BCN Tour
Non, ce n’est pas juste une course!
« Ce n’est qu’une course ! » Cette phrase bateau, on l’entend dans de nombreuses bouches à la fin d’une compétition qui propose une ligne de départ et une ligne d’arrivée. Personnellement, je considère qu’elle tombe complètement à l’eau car elle néglige tous les efforts et l’investissement que certains sportifs mettent pour être sur la ligne, prêts à se confronter aux autres et surtout à eux-mêmes. Ce qui est vrai avec une course d’un jour l’est encore plus sur un format comme le BCN Tour où il faut enchaîner six étapes en six semaines. Il peut se passer des choses en six semaines, autant sportivement que personnellement. L’homme et le sportif ne font plus qu’un. Les événements personnels qui touchent l’homme se répercutent inévitablement sur le sportif et inversement. Cette année plus de 6600 personnes se sont lancées dans l’aventure. Alors, c’était juste une course ?
Il convient de commencer par dire que cette compétition est une formidable expérience collective. En plus d’une saine compétition, une solidarité s’installe entre les coureurs au fil des semaines. Ce fut un plaisir de constater que cette solidarité était particulièrement criante entre les représentants du Val-de-Travers. Il me vient à l’esprit ces quelques souvenirs de course : des conseils échangés avant le départ, des tapes dans le dos lorsqu’on s’aperçoit qu’un Vallonnier est en difficulté, des parties d’étapes courues ensemble pour se protéger mutuellement du vent et tellement d’autres « petits » gestes qui finissent par faire une grosse différence dans l’état d’esprit de chacun. Mais ce n’est qu’une course paraît-il !
Le Courrier aux « six coins du canton »
En ayant choisi de courir sous un maillot floqué des couleurs et du logo du Courrier du Val-de-Travers hebdo, je savais que je représentais un peu plus que moi-même sur les routes neuchâteloises. À en croire le nombre d’encouragements entendus dans les « six coins » du canton, le Courrier a bonne presse et j’en profite pour remercier tous ceux qui ont eu un mot pour moi sur le parcours. Il se pourrait bien que vous aperceviez davantage de t-shirts « made in Courrier » l’année prochaine (petit message pour les collègues en passant). Mais j’en reviens aux six semaines qui se sont terminées le 24 mai avec l’étape de Neuchâtel. Six semaines durant lesquelles le coureur continue de vivre et de travailler, en plus de s’entraîner. Tout ceci agrémenté des bonnes et des mauvaises nouvelles de sa vie quotidienne. Six semaines durant lesquelles l’homme et le sportif ne doivent faire qu’un pour ne jamais arrêter d’avancer ! Mais relax, ce n’est qu’une course après tout !
Colombier : touché mais loin d’être coulé !
Le BCN Tour est aussi une affaire personnelle. Chaque coureur a ses propres raisons d’y participer, lui seul sait pourquoi il le fait. Rien ne sert de se comparer aux autres, il faut tracer sa route malgré les obstacles. L’obstacle peut être sportif, comme une chute lors de l’étape initiale à Marin par exemple. Mais peu importe, car on sait que la semaine suivante, on repartira sur un autre tracé, toujours à une trentaine de minutes de la maison et toujours sur une distance d’environ 10 kilomètres. C’est ça qui fait la force du BCN Tour et qui rend la course accessible à tous. C’est aussi ça qui fait son immense popularité. Seul le dénivelé varie un peu plus d’une semaine sur l’autre. D’ailleurs, ouf, je passe finalement sans trop de mal la toujours « bien vallonnée » étape des Ponts-de-Martel, le 26 avril dernier. Puis arrivent deux étapes moins raides, plus appropriées pour un « pistard-marathonien » comme moi. Mais cette fois, c’est un événement d’ordre personnel qui surgit sur ma route et qui fait office d’« obstacle » du côté de Colombier. Le sportif explose alors en cours d’étape. C’est le mental qui porte les jambes jusqu’à l’arrivée car elles refusent de se battre comme elles le devraient. Mais pas de stress, ce n’est qu’une course, non ?
Le sportif tombe, l’homme se relève !
« Tombé » en sportif, je me relève en claquant une réponse d’homme de l’autre côté du canton, sur les terres de Dombresson. Enfin ! La première étape 100% aboutie pour moi dans ce BCN Tour. Le mercredi suivant, c’est dans la bise noire glaciale et les 6 degrés du Locle que le tour se poursuit ! On aura pratiquement eu un aperçu des quatre saisons durant ces six semaines. Tout ceci pour en terminer avec la « classique de mai » et le grand final à Neuchâtel. Une étape que j’aborde sans pression où je décide d’attaquer à plusieurs reprises dès les premiers mètres de pente. Toujours nombreux, les spectateurs donnent un semblant de tour de France au BCN Tour et à son peloton qui vit grâce à sa diversité. Je peux citer la Team Fuentes. Cette géniale bande de potes dont l’humour décalé et bienveillant cartonne sur les réseaux sociaux. Il y a également les équipes comme celles de la Jeunesse du Haut-Vallon, Vaucher Manufacture, Look at My Buttes ou encore les nombreux maillots jaune fluo des 13 équipes d’Intensity Workout. Il y a aussi Loris de Canal Alpha, jamais sans sa go-pro dans les mains. Oui, le BCN Tour est une course. Mais c’est un petit peu plus que ça aussi, peu importe après quoi vous courrez…
Kevin Vaucher