, Sami Keller en a tenu les rênes entre 1994 et 2018. Depuis qu’il s’est retiré, c’est Suzanne Gfeller qui mène la danse. « Il faut d’emblée souligner l’immense travail effectué par Sami Keller et par quelques autres dont l’ancien conseiller communal des Bayards Jean-Michel Nicaty. » Leur moteur était simple, ils désiraient renforcer les liens entre les différentes générations du village à travers la pratique sportive. Mais pour mettre en marche ce moteur, il a bien fallu trouver un lieu pour faire du sport tous ensemble aux Bayards. Le hic ? Eh bien, il n’y en avait pas ! La solution se trouvait à 261 kilomètres du village, à Sitterdorf. Oui, moi non plus je ne connaissais pas. Il s’agit d’une commune de 2500 habitants à l’autre bout de la Suisse, en Thurgovie. Improbable, non ? Attendez, car le plus surprenant arrive…
Le touriste et la petite annonce qui déclenche toute l’opération
Que pouvait-on trouver de si intéressant à Sitterdorf ? Et surtout, comment a-t-on su que quelque chose de si intéressant s’y trouvait pour Les Bayards ? Le point de départ de toute cette histoire autour de l’ASB reposait dans les mains d’un touriste ! Un vacancier des Places est tombé par hasard sur une petite annonce parue dans le journal de Bienne. « Elle faisait référence à une halle de sport à démonter sur place à Sitterdorf. Le touriste a apporté la petite annonce à l’administration communale et une extraordinaire aventure a alors commencé. » Une partie des habitants a constitué une équipe pour aller démonter cette halle en Thurgovie pour l’acheminer en direction des Bayards. « Bien organisés, les volontaires avaient tout démonté en une semaine à peine. C’était un gros travail car il fallait démonter la structure tout en pensant déjà à la façon de la remonter. Toutes les pièces ont donc été numérotées une par une pour simplifier les manœuvres de reconstruction », déballe Suzanne Gfeller. En fin de compte, la commune de Sitterdorf a été tellement impressionnée par l’engouement bayardin autour de cette halle qu’elle l’a cédée gratuitement (au lieu des 10’000 francs initialement prévus).
L’armée suisse débarque par camions entiers aux Bayards
Une fois démontée, il fallait encore trouver une solution pour transporter la halle jusqu’aux Bayards. Et c’est la mobilisation de l’armée suisse qui a débloqué la situation. Nous étions en 1991 et l’armée proposait des « services spéciaux », à la population, dans le cadre des 700 ans de la Confédération. Le village a fait une demande d’aide qui a été acceptée. Une vingtaine de camions de l’armée ont donc pénétré dans le petit village vallonnier quelques jours plus tard. « Quelques travaux de fondation avaient été réalisés en amont sur le terrain derrière le collège. Il a fallu un peu de temps pour reconstituer le puzzle mais les volontaires bayardins y sont parvenus grâce à leur solidarité et leur débrouillardise. » L’inauguration de la salle de sport, le 5 juin 1993, donnait naissance à l’association sportive des Bayards (les statuts de la société ont été signés le 23 juin 1993 précisément). L’histoire est belle ! « Le bâtiment appartient à la Commune mais nous sommes liés par une convention. » La lumière a été faite sur la mystérieuse ASB. Mission réussie ! Je rentre au Courrier. Cet article s’autodétruira dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années. Tout dépend dans quelles mains il tombera.
La question à ne pas poser : Comment l’ASB se finance-t-elle depuis 30 ans ?
Par les frites ! « Oui, oui, par les frites et par les cotisations bien sûr », répond la présidente de l’association sportive des Bayards (ASB) Suzanne Gfeller. « Ce ne sont pas les frites en elles-mêmes qui font notre budget de 3000 à 4000 francs par année. Mais leur vente lors des festivités du 1er août nous rapporte juste ce qu’il faut pour faire tourner l’ASB durant douze mois. Concrètement, c’est surtout grâce au bénévolat de nos membres que nous pouvons vivre de cette façon. » Sans ça, les carottes seraient probablement cuites. Et les frites avec…
Une structure en kit qui traverse les décennies
La halle de sport de l’association sportive des Bayards (ASB) a été construite à proximité du collège, ce qui a facilité les synergies avec les enfants du village. « Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule classe qui fréquente encore de temps en temps le collège donc c’est plus compliqué de toucher les jeunes par ce biais-là », explique la présidente de l’ASB Suzanne Gfeller. « Nous sommes plutôt une amicale qu’un club qui vise les compétitions. Ceux qui souhaitent se diriger vers des concours rejoignent les différentes sociétés de gym du Val-de-Travers. » La halle de sport, quant à elle, tient toujours en place sur ses fondations. Comme quoi, une structure en kit peut parfaitement tenir la route et les années. « Nous avons juste refait le chauffage pour gagner en efficience énergétique et nous sommes raccordés au chauffage à distance désormais. Sinon, le toit a été percé par la grêle de 2021 et le sol avait été endommagé. Le toit et le parquet ont donc été refaits à neuf par la force des choses. » Ou par la force de la nature ! En parlant de nature, un pommier vient d’être planté à quelques mètres de la halle de sport pour célébrer les 30 ans de l’ASB. « Nous espérons le voir prospérer et donner naissance à de nombreuses jeunes pousses. Un peu comme pour notre association sportive… »
Suzanne Gfeller est présidente de l’ASB depuis 2018. Elle pose ici dans la halle de sport de l’association, toujours bien ancrée sur ses fondations.
Voilà à quoi ressemble le bâtiment au centre de toute cette histoire, avec son nouveau toit.
Le remontage de la halle a pris du temps et a nécessité de grands moyens